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Écologie

La vague d’abandons de l’été 2022 et la maltraitance non réprimée

La justice ne fait rien contre la maltraitance, de par sa base sociale.

La justice ne fait rien contre la maltraitance, de par sa base sociale.

L’été n’est pas fini mais bientôt arrive l’heure du sinistre bilan des abandons, de la vague terrifiante d’abandons, particulièrement intense. Il faudra bien enquêter, car s’activant au jour le jour, les gens des refuges, plein d’abnégations, n’auront pas forcément le temps, ni le recul, ni le courage de se replonger dans cette horreur.

L’écho estival de la vague a en tout cas été déjà marquant, au jour le jour. Si l’on prend de nouveau les nouvelles des journaux locaux concernant les refuges dans les dernières 24 heures, la vague d’abandon de l’été 2022 est confirmée dans son ampleur. Le refuge de Buigny-Saint-Maclou appelle à l’aide nous raconte Le Journal d’Abbeville. Record d’abandons d’animaux cet été, le refuge SPA de Bayonne saturé nous explique France 3 Nouvelle Aquitaine ; le refuge SPA d’Essuiles est saturé suite à une vague record d’abandons nous dit le Courrier Picard. Abandons à la SPA de Lorient : « En juillet, nous avons été débordés » établit Le Télégramme, se faisant également écho de la multiplication des cas de maltraitance.

Et pour comprendre cet aspect justement, on peut se tourner vers L’info-journal de la Fondation Brigitte Bardot du second trimestre 2022, où l’on trouve des exemples significatifs et nullement uniques en leur genre. Près de Béthune, un locataire parti du jour au lendemain de son logement accroche au préalable son chien à un robinet de la salle de bains. Le chien est retrouvé mort trois semaines après, la personne écope… d’un mois de prison… avec sursis ! Et de 800 euros d’amendes… seulement ! Et d’une interdiction de détenir un animal domestique… pendant trois ans seulement !

Quand on se lit cela, on se dit qu’il faut mettre tout le monde en prison pour longtemps, le « condamné » comme le juge.

Mais c’est typique. Dans la Haute-Vienne, une personne tabasse un chat et commence à le noyer, son propriétaire le sauvant in extremis. Le chat a perdu des dents et un oeil, une patte a été trouée et est devenu sourd. Le juge a considéré que ce n’était pas de la cruauté mais des mauvais traitements, et le type a été condamné à… une amende de 150 euros, et en plus aux frais vétérinaires et à 301 euros pour la Fondation Bardot.

En prison le criminel, et le juge avec !

Près de Roquebrune-sur-Argens, le propriétaire de trois chiens les maintenait enfermé 24 heures sur 24 dans un chenil sans eau ni nourriture. On retrouve les chiens divaguant sur la voie publique. Le propriétaire ne se présente pas au procès, les chiens sont confisqués, l’amende est de… 100 euros. Avec 600 euros à la Fondation Bardot qui s’était portée partie civile.

A Aubervilliers, un maître-chien frappe violemment son chien puis l’égorge dans les parties communes de l’immeuble, maltraitant un autre chien enfermé sur le balcon. Il écope de 18 mois de prison… avec sursis. Il ne peut plus être maître-chien ni détenir un animal, devant payer 400 euros à la Fondation Bardot.

A Elancourt, un chien est enfermé dans une pièce, vivant dans ses excréments et faisant le 1/5 de son poids normal. Le propriétaire est condamné à quatre mois de prison… avec sursis, la Fondation Bardot recevant 800 euros.

Tout cet arrière-plan est très important pour comprendre la vague d’abandons. La maltraitance reste largement invisible en France, et de toutes manières impunie. Dans un tel contexte, les abandons relèvent une démarche qui est le prolongement cohérent d’une situation ignoble à la base. Toute la situation est substantiellement mauvaise – les abandons sont une expression traumatisante, une superstructure d’un cauchemar s’amplifiant avec l’effondrement du capitalisme, produisant la décadence à tous les niveaux.