Il représente la fin de l’URSS.
Aujourd’hui, l’URSS ne signifie strictement rien pour les jeunes Français. C’est que l’URSS s’est effondrée d’un coup, et la presse occidentale en attribue le mérite à Mikhaïl Gorbatchev, qui vient de décéder le 30 août 2022.
C’est que Mikhaïl Gorbatchev a accompagné effectivement le démantèlement du système soviétique, qui était en faillite totale en raison du poids massif du complexe militaro-industriel. L’URSS visait la suprématie mondiale et maintenait sous son joug de nombreux pays, principalement à l’Est de l’Europe. A un moment il fallait aller à la guerre totale et mondiale, ou s’effacer.
C’est là où intervient Mikhaïl Gorbatchev. Il est arrivé à la tête de l’URSS en 1985, à 54 ans, soit un âge très jeune si on pense à ses prédécesseurs Konstantin Tchernenko et Iouri Andropov, qui ne restèrent qu’un an à la tête du pays, en raison de leur décès dû à leur âge avancé. Il prôna la Glasnost, c’est-à-dire la transparence, et la Perestroïka, c’est-à-dire la restructuration.
Autrement dit, il comptait réformer l’économie soviétique, qui était à la fois un capitalisme militarisé bureaucratique et un chaos concurrentiel de regroupements corrompus, voire mafieux. Il n’y est pas arrivé et il a décidé d’accompagner en douceur l’effacement du régime.
Les nostalgiques de l’URSS ne lui ont jamais pardonné, pas plus que les Russes d’ailleurs. Si après la dissolution de l’URSS en 1991 il est dans toute la presse occidentale, dans des conférences et des publicités, après avoir obtenu le prix Nobel de la paix en 1990, en Russie plus personne ne veut entendre parler de lui. Lorsqu’il se présente à la présidentielle russe de 1996, il obtient 0,5% des voix.
C’est que les années de gouvernance du président russe Boris Eltsine, de 1991 à 1999, furent effroyables, avec une pauvreté systématique jusqu’à la misère, une corruption accompagnée de guerres mafieuses ouvertes ; la Russie manqua de s’effondrer. Si Vladimir Poutine est populaire aujourd’hui en Russie, c’est en raison précisément du dépassement de cette situation, du « retour » de la Russie, dont l’opération militaire en Ukraine est par ailleurs un prolongement.
C’est que Mikhaïl Gorbatchev pensait que l’URSS se maintiendrait sous une forme ou une autre, sauf que ce ne fut pas le cas. L’implosion de l’URSS le dépassa ainsi totalement, Boris Eltsine représenta une oligarchie prenant les commandes de la Russie qui le mit hors-jeu. Mikhaïl Gorbatchev apparaissait alors comme celui qui fut, en quelque sorte, un simple pion occidental au service du sabotage interne de l’URSS.
En réalité, Mikhaïl Gorbatchev est le fruit d’une société soviétique pourrie et lui-même n’a été qu’un bureaucrate carriériste essayant de gérer les choses de la meilleure manière possible, de son propre point de vue. Ce n’est pas Mikhaïl Gorbatchev qui a donné naissance à l’effondrement de l’URSS, mais l’effondrement de l’URSS qui a donné naissance à Mikhaïl Gorbatchev. Il était aussi vide de contenu que le Parti Communiste d’Union Soviétique qu’il dirigeait. Et c’était lui ou un militaire fou lançant la guerre mondiale pour la suprématie mondiale.
A l’annonce de son décès, Vladimir Poutine a tout de même salué la mort de celui qui a joué un grand rôle historiquement, ce qu’il avait déjà formulé il y a quelques années. Bien entendu, Vladimir Poutine n’a pas souligne le caractère positif ou négatif de ce rôle. Mais Mikhaïl Gorbatchev aura marqué les esprits justement, car il s’est retrouvé le grand accompagnateur d’un événement historique majeur, la fin de l’URSS. Ce que Vladimir Poutine a défini comme « la plus grande catastrophe géopolitique du 20e siècle ».