On est dans l’escalade, avec la Mer Egée comme thème central.
Le premier ministre grec Kyriakos Mitsotakis était à Paris le 12 septembre 2022, dans le cadre d’une visite au président français Emmanuel Macron. Il a averti la Turquie de la manière suivante :
« Nous sommes prêts à affronter tous ceux qui nous menacent de débarquer dans nos îles, sur notre territoire. »
Emmanuel Macron a quant à lui affirmé que :
« Nous ne laisserons s’installer aucun désordre, en particulier en Méditerranée orientale. »
Voici la déclaration commune qu’ils ont faite à l’occasion de cette visite.
« Le Président de la République Emmanuel Macron s’est entretenu avec le Premier ministre de la République hellénique, Kyriákos Mitsotákis, lors d’un dîner de travail, au Palais de l’Elysée.
Ils ont échangé sur les réponses que l’Union européenne apporte, de manière unie et solidaire, à la guerre en Ukraine et aux défis qui en découlent, notamment en matière de sécurité alimentaire. Sur l’énergie, leur échange portait sur les actions nationales et européennes pour préserver la sécurité d’approvisionnement en Europe et agir sur les prix de l’énergie.
Ils ont aussi échangé sur les profonds liens bilatéraux qui unissent la France et la Grèce, et notamment le partenariat stratégique acté en septembre 2021. »
Le même jour, dans le cadre d’une conférence sur la guerre gréco-turque d’il y a cent ans, le ministre turc des affaires étrangères Mevlut Cavusoglu a expliqué que :
« Si vous allez à l’aventure pour le compte d’autres, vous vous plierez aux conséquences. Ceci est avertissement (…)
Notre peuple garde aujourd’hui la même foi et le même état d’esprit [qu’il y a cent ans]. Pour cela, chacun doit revenir à la raison. Je le dis tout spécialement à la Grèce.
Ne soyez pas les marionnettes des autres, ne continuez pas les provocations car l’amitié de la Turquie est éternelle, mais son hostilité est extrêmement sérieuse. »
On est ici dans une escalade qui est à portée diplomatique vue de France, mais qui chauffe à blanc les opinions publiques grecques et turques. L’idée d’une guerre est présentée à la fois comme plausible et inévitable, tous les torts étant attribués au concurrent. On est là dans une orchestration, qui n’a même pas besoin d’être consciente : les rivalités prennent le dessus et la guerre s’impose même si les protagonistes s’imaginent qu’ils peuvent la contourner ou l’éviter.
Le 11 septembre 2022, le premier ministre grec Kyriakos Mitsotakis disait d’ailleurs lors d’une conférence de presse qu’il ne croyait pas à un conflit, en raison des capacités militaires grecques :
« Je ne crois pas que cela arrivera un jour. Et si, à Dieu ne plaise, cela se produisait, la Turquie recevrait une réponse absolument dévastatrice. Et je pense qu’ils le savent très bien. La Turquie connaît la compétence des forces (armées) grecques. »
Le même jour, les garde-côtes grecs grecs ont tiré des coups de semonce contre le navire commercial « Anatolian », battant pavillon comorien, considéré comme suspect et dont le capitaine refusait une inspection à bord. C’est un exemple de comment la Mer Egée devient une poudrière.
On est ici dans engrenage caractéristique, le même que juste avant 1914, avec une bataille pour le repartage du monde qui s’impose à tous les niveaux, primant sur tous les aspects. Chaque pays prend une forme sociale pour aller à la collision.