Il ne fallait pas jouer avec le feu.
Emmanuel Macron s’est montré très inquiet et paniqué à propos de la guerre en Ukraine lors d’un long entretien à la télévision, sur France 2, mercredi 12 octobre 2022. C’est quelque-chose de nouveau, qui montre que la guerre est à un tournant décisif et que les choses sérieuses commencent.
Pendant près de 8 mois, depuis le début de l’invasion du territoire ukrainien, la France s’est alignée de manière acharnée sur la superpuissance américaine contre la Russie, relayant systématiquement les pires propagandes, taisant les pires vérités. Cela dure d’ailleurs depuis 2014 et le coup d’État pro-américain à Kiev. Et cela n’a souffert d’aucune contestation politique, à part de deux secteurs particuliers, qui sont très isolés et minoritaires : la Gauche historique, dont nous nous revendiquons, et les franges nationalistes révolutionnaires françaises pro-Poutine.
Toujours est-il que le président ukrainien Zelensky s’est vu paré de toutes les vertus, et rien n’a été dit sur l’immonde régime nationaliste qu’il dirige. Inversement, la Russie a été présentée comme une puissance barbare dirigée par un fou furieux à liquider par tous les moyens. La France s’est engagée pleinement dans cette guerre, principalement en boycottant économiquement la Russie, en livrant du matériel militaire au régime ukrainien, et en relayant tout un tas de contre-vérités et de manipulations quant à la réalité de l’invasion russe.
Pendant huit mois, la France a donné une image de fermeté, jouant le jeu de l’Otan à fond, mais en vérité cela restait très virtuel. Personne dans le pays n’a considéré sérieusement le fait que la France soit en guerre contre la Russie, pas même le président Emmanuel Macron. L’Ukraine a été agité comme un totem, mais de manière très abstraite, superficielle.
Sauf que la guerre en Ukraine a pris une toute autre tournure depuis cette semaine, et maintenant c’est la panique.
Jusqu’à présent, l’invasion russe, aussi brutale et illégale soit-elle formellement, avait en pratique été menée avec beaucoup de doigté. Mais le régime russe a considéré que les choses ont été trop loin et qu’il est maintenant temps d’assumer la guerre totale. Ainsi que l’affrontement avec l’Otan. La France est sommée de choisir immédiatement son camp.
L’ambassadeur français en Russie a été convoqué publiquement pour cette raison la semaine dernière, et on comprendra facilement après avoir entendu Emmanuel Macron qu’il y a aussi eu en arrière plan une discussion diplomatique informelle entre les deux pays.
C’est logique. Si la France forme des militaires ukrainiens et livre des canons d’artillerie de longue portée, l’Ukraine en demandant encore et encore comme en témoigne l’ignoble vidéo officielle à ce sujet du 12 octobre 2022, et que ceux-ci servent contre la Russie (qui considère maintenant l’Est de l’Ukraine comme relevant de son territoire), de surcroît contre des civils (qui sont maintenant citoyen russes), alors forcément la France devient co-belligérante.
La conséquence de cela est dévastatrice évidemment, puisque cela signifie ni plus ni moins qu’un emballement vers la 3e guerre mondiale. Et c’est ce que semble découvrir le président Emmanuel Macron qui s’est justifié pendant de longues minutes à la télévision pour dire que la France n’est surtout pas en guerre contre la Russie, qu’elle ne veut pas d’escalade… et même qu’il va falloir discuter de paix !
C’est tout à fait ridicule, car la France, comme tous les membres de l’Otan, a largement contribué à ce que le conflit dégénère, comme nous l’avons systématiquement documenté et expliqué ici depuis le début du conflit.
D’ailleurs, la France était censée depuis 2014 faire respecter les accords de Minsk, puis de Minsk 2, devant pacifier et encadrer le conflit entre les populations du Donbass et le régime nationaliste ukrainien. Sauf que rien n’a été fait, bien au contraire. Ces accords ont été piétinés et c’est justement le prétexte à l’intervention russe.
De quelle paix parle donc alors Emmanuel Macron lorsqu’il explique maintenant qu’il va bien falloir se mettre autour de la table entre russes et ukrainiens pour négocier ? C’est absurde, car c’est trop tard, bien trop tard.
Emmanuel Macron ne peut pas à la fois fournir des armes à l’Ukraine qui réclame le retour de la Crimée dans son territoire, et demander à la Russie de discuter alors que celle-ci a totalement intégré la Crimée, et que de toute manière la population de la région est ultra-majoritairement russe et déterminée à rester russe.
C’est exactement pareil pour le Donbass, et probablement tout l’Est de l’Ukraine, où la population dans sa majorité s’est résolue à préférer la Russie à la terreur nationaliste anti-russe du régime ukrainien.
Il n’y a donc pas d’issue. A moins que le régime ukrainien s’effondre, qu’il cède tout l’Est et le Sud de son territoire, jusqu’à Odessa, la Russie ne négociera probablement rien du tout. Ou alors il va falloir que les pays de l’OTAN, dont la France, s’engagent concrètement contre la Russie et provoquent la 3e guerre mondiale.
Le problème d’Emmanuel Macron, c’est qu’il sait très bien que la France n’a pas les moyens d’un conflit militaire de haut intensité avec la Russie, qu’elle est incapable de faire une mobilisation ne serait-ce que partielle, qu’elle se ferait terrasser par la Russie… à moins que la planète entière se fasse terrasser par un échange dramatique de tirs nucléaires.
Voilà le terrible dilemme du président français, vulgaire dirigeant d’une puissance en perte de vitesse, totalement corrompue par le libéralisme, qui n’a plus comme perspective que le militarisme destructeur.