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La déchéance de la culture et comment y remédier

Les efforts prolongés décident de tout.

Les efforts prolongés décident de tout.

Sánchez Cotán, Nature morte au coing, chou, melon et concombre, vers 1602

Quiconque s’intéresse à la présence de la culture, et a fortiori à son avenir, ne peut pas éviter le dilemme suivant : s’agit-il de se placer dans une tour d’ivoire afin de se préserver de l’influence délétère d’une société jusqu’au-boutiste dans son consumérisme, ou bien œuvrer à défendre les derniers acquis culturels qui n’ont pas été entièrement lessivés par la machine à acheter et à vendre ?

Ce sont deux aspects qui, naturellement, se répondent de manière dialectique, tout comme la confiance absolue qu’on doit avoir dans les masses… et le rejet profond qu’on ressent au plus profond de soi pour leur passivité, leur médiocrité. Il est simple de comprendre en effet que, pour qu’il y ait culture, il faut qu’elle soit portée par des gens réels.

Or, la bourgeoisie ne faisant plus vraiment semblant d’assumer la culture et le prolétariat s’en désintéressant, avec une petite-bourgeoisie entre les deux résolument superficielle, le problème est devenu historique. La culture est en crise, il y a une crise de la culture, on peut retourner la chose comme on le veut, de toutes façons le bilan est là : c’est un désastre.

On doit en ce sens parler de déchéance, parce que même les derniers remparts de la culture, tels les musées, trahissent et se plient aux exigences de la marchandisation. Tentant de se préserver, ces dernières forteresses acceptent le discours turbo-capitaliste selon lequel elles ne doivent plus être des temples, plein de gravité et de solennité, mais des lieux de passages apportant un supplément « spirituel » en réalité éphémère et commercial.

La réelle déchéance de la culture, c’est qu’elle est devenue un amuse-gueule, un passe-temps, un surplus, une anecdote. La culture, désormais, c’est ce qui relève de papy mamie, ce n’est pas réel, c’est une sorte de luxe intellectuel de gens relevant du passé et qui vont bientôt disparaître.

Cette catastrophe historique est un signe des temps : tout s’effondre et le capitalisme n’est plus en mesure ne serait-ce que de proposer une apparence de défense du patrimoine. Tout doit être récupéré, d’une manière ou d’une autre, sous une forme ou sous une autre, par l’accumulation de capital.

Aussi, pour remédier à la déchéance de la culture, le premier pas nécessaire est en soi-même de batailler fermement, de réaliser des efforts prolongés, pour maintenir un niveau élevé de culture dans un ou plusieurs domaines, afin de préserver humainement, subjectivement, l’exigence historique de la civilisation.

La déchéance de la culture a besoin, pour être vaincue, d’être affrontée par des gens réels, par des artistes et des intellectuels, dans le cadre d’une affirmation historique du prolétariat. C’est une problématique de niveau historique. A chacun de trouver sa place, à son niveau, à son échelle, dans cet affrontement dont l’enjeu est le passage à une forme plus élevée d’existence humaine – le Socialisme.