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« Révolution permanente » fonde son parti : la situation française (2)

Un second aspect du projet : la situation de la France.

Un second aspect du projet : la situation de la France.

Le groupe « Révolution permanente » annonce la formation d’un nouveau parti fin décembre 2022. Il justifie cela par la nécessité de rassembler la contestation révolutionnaire. Que dit le document sur la France au sujet de la situation présente?

On trouve un panorama de la France qui est, de prime abord, le même que présenté sur agauche.org, et même lire ce que dit « Révolution permanente » prête à sourire. La France serait une puissance déclinante, en perte de vitesse, débordée par l’Allemagne, frappée par la crise.

Sa situation va être celle de l’instabilité, plus rien n’est même de son ressort, elle est dépassée par les événements.

Tout cela est vrai. C’est résumé ainsi :

« Comme le reste de l’Europe, la France est frappée par la crise économique et l’aiguisement des tensions entre puissances dans le cadre de la guerre en Ukraine. Cette situation vient aggraver des éléments de déclin de sa puissance.

C’est le cas notamment de sa position en Europe, qui subit le contrecoup du basculement allemand vers une politique de plus en plus unilatérale. Ce changement de stratégie a été symbolisé par le choix de l’Allemagne d’initier une remilitarisation de son pays.

Non seulement ce renforcement de l’Allemagne sur le terrain politique international vient remettre en cause la position française de leader européen sur le terrain militaire, mais elle affaiblit le couple franco-allemand qui était un point d’appui essentiel pour l’influence française en Europe. »

Très bien, bravo ! Sauf que cette explication est abandonnée au bout de quelques paragraphes. Ce qu’on trouve après pendant des lignes qui n’en finissent pas, cest une dénonciation d’Emmanuel Macron et du « macronisme ».

Tout ça pour ça ?!

C’est assez typique des gens qui nous lisent et que nous influençons, directement ou indirectement. Ils prennent les grandes idées. Seulement, ils n’ont pas le niveau pour les assumer, alors ils agissent en contrebandiers.

On passe ainsi d’un haut niveau de perspective à des propositions d’un niveau faible, associatif, syndicaliste.

Ici, on passe d’une lecture historique-stratégique d’une France en déclin à un catalogue de luttes sociales qui depuis plusieurs années formeraient soit-disant une formidable actualité révolutionnaire, avec toujours les « gilets jaunes » en centre de mire.

C’est totalement incohérent. On passe de la notion de crise comme générale, complète, absolue même si on veut… à un combativité présentée comme « révolutionnaire » alors qu’elle est néo-réformiste.

Autrement dit, si l’on veut caricaturer, le texte commence en disant de manière succincte que c’est la fin du monde et que les carottes sont cuites pour la France, pour ensuite tartiner pendant des pages qu’il faut concurrencer la NUPES, la gauche gouvernementale en général.

C’est typique : au lieu de voir une crise historique, une crise du mode de production capitaliste, le néo-réformisme se tourner vers la crise gouvernementale, ou bien de régime.

Voici ce qui est proposé comme solution par « Révolution permanente » :

Une orientation qui défende un programme offensif pour refuser de payer la crise, mais qui ne se limite pas au terrain économique.

Contre l’offensive autoritaire et le durcissement du régime, utilisé pour attaquer nos droits, il faut exiger d’en finir avec la Vème République et ses dispositifs d’exception et défendre un programme démocratique radical, à commencer par la suppression de l’institution présidentielle, du Sénat et la création d’une chambre unique concentrant les pouvoirs législatifs et exécutifs dont les membres seraient élus pour deux ans et révocables.

Dans une période de crise où les attaques pleuvent contre les personnes minorisées, le mouvement ouvrier doit également reprendre haut et fort les revendications de celles et ceux qui luttent contre les oppressions, en s’alliant avec les mouvements anti-racistes, féministes, LGBT ainsi qu’avec la jeunesse, organisée dans le mouvement étudiant ou le mouvement écologiste.

Ces mouvements, au sein desquels des ailes radicales se détachent, reprenant à leur compte la question de la « grève » appliquée à leurs luttes, ont joué et continueront à jouer un rôle important dans l’opposition au gouvernement. Porter en leur sein une politique pro-ouvrière mais aussi révolutionnaire sera décisif. »

C’est là typique du néo-réformisme : il est parlé de crise d’ampleur, et la solution serait de modifier le régime en s’appuyant sur des contestations sociale. Et tout cela est présenté comme révolutionnaire… Quelle escroquerie, si caractéristique d’une lecture petite-bourgeoise du monde!