L’affrontement sino-américain est en cours.
En 1983, en pleine guerre froide, le groupe ouest-allemand Nena sortait son tube planétaire « 99 Luftballons ». Il était question de 99 ballons de baudruche lancés dans le ciel et pris pour une menace par 99 ministres de la Guerre, déclenchant dans la foulée un véritable carnage.
Quarante ans plus tard, début février 2023, voilà une nouvelle histoire de ballons et de ministres de la Guerre, en pleine nouvelle guerre froide (de plus en plus chaude), cette fois entre les États-Unis et la Chine.
Ainsi, samedi 4 février à 14h39 heure locale, soit dans la nuit de samedi à dimanche en France, l’armée américaine a détruit un ballon stratosphérique chinois qui survolait son territoire à 19 000 mètres d’altitude et qui était considéré comme un outil d’espionnage.
Celui-ci avait traversé tout le continent avant d’être abattu d’un tir de missile AIM-9X Sidewinder par un F-22 Raptor de la base aérienne de Langley (Virginie), au large de Myrtle Beach sur la côte atlantique.
Immédiatement, le ministère chinois des Affaires étrangères a exprimé son « fort mécontentement », protestant contre « l’utilisation de la force par les États-Unis», se réservant même le droit de… « répliquer ». Les mots sont forts et terriblement effrayants, car ils en disent long sur le degré de tension entre les deux superpuissances rivales.
Les Chinois prétendent évidemment à un ballon scientifique à des fin de recherche météorologiques qui aurait inopportunément dévié. Cela ne tient pas la route bien sûr et la provocation est évidente.
Tout comme le fait que les Américains aient attendu aussi longtemps pour en arriver à tel acte de nature de belliqueuse : soit il y avait intervention immédiate en raison d’une menace réelle, sinon la destruction n’a pour but que de mobiliser l’opinion publique contre la Chine (ou de répondre à l’opinion public mobilisé contre la Chine, ce qui revient au même).
D’ailleurs, le secrétaire d’État américain Antony Blinken devait justement se rendre à Pékin, et il a décidé d’annuler, officiellement de « reporter ».
Que ce ballon stratosphérique soit effectivement ou non un appareil d’espionnage militaire ne change ici pas grand-chose. Cela est à la fois probable, car un tel ballon vole plus bas qu’un satellite et permet des prises de vue nombreuses avec différents angles ainsi qu’une très bonne résolution.
En même temps, on peine à imaginer un réel gain en matière de renseignement, d’autant plus que les Américains ont forcément des systèmes de brouillage et de toutes façons cachent déjà leurs installations aux satellites et autres radars.
Toujours est-il que le ballon en question a un parcours rocambolesque, qui en fait quasiment un casus belli. Il pénètre l’espace aérien des îles Aléoutiennes en Alaska le 27 janvier 2023, puis celui du Canada 3 jours plus tard, avant de survoler les États-Unis à la verticale de l’Idaho, au nord-ouest du pays, le 31.
Surtout, il a survolé la base de Malmstrom dans le Montana, qui héberge des silos de missiles balistiques intercontinentaux à ogive nucléaire LG-30G Minuteman III. Il y a depuis cette base de quoi détruire une bonne partie de la planète, au point qu’un ancien commandant de la base avait dit : « Nous sommes les gardiens de l’apocalypse. Ce n’est pas une exagération. »
La presse relate également, d’après des « sources anonymes » venant du Pentagone (le quartier général du département de la Défense américaine), trois autre intrusions du même type, bien que plus courtes, dans les dernières années, dont une très récente.
En outre, il y aurait actuellement d’après le gouvernement américain un autre ballon chinois évoluant au dessus du Costa Rica, pays qui est une semi-colonie américaine. La Colombie aurait également signalé la présence d’un tel aéronef.
On sait de toutes façon que cela existe, les satellites espions américains ayant repéré un site de construction de ballons stratosphériques dans la province du Xinjiang en 2020, alors que de telles « intrusions » ont été rapportées au Japon (2020 et 2021), aux Philippines (2022) et au large de la Thaïlande sur des îles indiennes (en 2022).
L’année dernière également, des F-22 américain avaient décollé d’Hawaii après la détection d’un tel ballon à la verticale du site de missiles balistiques intercontinentaux le Pacific Missile Range Facility (PMRF).
Quelque soit son but, l’opération chinoise aura en tous cas déclenché une crise aux États-Unis, puisque l’administration de Joe Biden est maintenant accusée de ne pas avoir réagi plus tôt, alors que l’événement monopolise l’actualité.
C’est évidemment un tremplin pour la faction américaine voulant un affrontement direct avec la Chine, celle des Républicains, qui reproche aux Démocrates leur mollesse sur la question. Aux États-Unis les Républicains sont actuellement littéralement chauffés à blanc contre la «menace chinoise».
De la même manière, du côté chinois l’événement exacerbe la rivalité contre les États-Unis, sur fond de question taïwanaise et de crainte face à un encerclement américain. L’accès à quatre nouvelles bases aux Philippines vient d’être justement tout nouvellement décroché pour les Marines américain, en cas de conflit à Taïwan.
La guerre froide est en tous cas assumée entièrement maintenant, et elle est en fait déjà très chaude. Le bouillonnement conduit tout droit l’humanité en crise vers une 3e grande guerre mondiale pour le repartage du monde.
Seul le Socialisme peut l’empêcher ou la stopper. Il faudra des efforts gigantesques.