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La Gauche Républicaine et Socialiste est atlantiste

Elle se range dans le camps de la superpuissance américaine.

Elle se range dans le camp de la superpuissance américaine.

Depuis le début de la guerre, la « Gauche Républicaine et Socialiste » (GRS) n’a pas changé de position : « Nous ne pouvons plus reculer. ».

La Gauche républicaine et socialiste est un parti issu d’une scission du Parti socialiste fin 2018. Il s’agit globalement de la gauche du PS de l’époque, regroupée autour d’Emmanuel Maurel et de Marie-Noëlle Lienemann. Le parti s’était rallié en 2019, pour les élections européennes, avec la France Insoumise, et pour les élections de 2022 avait soutenu Fabien Roussel. 

Depuis le début de la guerre, la GRS a pris des positions tout à fait franches, dans le sens d’un soutien quasi-aveugle aux fauteurs de guerre américains. Si au 24 février 2022, il apparaissait comme censé d’apporter un soutien au peuple ukrainien, pour que celui ci puisse défendre son intégrité territoriale, la situation a depuis lors changé entièrement. La Russie a mené une guerre pour se sortir de ses propres contradictions, internes, cette guerre a renforcé le camp occidental et a davantage soumis le régime ukrainien aux puissances occidentales.

La GRS, le 24 février déclarait de la manière suivante sur son site internet dans un document au titre « Contre la logique de guerre, ne pas reculer face à Poutine »:

«  Le Président russe justifie son « opération militaire » par une série de prétextes fallacieux : l’Ukraine serait « aux mains des nazis » et entreprendrait un « génocide » contre les russophones du Donbass…

Il réitère aussi ses arguments géostratégiques : l’élargissement de l’OTAN à l’Ukraine menace la Russie ; les accords de Minsk de 2015, validés par le Conseil de Sécurité pour régler le conflit au Donbass, ont été sabotés.

Mais l’heure n’est plus à la comptabilité des torts des uns et des autres. La responsabilité de la spirale guerrière repose à présent entièrement sur le maître du Kremlin.

Il faut tirer les conséquences de cette politique criminelle du fait accompli en aidant l’Ukraine, en soutenant toutes les sanctions

économiques adaptées à la situation, mais aussi en prenant des mesures de défense pour sécuriser la frontière Est de l’Union

européenne. Il faut aussi obtenir le plus large consensus à l’ONU pour faire respecter le droit international.

Vladimir POUTINE nous oblige à relever le rapport de forces, pour l’instant déséquilibré, qu’il a lui-même créé.

Les Européens et leurs alliés doivent faire comprendre maintenant à la Russie qu’elle ne sortira pas gagnante de cette confrontation. C’est la condition sine qua non pour la faire revenir à la raison, cesser les hostilités, se retirer Ukraine et s’asseoir à la table des négociations. 

Pour que la paix revienne durablement sur le continent, pour que la sécurité de tous soit assurée, nous ne pouvons plus reculer. »

Le passage le plus important est bien sûr la toute fin « nous ne pouvons plus reculer. ». Face à la Russie, présentée comme la seule fautive, il faudrait donc lui faire la guerre. Le 1er Mars 2022, Emmanuel Maurel réagit à propos de la résolution du parlement européen sur la guerre en Ukraine. Bien qu’il déclare dans ce texte des propos condamnant l’OTAN, il appelle directement à la guerre, et dénonce une nouvelle fois Vladimir Poutine comme étant le seul fautif, sans mentionner une seule fois le fait qu’il s’agissait (au début de la guerre), d’une guerre entre puissances pour le repartage du monde et dont la principale victime est le peuple ukrainien. Il déclare à ce sujet:

« À cet égard, et contrairement à la majorité des parlementaires européens, je maintiens que lOTAN nest pas un facteur de sécurité et de stabilité à long terme pour notre continent. Sa vocation défensive a été démentie par les faits plusieurs fois depuis la fin du siècle dernier ; et surtout, l’OTAN assoit notre sujétion aux États-Unis, puissance non européenne et politiquement volatile, comme l’a montré la présidence de Donald Trump. »

En octobre de la même année, la GRS qualifie le sabotage probablement, directement ou indirectement par la CIA, du gazoduc Nord Stream 2, comme étant « complotiste », les États-Unis ne pourraient en être les responsables ; et ce parce que la GRS raisonne en termes géopolitiques. Rien que le titre de l’article démontre clairement les intentions de la GRS « Le fantasme du complot américain pour remplacer le gaz russe en Europe ». Dans l’article la GRS prétend que cela est faux puisque l’Europe s’est tournée vers le Golfe (qui est en partie une colonie américaine).

« Lorsque l’Allemagne, confrontée à l’effondrement de la stratégie énergétique d’Angela Merkel, doit réagir, elle n’a pas couru à Washington, mais vers le golfe. C’est au Qatar que l’Allemagne s’approvisionne aujourd’hui, et compte sur ses deux terminaux flottants provisoires avec des capacités modiques mais nouvelles de gazéification, ouverture prévue début 2023, pour se passer et du gaz russe, et d’un gaz américain qui de toute façon n’existe pas dans les quantités nécessaires… »

Le 3 janvier dernier, la GRS, dans l’article «  “L’historien face à la Guerre en Ukraine” – réflexions d’un étudiant en histoire », déclare: 

« Les mots, car ils ont un sens, on ne peut les tordre. La réalité des choses, tordre le sens des mots revient à faire du Orwell, cela mène au totalitarisme. Les mots comme nazi ou génocide ne peuvent être employés à tout bout champs. Soyons vigilants, sur les fables, la réécriture et l’utilisation des mots erronés de la part de Poutine et/ou des médias russes. ».

Il y aurait donc nécessairement un camp du bien, qui ne dit que la vérité (l’Occident) et un camp du mal qui ne fait que mentir (la Russie), alors qu’évidemment que le régime ukrainien est un régime corrompu et bandériste. 

Le 4 février dernier, invité d’une émission sur France 24, Emmanuel Maurel déclare: « On l’aide comment ? On l’aide financièrement[…], il y a l’aide humanitaire et il y a l’aide militaire […] c’est qu’on aide les ukrainiens à se défendre par rapport à une agression. Ça c’était la position européenne jusqu’à maintenant, et moi je souhaite qu’on en reste là. » Même si dans les dires il ne veut pas d’escalade, cette position d’équilibriste est intenable: soit on participe au conflit d’une manière ou d’une autre soit on fait partie du camp de la paix.

Le communiqué pour le triste anniversaire de la guerre sur le territoire ukrainien est on ne peut plus clair; publié sous le titre « Un an de guerre de Poutine en Ukraine » il détaille :

« Une année s’est écoulée depuis le début de l’invasion de l’Ukraine par la Russie. Une année terrible et meurtrière où des centaines de milliers de soldats et de civils ont péri et dont les dégâts se chiffrent déjà en centaines de milliards. Une année que Vladimir Poutine s’entête, au mépris des principes fondamentaux du droit international que la Russie avait pourtant participé à créer.

Mais dans leur hubris, Poutine et ses sbires ont rencontré un hiatus: la résistance du peuple ukrainien. Pour les Ukrainiens, l’enjeu est simple : s’ils arrêtent de se défendre, leur pays disparaît.

Pour faire cesser la guerre, la balle est dans le camp du Kremlin. Sa responsabilité est totale.

En apportant son aide pour la défense de l’Ukraine, la France applique le droit à la légitime défense du pays agressé face au pays agresseur. Jamais nous ne reconnaîtrons l’autorité de Moscou sur les territoires envahis et occupés, qui sont Ukrainiens et le resteront.

La Gauche Républicaine et Socialiste apporte son soutien à l’Ukraine et à son peuple. Elle appelle également à réfléchir dès maintenant à l’après et préparer la reconstruction des zones détruites. Cela passera dans un premier temps par l’annulation de la dette ukrainienne et l’octroi d’aides qui doivent permettre à l’Ukraine d’opérer sa transition vers une démocratie pleine et entière, débarrassée de la corruption.

C’est à ce prix que nous montrerons à l’Ukraine que nous nous tenons à ses côtés pour l’avenir.

La France doit agir de toutes ses forces pour l’arrêt de cette boucherie et le retour à une paix fondée non pas sur le fait accompli mais sur le droit international et visant à l’entente entre tous les peuples. »

La GRS a choisi son camp : celui de l’Occident décadent et va-t-en-guerre, si elle garde bien des termes de gauche et se positionne contre l’escalade, il ne s’agit que d’une position de principes. Dans les faits, la GRS est un agent de plus aux services des fauteurs de guerres, qui souhaitent soutenir sans retenue le régime ukrainien, contre son propre peuple.

Rien que le visuel utilisé pour illustrer l’article en date du 24 février est symptomatique de cette démarche, des drapeaux bandéristes sont présents sur l’image. Pas un mot sur les nazis, l’antisémitisme, l’anticommunisme,  le bandérisme en Ukraine, tout cela ne serait que des inventions poutiniennes. Si bien évidemment cela a facilité le travail du régime moscovite dans sa tentative de sortie de ses propres contradictions, dans la mobilisation des masses en Russie, il ne faut pas nier que cela reste une réalité. L’appareil d’Etat ukrainien est corrompu comme dans les années 1990, et il est intégralement bandériste. Le nationalisme belliciste ukrainien, de type pro-occidental et fanatiquement anti-slave, est l’idéologie officielle du pouvoir ukrainien.  L’Ukraine n’est pas un pays souverain, ni même vraiment indépendant, c’est une colonie occidentale, et qui en paye le lourd tribut ? Les peuples comme toujours. Alors que la GRS soutient activement et appelle à soutenir non pas seulement le peuple ukrainien mais l’Ukraine. Ce qui est tout à fait différent. Le peuple ukrainien est victime de son propre régime et de l’occident, tandis que l’Ukraine, en tant qu’État et appareil d’état, est un laquais des occidentaux. Et c’est cet État qui serait une grande résistance face à la méchante Russie, alors qu’en réalité c’est de la chair à canon fanatiquement antirusse, et c’est bien comme ça que le voient les occidentaux; ça n’est qu’un pion, et si l’Ukraine tombe ça n’est pas plus grave, les Polonais ou les Roumains prendront la relève.

En fait le problème principal est que la GRS croit profondément que l’Europe actuelle est démocratique et sincère, elle croit encore dans la propagande des années 1990 durant lesquelles l’Europe et l’OTAN devaient signifier la fin de l’Histoire, et la paix entre les peuples. Mais avec l’irruption de la crise générale du mode de production en 2020 les choses ont changé, les cartes sont redistribuées, et c’est le retour de la guerre aux peuples. La GRS n’a pas saisi de manière juste la séquence historique.

Lorsque l’on est de gauche, on ne peut pas accepter le néo-colonialisme, l’envoi des armes,  qui serviront à tuer frères et sœurs de classe et de culture, car lors des guerres injustes ce sont toujours les peuples qui dégustent. Et forts de l’expérience historique de la guerre de 1914-1918, forts de l’expérience de Rosa Luxembourg, de Lénine, et des autres pacifistes, l’on sait que l’ennemi se trouve dans notre pays, alors Contre la logique de guerre, ne pas reculer face à l’Occident !