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La décomposition du mouvement contre la réforme des retraites

Inévitable, elle est triste et sordide.

Inévitable, elle est triste et sordide.

Nous avions dit le départ que le mouvement contre la réforme des retraites était d’une nature petite-bourgeoise, menant à l’échec. Il fallait être étudiant ou d’esprit syndicaliste pour s’imaginer que, sans culture, ni politique, on puisse arriver à quelque chose.

Un mouvement qui exprime le seul souhait de vivre comme avant, à l’instar des gilets jaunes, n’a pas de place dans l’Histoire. Il n’exprime qu’une décomposition : celle de la société occidentale et de ses acquis.

Alors que se profile une énième journée de mobilisation, déjà se profile l’amertume, le constat d’échec. Anasse Kazib, figure de « Révolution permanente », un mouvement surtout étudiant ayant été aux premières loges de ce lamentable cinéma, constate lui-même le 29 mars 2023 que tout est mal barré.

Naturellement ce constat est fait sur un réseau social, Twitter en l’occurrence, en phase avec la « post-modernité ».

Et il le fait en confondant mouvement social d’un pays riche et luttes des classes, en pleurnichant que l’intersyndicale serait ce qu’elle est, que la grève ce n’est pas évident, etc.

Il ne comprend pas que ni lui, ni les grévistes ne sont à la hauteur de rien. On improvise pas un mouvement de masse affrontant une décision gouvernementale de politique. Il faut du niveau !

Comme là il n’y a rien, il est cherché des boucs émissaires.

« Nous avons tous vu les deux temporalités du mouvement, celle du 19 janvier au 15 mars, des journées certes avec beaucoup de monde, mais avec une radicalité qui ne s’est pas exprimée, notamment du fait du contrôle par l’intersyndicale.

Et depuis le 49.3 nous sommes entrés dans une nouvelle séquence, du moment « Berger » au moment « pré-révolutionnaire ». Malgré la distance qu’à pris l’IS, par son silence médiatique ou encore sa condamnation des violences des manifestants. Le 23 mars a été le pic de la mob.

La journée du 28 mars même si elle a était plus faible, reste dans des niveaux de mobilisation important surtout avec 4 jours d’écart. Cela s’explique pour moi par le rythme en dent de scie, des dynamiques plus faibles de grève à cause de l’isolement des journées.

Néanmoins les cortèges restent très important et nous avons vu l’arrivée massive de la jeunesse depuis 1 semaine qui fait prendre un tout autre visage à la contestation, bien plus qu’une lutte contre une simple réforme des retraites, mais un caractère éminemment politique.

Tout cela témoigne du fait que ce n’est pas l’intersyndicale qui met le monde dans la rue, mais c’est parce qu’il y’a du monde en colère, une opposition massive que l’intersyndicale est contrainte d’appeler encore a des journées.

L’unité est de façade entre les syndicats plus combatifs et les syndicats de collaborations de classe. Ils sont uni car aucun n’aurait pu soutenir la réforme comme Berger l’a fait en 2019 avec la réforme Delevoye. Surtout quand des deputés RN et LR sont contre.

Imaginez vous le syndicat qui aurait osé soutenir la réforme et ne pas appeler à la grève alors que 94% des actifs sont opposés. Cela aurait été du suicide. Berger est contraint par la rue de suivre, mais aussi car il est fasse à un macronisme radicalisé.

La 2eme séquence que l’on connait est le résultat du passage au force mais également d’une forme de maturité du mouvement à comprendre que la passivité ne marché pas. Le fameux 7 mars « France à l’arrêt » était déjà une réponse de l’IS à la colére qui montait du terrain.

Mais à aucun moment l’IS n’a cherché à gagner le mouvement, elle a cherché à le contrôler et en tirer sa plus value pour espérer retrouver une place dans le système institutionnel. Ils n’ont pas arrêté d’envoyer des signaux d’affaiblissement alors que le mouvement est explosif.

Nous avons eu le droit à plein de parade, « attention on tiendra plus les troupes », la lettre à Macron, l’interpellation des députés, le refus de l’appel à la reconductible, le refus d’elargir les mots d’ordre à la question des salaires etc…

Depuis la deuxième phase du mouvement qui combine entré de la jeunesse, manif sauvage, blocage, action, grève reconductible, l’IS cherche à faire des pauses ou encore la parade de la médiation, afin de voir comment sortir de ce mouvement sans perdre des plumes.

Ils savent pertinemment que ce qui se joue aujourd’hui, fait entrer la France dans une crise profonde du régime, la possibilité réelle d’une généralisation de la grève et d’entrée dans une séquence révolutionnaire. C’est le mouvement le plus subversif depuis des décennies.

Berger et Martinez l’on dit, ils ne font pas de politique ( ce sont bien les seuls à le penser ), ils sont la pour parler des gobelets qui manque à la machine à café et aujourd’hui ce n’est plus le cas du mouvement, alors ils veulent tailler la route.

Mais comment faire ? Comment se casser sans voir son syndicat exploser et se faire déborder par la base. Vous aurez remarqué déjà que Martinez et Berger ne mettent plus leur tête dans l’IS depuis le 49.3. Avant ils etaient la à tous les communiqués…

Maintenant ils envoient les remplaçants que personne ne connait. Ils n’interviennent que très rarement dans les médias, sinon pour envoyer des appels de phare à Macron et dénoncer les manifestants. Pas une présence sur un piquet depuis 2 mois, ni même face aux réquisitions.

La méthode est d’éloigner la prochaine date, pour casser définitivement les grèves reconductibles, c’est ce qui est en train de se passer malheureusement dans certains secteurs si nous n’agissons pas. Je vous donne un exemple concret.

Avec mes collègues nous sommes en grève depuis le 7 mars, soit 23 jours au total, attendre le 6 avril cela veut dire de faire 9 jours de grève reconductible supplémentaire. Vous imaginez 9 jours seul avant la prochaine date interpro… C’est criminel quand on connait le terrain.

Alors moi et les militants nous tiendrons, mais comment faire tenir des salariés de base, 9j de plus avec des payes à 0 pour attendre 1 journée interpro sans savoir encore quand sera la prochaine, ptete le 16 avril etc… Comment faire tenir ?

Il y’a pas 36 solutions, la plus part vont reprendre car plus d’argent, d’autre grâce à leur caisse de grève maintiendront un peu les choses. Mais au final cela fait que pendant 10j, les grèves vont s’affaiblir et la dynamique va diminuer si nous ne faisons rien.

De plus le congrès de la CGT qui enlève des centaines de dirigeants syndicaux, de militants de terrain, empêche aussi la possibilité d’intervenir dans cette séquence, de discuter avec la base.Comment tenir un mouvement si les militants sont en train de débattre dans un congrès?

Voilà comment casser une dynamique à bon prix, d’un côté vous apparaissez toujours dans le coup en appelant à une date de grève, mais de l’autre vous l’a mettez assez loin pour que la dynamique se casse et que cela apparaissent comme un baroud d’honneur.

11 journées isolées qui si elles avaient été collé aurait changé le caractère des choses. Même 5j aurait eu plus d’efficacité. Mais l’IS a dit nous ne sommes pas pour le blocage de l’économie car Berger l’a dicté. De plus ils ont fragilisé l’auto-organisation à la base.

Avec l’attente des appels le soir de la manif interpro, ils ont vidé de leur sens les assemblées générale pour la reconduction. Comment discuter d’un plan de bataille en AG le matin, si vous devez attendre le soir quelle sera la prochaine date ?

Voila pourquoi aujourd’hui personne ne doit taire ce qu’il se passe, l’IS joue définitivement contre le mouvement et il faut le dénoncer HAUT et FORT, sinon toutes ces journées ces sacrifices financier n’auront servi à rien. La situation est GRAVE !!! »

La candeur de ce propos est quasi surprenante. On voit vraiment qu’on a affaire à des gens découvrant le monde. On est totalement en dehors de la moindre connaissance historique – et le type se prétend « marxiste ».

C’est comme chez les étudiants, c’est vide de contenu. C’est grotesque, baroque. Il n’y a plus aucun lien, sur aucun plan, avec le mouvement ouvrier historique.

Cette pancarte lamentable se veut même humoristique car reprenant la forme d’un « meme » d’extrême-Droite – une récupération typique chez des gens n’ayant rien à dire

La vérité, c’est que dans ce mouvement contre la réforme des retraites, il y a eu ceux qui ont menti en disant que ce serait simple, ceux qui se sont mentis à eux-mêmes en se disant que ce serait simple.

Sauf que rien n’est simple. Et pour comprendre les choses, il faut étudier Le capital de Marx, pas traîner sur les réseaux sociaux. Il faut organiser les gens avec comme critère le niveau de conscience, et pas pratiquer le spontanéisme des mouvements sociaux d’un pays parmi les plus riches du monde.

Et encore moins alors qu’on est dans le contexte de la 3e guerre mondiale s’érigeant en aspect principal dans tous les domaines.