Comme d’habitude.
La mobilisation du 6 avril 2023 contre la réforme gouvernementale des retraites s’annonçait mal. La plupart des observateurs qui auparavant avaient de l’espérance dans le mouvement se rendaient à l’évidence : ça ne prend pas.
Encore, si cela produisait quelque chose d’électrique, il y en aurait quelque chose à tirer. Sauf que non, il n’y a rien de rien. C’est mou, sans envergure, très beauf, apolitique, sans perspective, sans exigence.
Si on ajoute à ça tout le style d’extrême-Droite qui a pris – avec les marches aux flambeaux, la casse nihiliste, le populisme anti-Macron – c’est plus Marine Le Pen qui va en profiter qu’autre chose.
Des cheminots ont d’ailleurs occupé les locaux parisiens de l’entreprise américaine de fonds d’actifs BlackRock.
C’est là du populisme et il est facile de le prouver : tous les syndicats ont appelé à soutenir le régime ukrainien dans la guerre contre la Russie, aucun n’a dénoncé l’Otan, aucun n’assume d’oser dire qu’on est en plein dans un processus de 3e guerre mondiale.
Au grand maximum, on a : les méchants financiers nous privent de nos acquis qui, en tant qu’occidentaux, nous reviennent de droit. BlackRock, la plus grande entreprise dans son genre, sert d’épouvantail. Encore et toujours, il n’est jamais parlé de la bourgeoisie française.
Dès le début nous avions dit que ce mouvement avait une base erronée et, depuis, le calvaire continue. Il n’en finit plus d’ailleurs, puisqu’il y a une nouvelle journée de mobilisation le 13 avril, la veille d’un rapport du Conseil constitutionnel sur la réforme.
L’espoir est pour l’Intersyndicale de s’en sortir par une pirouette juridique, pour sauver la face d’un échec complet.
Donnons les chiffres, d’ailleurs. Deux millions de personnes se sont mobilisées dans toute la France selon la CGT, 570 000 selon le ministère de l’Intérieur. Comme d’habitude, ces chiffres ne laissent penser que deux choses. Soit la mobilisation n’a pas pris et c’est faible, soit elle a pris et alors tout ça pour ça?
C’est d’ailleurs le vrai problème. On a dépassé la dizaine de grandes journées de mobilisation et il n’y a rien. Alors il va y avoir une réaction. Soit une passivité complète en mode désespéré encore plus qu’avant, soit un déclic vers on ne sait quoi. Mais c’est la fin d’un cycle, d’une illusion.