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Congrès 2023 du PCF: les deux factions

Un retour aux sources ou la post-modernité?

Un retour aux sources ou la post-modernité?

Voici deux textes qui reflètent le mieux les deux factions au sein du PCF lors du 39e congrès, qui s’est tenu à Marseille du 7 au 10 avril 2023. Ils ont été écrit tous les deux par des militants jeunes (ou un peu moins jeunes).

Le premier texte représente la ligne majoritaire, ou plus exactement l’aile « gauche » de la majorité, celle qui veut un retour au PCF des années 1980, pour résumer.

Le second représente la faction minoritaire, celle qui est tenante d’une participation à un conglomérat de gauche sur une ligne « post-moderne », avec les thèmes qui en découlent.

Si l’on veut être méchant, on dira que les premiers ont pris au sérieux la dimension « marxiste » du PCF, les seconds la dimension « post-marxiste ». Et il faut bien être méchant, car le PCF est tout de même un parti de gouvernement, qui n’a plus l’ambition d’une révolution ou même du marxisme comme idéologie depuis des années et des années… Le symbole n’est même plus le marteau et la faucille!

On voit là un vrai décalage avec la réalité historique.

Voici le premier texte, qui fait huit pages.

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Le second texte.

39e Congrès du PCF : prendre le parti de la Génération Révolution

Notre parti s’est toujours renforcé en s’impliquant dans les luttes portées par la jeunesse. À l’inverse, chaque fois que le PCF s’est distancé des mouvements sociaux émergents, il a perdu en vitalité comme en crédibilité.

Le PCF est vivant quand il s’attache à comprendre le monde tel qu’il est et agit pour le transformer. C’est pourquoi, dans le cadre du débat du 39e Congrès du Parti Communiste, nous, jeunes adhérent·es, appelons à soutenir le texte « Urgence de communisme ». 

Crise climatique, guerres, pandémie : l’absurdité du capitalisme apparaît toujours plus clairement aux peuples. Notre génération, bien plus que les précédentes, fait tous les jours l’expérience qu’il faut en finir avec ce système.

Féminisme, climat, antiracisme, nouvelles formes de mobilisation… C’est bien la crise mondiale actuelle qui nourrit la radicalité des luttes de la jeunesse.

Nous vivons une situation inédite : contrairement aux générations précédentes, la nôtre ne devient pas plus conservatrice en prenant de l’âge !1 Il s’agit d’un moment charnière, et la jeunesse peut y jouer un rôle moteur.

Au Chili, les jeunes se sont mobilisés avec l’ensemble du peuple et ont gagné, contre le régime néolibéral issu de la dictature de Pinochet, la mise en chantier d’une Constituante et le retour de la gauche au pouvoir.

Au Brésil également, grâce à une mobilisation conjointe des travailleur·ses, de la jeunesse, des femmes, des personnes LGBTQI+ et des peuples autochtones, la gauche de Lula revient au pouvoir après un mandat destructeur de l’extrême-droite. En Iran aussi, les jeunes sont en première ligne pour affirmer leur solidarité avec les femmes du pays contre l’obscurantisme théocratique au pouvoir, remettant en question des années d’injustices sociales et patriarcales.

Au Tchad là encore, ce sont des mobilisations de jeunes, réprimées dans le sang, qui remettent en cause le pouvoir militaire d’Idriss Déby. En Inde avec des grèves historiques, aux États-Unis contre les violences policières… partout dans le monde, la jeunesse est au cœur des mobilisations pour la liberté, l’égalité et la justice !

En France, des revendications similaires animent de larges portions de la jeunesse, qui se sont rassemblées ces dernières années contre les violences faites aux femmes, l’inaction climatique ou encore les violences policières. Déjà présent·es en 2019 et 2020 dans les mobilisations contre les réformes des retraites, leur mobilisation sera essentielle dans les semaines à venir pour faire reculer le gouvernement.

Au plan électoral, ces millions de jeunes se sont prononcés à plusieurs reprises pour les différentes candidatures identifiées à la gauche radicale, en 2012, 2017 et 2022.

Dans le même temps, parfois en réaction, une part croissante de la jeunesse a fait le choix des candidats de l’extrême-droite, de Le Pen à Zemmour. Le Parti communiste français, qui tiendra son congrès au printemps, doit prendre pleinement la mesure des contradictions qui agitent notre génération.

Notre parti, en effet, s’est toujours renforcé en s’impliquant dans les luttes portées par la jeunesse. De Mandela au peuple palestinien, des manifestations CPE à celles contre la Loi Travail… de 2002 à 2018, la France et le PCF vivent aux rythmes des manifestations de jeunes. À l’inverse, chaque fois que le PCF s’est distancé des mouvements sociaux émergents, il a perdu en vitalité comme en crédibilité.

Né au lendemain de la première guerre mondiale, dans un contexte de crise majeure, le PCF est vivant quand il s’attache à comprendre le monde tel qu’il est et agit pour le transformer.

Continuer à renvoyer les luttes révolutionnaires du XXIe siècle à de simples “enjeux sociétaux”, comme on l’a trop souvent entendu ces dernières années, serait donc une grave erreur.

Cela est d’autant plus vrai qu’aujourd’hui les perspectives politiques concrètes manquent aux luttes de la jeunesse.

Avec la Nupes, un premier pas a été fait vers un rassemblement majoritaire de gauche capable de prendre le pouvoir, et de répondre aux attentes de celles et ceux qui luttent. Mais le plus dur reste à faire pour transformer l’essai jusqu’à la victoire.

Dans cette situation, nous avons besoin d’un Parti communiste qui ne se pose pas en donneur de leçons, mais s’attache à développer avec clarté la méthode qu’il propose aux mouvements populaires pour vaincre Macron et l’extrême-droite.

Expérience militante, communisme municipal, solidarité internationale… Les communistes ont beaucoup à apporter, pour peu qu’ils et elles le décident !

Aussi, à partir de nos expériences de terrain et pour répondre à ces enjeux, nous sommes fier·es d’apporter notre soutien à la proposition de base commune Urgence de communisme pour le 39e Congrès du PCF ! Nous appelons tous les communistes à en prendre connaissance, à la mettre en débat et à la soutenir.

  1. Les millenials bouleversent la plus ancienne règle en politique. Article paru le 29 décembre 2022 dans le Financial Times (https://www.ft.com/content/c361e372-769e-45cd-a063-f5c0a7767cf4)

Signataires :

Elsa Amand, 33 ans, membre d’exécutif de section (92)
David Arabia, 27, ancien secrétaire de section (66)
Antoni B., 28 ans (94)
Pierre Beaufort, 25 ans, membre du Conseil départemental PCF Vienne (86)
Hugo Blossier, 31 ans, secrétaire fédéral (86)
Aurélien Bonnarel, 30 ans, secrétaire de section et conseiller municipal (67)
Hadrien Bortot, 33 ans, secrétaire de section et Maire-adjoint d’arrondissement (75)
Cyrielle Burban, 34 ans, co-secrétaire de section (94)
Hugo Carlos, 24 ans, membre de comité de section, membre du conseil départemental de la fédération du Gard du PCF (30)
Nicolas Carrere, 23 ans, ancien responsable du MJCF 66, membre d’exécutif de section et du conseil départemental PCF Pyrénées-Orientales (66)
Julien Cazeneuve, 35 ans, membre d’exécutif de section (93)
Lucie Champenois, 28 ans, conseillère municipale (92)
Sabrina Chatouani, 23 ans (93)
Nicolas Commisso, 25 ans (67)
Paul Conchon, 35 ans (24)
Mateo Crespo Garcia, 24 ans (75)
Nicolas Defoor, 33 ans (93)
Emmanuel Delaplace, 23 ans (92)
Morgan Desmarest, 33 ans, co-secrétaire de section (94)
Manel Djadoun, 24 ans (92)
Emilie Dufour, 24 ans (86)
Julien Duponchez, 32 ans (94)
Eve Elizagaray, 27 ans (66)
Anaïs Fley, 25 ans, ancienne secrétaire nationale de l’UEC, membre du conseil départemental PCF 92 et du conseil national du PCF (92)
Samuel Franceschi, 27 ans, co-secrétaire de section (86)
Théo Froger, 26 ans (38)
Gabriel Gau, 33 ans (75)
Antoine Guerreiro, 29 ans, secrétaire de section, membre du conseil départemental du Val-de-Marne et du conseil national du PCF (94)
Nawfel Hamri, 22 ans (26)
Zoé Imbert, 24 ans, membre d’exécutif de section, membre du conseil départemental PCF Paris (75)
Marie Jay, 27 ans, Maire-adjointe et membre d’exécutif de section (94)
Clément Jumeaucourt, 23 ans (60)
Anaïs Keslani, 29 ans (30)
Yanis Khima, 19 ans, membre du Collectif jeune du Val-d’Oise (95)
Noâm Korchi, 24 ans (93)
Pierre Labrousse, 23 ans (13)
Romain Lacomme, 24 ans, membre de la commission nationale Énergie (75)
Paul Larnaud-Chiocca, 30 ans (2A)
Chloé Le Bret, 26 ans, ancienne élue à l’égalité des droits (38)
Sébastien Lorian, 34 ans (92)
Maxime Martinet, 27 ans (38)
Antoine Mézy, 24 ans (67)
Walid Mhaidra, 22 ans (84)
Léo Michel, 23 ans (94)
Camille Naget, 32 ans, conseillère municipale (75)
Basile Noël, 27 ans (77)
Adèle Olivares, 20 ans (30)
Hugo Pompougnac, 32 ans, secrétaire de section (92)
Marine R., 29 ans, secrétaire de cellule (75)
Alban Rapetti, 28 ans (47)
Clothilde Renaudin, 25 ans (72)
Aurélien Riou, 24 ans (13)
Sarra Sebaoui, 29 ans (91)
Eloi Simon, 33 ans, élu municipal (92)
Léo Simonet, 28 ans, ancien syndicaliste étudiant (94)
Lovepreet Sing, 21 ans (93)
Lola Sudreau,  22 ans, membre d’exécutif de section (93)
Laurène Thibault, 29 ans, membre d’exécutif de section (92)
Élise Verneyre, 32 ans (93)
Armeline Videcoq-Bard, 31 ans, responsable du Collectif jeunes du PCF Val-d’Oise, membre de l’exécutif départemental du PCF Val-d’Oise (95)
Clément Vignoles, 31 ans (23)
Rachel Zoughebi, 24 ans (94)
Rustam Zubkov, 22 ans, secrétaire de section (77)