La conscience prime sur le reste.
Qu’est-ce que la presse selon la Gauche historique? Ce n’est pas une presse pragmatique, qui sous couvert de populisme cherche à racoler pour attirer des gens. Ce n’est pas non plus une presse « amicale » qui, prétendant aborder les choses de manière « directe », cherche à faire passer des idées en contrebande.
Ce n’est pas non plus une presse qui se contente d’accompagner la réalité, tout en donnant tel ou tel point de vue. Ce n’est pas une presse qui nivelle vers le bas en cherchant à toucher n’importe qui, n’importe comment, à tout prix.
La presse selon la Gauche historique est une expression élevée d’une vision du monde. Elle vise la conscience, tout d’abord. Elle appelle à l’organisation, ensuite. Elle fonctionne dialectiquement avec l’Histoire, elle dit ce qui se passe, elle dit ce qu’il y a à dire, elle expose les faits et les moyens de les révolutionner.
Elle est ainsi portée par des gens réels. Ces gens ont un vécu, des activités. Ils véhiculent la vision du monde appelant à transformer les choses, ils la vivent. Partant de là, la presse ne doit pas qu’être portée par de tels gens : elle doit les refléter, et en même temps les modifier selon les besoins de l’époque.
On ne soulignera jamais assez l’importance dialectique de la presse. La presse, ce n’est jamais quelque chose qui fonctionne dans une seule direction. La presse reflète le monde, mais le monde reflété agit également sur ceux qui le reflètent.
C’est pourquoi la Gauche historique a toujours assimilé une organisation politique à sa presse. Il ne s’agit pas pour la Gauche historique d’avoir une presse, mais d’être cette presse. Si on lit Lénine, dans Que faire? il expose très bien ce point de vue, qui est celui de la social-démocratie historique.
La presse n’est pas un outil. La presse, c’est la vie politique elle-même de la Gauche historique, car la Gauche historique raisonne en termes de vision du monde, et uniquement en termes de vision du monde.
Une vision du monde s’expose, elle vit, elle est une intelligence en fonctionnement. Son fonctionnement dépend naturellement de la pratique, car elle reflète le réel, elle devient le réel qu’elle transforme.
La presse selon la Gauche historique, est ainsi vivante. Elle ne saurait prendre une forme statique, déterminée. Elle répond aux exigences des temps.