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Nouvel ordre

« Il y a pire que la mort »

Le monde change quand c’est le tout pour le tout.

Savez-vous pouquoi il y a des révolutions ? Parce qu’il y a des moments dans l’Histoire où on sait qu’il faut mettre sa vie en jeu. Et si on le fait, c’est qu’on a compris qu’il y a pire que la mort.

Bien entendu, tout le monde le sait en général. Pour certains, c’est d’ailleurs une cruelle réalité, et il faut affronter le monde avec tellement de douleurs !

L’aliénation, l’indifférence, l’isolement, l’humiliation, l’incapacité à trouver comment développer ses facultés… La vie dans le capitalisme est brutale, agressive, monstrueuse.

Pour autant, tant qu’on peut vivre, on le fait. Pourquoi risquer la prison, la torture, la désocialisation, lorsqu’on peut vivre sa vie avec ses petites joies, ses petites peines ? Après tout, ça vaut le coup, personnellement, d’avoir une existence où l’on profite.

Et, de toutes façons, tout le monde fait pareil. Pourquoi alors entrer en rupture et se singulariser ? En plus, le capitalisme habitue à ne pas avoir ni engagements, ni responsabilités. Rompre avec tout cela, c’est bien difficile !

Les êtres humains sont des animaux comme les autres : ils dépendent d’une situation pour être poussée dans telle ou telle direction. Tant qu’un mode de production le permet, les gens acceptent donc ce qu’il y a.

Quand par contre c’est intenable, que vraiment c’est invivable, alors on assume qu’il y a pire que la mort. Et quoi, on va tous se suicider ? Bien sûr que non. Alors, c’est la révolution.

Ce n’est pas faire de l’existentialisme que dire cela. C’est simplement voir que la vie, ce n’est pas que l’économie, c’est aussi la psychologie, la situation nationale, la culture, la famille, les amis, bref tout ce qui fait que l’humanité, génération après génération, continue d’exister.

C’est pour cette raison que Karl Marx, lorsqu’il a écrit Le capital, n’a jamais dit que le capitalisme allait s’effondrer de telle ou telle manière. Il a dit que le capitalisme allait être enrayé dans sa course aux profits, parce qu’il veut toujours plus de profits et que le taux de profit est toujours moins satisfaisant. Cela conduit aux guerres, pour prendre les profits du voisin.

Mais il n’a jamais établi de plan détaillé, en disant : à tel moment tout s’effondre. Car un mode de production est renversé lorsqu’il ne tient plus, ce qui dépend de beaucoup de facteurs.

On peut prendre la révolution française en exemple. Elle a eu lieu pour des motifs qui sont peu clairs, finalement. Au fond, pourtant, c’est le mode de vie dominant qui était considéré comme intenable. Il y a alors, « pire que la mort » et la vie devant l’emporter, c’est la bataille pour la grande transformation du mode de vie.

En attendant, les gens qui disent qu’il y a pire que la mort… font peur. On comprend qu’ils ont vécu des choses si dures qu’ils tiennent on ne sait trop comment. Si on regarde bien, dans le capitalisme, de toutes manières, la plupart sont à la limite de s’effondrer psychologiquement, mentalement. Ils tiennent par la force de l’habitude.

Ce qui compte, c’est de faire comprendre que la dépression a une raison historique. C’est le mode de vie qui est erroné dans ses fondements. Si on le devine, sans le comprendre avec les bons outils, on se perd, on est désorienté, on n’a plus de repères. Les sectes et différentes religions jouent là-dessus en proposant un au-delà fabuleux et rassurant.

Karl Marx parlait avec justesse de la religion comme « opium du peuple », et il le faisait en soulignant qu’il y a un besoin de cet opium, pour « tenir » dans un monde horrible.

« La misère religieuse est à la fois l’expression de la misère réelle et la protestation contre cette misère réelle.

La religion est le soupir de la créature opprimée, l’âme sensible d’un monde insensible comme elle est l’esprit de situations sans esprit. Elle est l’opium du peuple.

Le dépassement de la religion comme bonheur illusoire du peuple est l’exigence de son bonheur réel. L’exigence de renoncer aux illusions sur son état, c’est l’exigence de renoncer à un état de choses qui a besoin de ces illusions.

La critique de la religion est donc en germe la critique de la vallée de larmes, dont la religion est l’auréole glorieuse. »

A la situation historique où il y a pire que la mort, la religion donne comme réponse : il y a mieux que la vie. C’est un mensonge. Tout comme sont des mensonges les fuites dans le consumérisme forcené, l’alcool, les drogues, le style décadent « hédoniste » LGBT, etc.

La vraie réponse, c’est de se tourner vers l’Histoire, et donc la culture. Il y a tellement des choses à découvrir, à apprendre ! C’est là ce qui donne du sens à l’existence, qui fait progresser des facultés, sa sensibilité.

Le monde pourrait, devrait être totalement différent. Il faut le transformer, et non pas se mutiler soi-même sous une forme ou une autre. La vie doit l’emporter ! Voilà ce qui compte réellement, ce qu’il ne faut jamais perdre de vue.

Et lorsque les masses s’emparent de ce principe, elles sont invincibles et changent le cours des choses, afin qu’il soit en adéquation avec le bonheur possible historiquement, à tous les niveaux de la vie quotidienne.