C’est un symbole qui ne trompe pas en raison de son envergure. Au milieu de l’année 2023, les ventes de Beyond Meat ont chuté de 30% et l’entreprise assume que le reste de l’année ne se déroulera pas positivement du point de vue capitaliste. Les prévisions sur le long terme elles-mêmes sont remises en cause, le point de vue général étant désormais que la « fausse viande » végétalienne s’avère un échec commercial. L’action de Beyond Meat à la bourse américaine a perdu 64.79% depuis un an, soit 94% de moins que lorsque l’action était au plus haut.
La « fausse viande » vegan a été critiquée dès le départ par les vegans comprenant l’enjeu culturel qui se posait. Et on peut voir que ce qui s’est passé est tout à fait logique. Il y a eu un effet de mode, une petite minorité s’est précipitée en se présentant comme « branchée ». Cela a produit une petite vague et des capitalistes se sont dit : « allons-y ». Comme ce sont des capitalistes, ils ont eu des rêves délirants d’accumulation et l’argent a coulé à flot.
Cela produit naturellement une idéologie. L’association L214 a ainsi reçu 2,5 millions d’euros d’une association américaine philanthrope, dont l’intérêt capitaliste derrière est en fait la « viande cellulaire », une variante de la « viande végétale ».
Cependant, l’industrie de la viande n’a pas été ébranlé, bien au contraire. Des grandes entreprises capitalistes du secteur de la viande ont d’ailleurs elles-même investi dans la « viande vegan », comme celles de l’agro-industrie française, qui représente le pire de l’exploitation des animaux.
On parle ici de Herta, le Gaulois, Fleury Michon ou encore Bordeau Chesnel… Mais des capitalistes d’autres secteurs ont pu s’y mettre aussi (ainsi… LVMH pour l’entreprise suisse Planted).
Mais le fantasme d’une croissance à 15% par an a été rattrapé par la réalité et les poids lourds de la « viande végétale » comme Beyond Meat, Impossible Foods, Lightlife, Field Road… subissent le choc de la crise capitaliste commencée en 2020. Les promesses d’une consommation exponentielle ne peuvent tout simplement pas être tenues.
Car la mode passe, le véganisme (avec ses principes) est liquidé par le libéralisme (par définition sans principes), les gens retournent à l’original plutôt qu’à la copie. La croissance de la consommation de viande de bœuf aux États-Unis le montre, tout autant que le fait que les restaurants branchés à New York sont tout sauf vegan.
C’est une question de culture. Si on mange quelque chose qui a le goût de la viande, comment ne pas valoriser celle-ci ? Ce n’est pas pour rien qu’une fausse viande au goût d’humain est inconcevable. Le rapport avec le cannibalisme serait évident. Pareillement, on ne pourrait pas avoir de fausse viande avec un goût de chien. Il n’y a ainsi aucune raison pour qu’un consommateur mangeant du faux canard… ne passe pas au vrai.
Un autre aspect est la dimension alimentaire, celle de la nutrition. La « viande végétale » relève de l’ultra-transformation.
Voici par exemple la composition des chipolatas Happyvore (ex-les Nouveaux Fermiers) :
eau, huile de tournesol, protéines de pois, protéines de fèves, stabilisant : méthylcellulose, herbes aromatiques (dont herbes de Provence 0,6%), épices, fibres végétales, extraits d’épices (extraits d’oignons), vinaigre, amidon de pomme de terre, arômes naturels, maltodextrine, colorant : extrait de betterave rouge, antioxydant : extrait de romarin, enveloppe végétale : alginate de calcium comme gélifiant.
Ce n’est pas de la nourriture de qualité, mais un produit ultra-transformé qui ne vaut pas mieux que ce que l’on peut trouver à McDonald’s ou Burger King. Quel est le problème dans ce cas ? Et bien tout simplement que cela n’a rien de naturel.
L’organisme a prévu pendant des millions d’années d’évolution une façon particulière d’assimiler les nutriments, qui sont combinés dans des formes complexes et particulières dans les aliments naturels (bien que déjà transformés par l’agriculture depuis des milliers d’années, mais sous une forme naturelle).
Les aliments ultra-transformés changent la donne, et chamboulent tout. Quand on ajoute de la maltodextrine par exemple dans des chipolatas Happyvore, on ajoute tout simplement des bombes de sucre.
Il s’agit d’une transformation chimique (hydrolyse) à partir de maïs, de riz, d’amidon de pomme de terre ou de blé pour obtenir une poudre blanche et insipide. Cela sert comme agent de texture pas cher pour les industriels.
Une tel matière fait littéralement exploser l’indice glycémique des aliments qu’elle compose. Autrement dit, le taux de sucre explose dans l’organisme, comme avec les sodas ou les burgers industriels.
Les dents sont attaquées, le surpoids arrive (car l’organisme se débarrasse rapidement du surplus de sucre en le transformant en graisse) et bien sûr, maladie de notre époque, cela favorise directement le diabète.
Ce n’est pas mieux pour le méthylcellulose, qui sert dans ce cas de stabilisant. C’est un additif alimentaire (code E461), mais ce n’est pas du tout de la nourriture ! Cela relève du bricolage industriel pour obtenir une texture : le produit est une modification chimique de la cellulose, le principal constituant du bois !
Rien de dangereux en soi d’après les autorités sanitaires, mais rien d’intelligent pour autant. Cela n’est pas digéré par l’organisme et fini directement à la selle, causant éventuellement au passage des ballonnements, des diarrhées, des obstructions intestinales ou autres désagréments intestinaux.
Et rien à voir avec les fibres alimentaires naturelles, qui elles sont utiles, et en tous cas correctement intégrées par l’organisme habitué à une nourriture saine et naturelle.
Ce genre d’horreurs industrielles sont très loin de la gastronomie. Ce n’est pas avec cela que la France deviendra vegan !
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L’alimentation du futur sera saine et pleine de saveurs végétales, car une agriculture bien maîtrisée et tournée vers la nature a bien mieux à offrir que ces marchandises typiques du capitalisme moderne.
Les pois, les lentilles, les fèves, sont bien plus intéressants culturellement, sur le plan de la gastronomie et moralement que les fausses viandes « végétales », qui appartiennent déjà au passé, dans leur forme, dans leur goût, dans leur conception même.
Le Socialisme, ce n’est pas peindre en rouge les centrales nucléaires, les parkings, les zoos, le béton. Le Socialisme, ce n’est pas non plus le retour en arrière à un passé idéalisé. Le Socialisme, c’est une civilisation nouvelle qui se fonde sur les meilleures bases possibles à tous les niveaux pour l’humanité, en prenant le meilleur du passé et en dépassant le reste.
C’est ce que montre parfaitement l’échec de la « viande végétale ». On est soit une partie du problème, soit une partie de la solution !