Le défaut d’attention est devenue la norme. Les gens, dans le capitalisme, ne sont plus capables d’être systématiques, « carrés ». Même des professionnels dans leur domaine commettent des erreurs de débutant, font des oublis significatifs. La France est nulle, les Français sont nuls.
C’est tout le matériau humain qui, en France, depuis la crise commencée en 2020, s’étiole. Le capitalisme n’est plus capable d’insuffler aux gens suffisamment d’énergie psychique pour leur permettre d’agir conformément aux attentes.
Heureusement, il y a la force de l’habitude, sans quoi rien ne pourrait plus tourner. Mais les manquements s’immiscent dans la vie quotidienne, ils façonnent les rapports entre les classes. Dans une atmosphère de décomposition, c’est comme si la figure du lumpen apparaissait comme la plus active, la seule vivante.
Les professeurs n’enseignent plus comme il faut, les policiers n’agissent plus comme des policiers ; les étudiants ne se comportent pas comme des étudiants, les garçons de café n’agissent plus comme garçons de café. La France moisie se laisse emporter dans la banalité, la vacuité.
En termes de classe, cela donne les choses suivantes : les bourgeois n’agissent plus en bourgeois, ils perdent carrément les pédales. Les petits-bourgeois sont à la fois excités et passifs, la peur les travaille au corps et ils aimeraient s’en sortir par un bon coup du sort.
Quant aux prolétaires, ils se replient sur eux-mêmes, cherchant à s’arc-bouter sur leurs acquis propres à une société capitaliste française qui a profité pendant plus d’un siècle de rapports de force internationaux favorables.
Pas de misérabilisme : la France est un des pays les plus riches du monde. Lorsque le Secours populaire raconte en septembre 2023 qu’un tiers des Français ne mange pas à sa faim, il ment. Lorsqu’il raconte que 72% des Français ont décidé de se passer de viande, il ment.
D’ailleurs, la consommation de viande augmente en France. Et ce ne sont pas les bourgeois qui deviennent plus gros, bien au contraire. Si au 19e siècle, le prolétaire était maigre et le bourgeois gros, désormais c’est le contraire. C’est le prolétaire qui s’empiffre de toutes les horreurs de la société de consommation, tout en s’imaginant « peuple » à manger un kebab ou aller au McDonald’s.
La paupérisation relative se renforce, c’est indéniable : les riches sont bien plus riches qu’avant, en comparaison avec les pauvres. Mais les pauvres en France sont bien loin encore d’une misère les précipitant à la lecture du Capital de Karl Marx, les poussant à piller les armureries et les amenant à faire flotter le drapeau rouge sur l’Arc de Triomphe.
La preuve en est, c’est Marine Le Pen qui profite le plus du climat actuel, charmant les prolétaires avec finalement la même litanie que Donald Trump. L’idée, c’est que la France conserve son niveau de vie, d’une façon ou d’une autre. L’idée de faire payer la Russie est d’ailleurs le vrai arrière-plan impérialiste de toutes les forces politiques françaises, « gauche » y compris.
Car, il faut le dire, pour dénoncer les menteurs, les escrocs, les charlatans ! Oui, les grèves de 2023 contre la réforme des retraites n’ont rien apporté en termes de lutte de classe : ni conscience, ni organisation. Quand aux émeutes de 2023, n’en parlons même pas, elles sont totalement passées à la trappe.
Comme les gilets jaunes, ces grèves et ces émeutes n’étaient que le produit d’une société en décomposition. Des gens mécontents protestent, en braillant à la française. La belle affaire ! La vérité, c’est que tous les Français ont en leur tête le rêve américain. Même la « gauche » est devenue à l’américaine, en mode social-protectionniste, communautariste, LGBT, libérale culturellement, etc.
Il faut dire les choses comme elles sont : en 2023, en France, le capitalisme a gagné et la soumission aux besoins de la superpuissance américaine est totale. C’est la défaite totale de tout ce qu’il y avait avant.
C’est là-dessus qu’il faut se fonder, car le capitalisme ne satisfera jamais les besoins des masses, les besoins existentiels. Il va fondamentalement décevoir des individus isolés, atomisés, sans aucune cohérence en rien, commettant toujours plus d’erreurs et de fautes.
Et avec ce matériau humain, il va falloir faire la révolution, le Socialisme… C’est une affaire compliquée, qui nécessite de l’intelligence. Il en faut pour comprendre les consciences et les transformer.