Impossible de manquer la prolifération de ces sacs aux couleurs de la chaîne de salles de musculation Basic Fit, et ce en dépit du bon goût. Ils sont partout depuis quelques temps, résultat d’une opération promotionnelle avec un sac systématiquement offert à l’abonnement d’un an à l’enseigne néerlandaise.
Certains avancent que ce serait un accessoire incontournable de l’année ou encore une publicité réussie… Dire que des gens sont payés pour dire des bêtises pareilles dans des revues à gros tirage et sites spécialisés sur internet. Il est pourtant évident que l’opération se retourne en son contraire et donne des frissons d’angoisse rien qu’à l’idée de fréquenter une de ces salles.
Il n’a pas été pris le temps de faire le portrait des gens qui osent sortir affublés de ce sac publiquement, car si il était originellement imaginé que le sac serait porté fièrement par des hommes et des femmes au corps sculpté par leur assiduité à « la salle », en réalité il s’agit désormais de l’objet incontournable des limbes de la société.
En effet, une large partie de ces sacs offerts à l’adhésion en 2022 a vraisemblablement fini dans les circuits de seconde main en 2023 et plus probable encore dans ceux de charité, compte tenu de leur gratuité et de leur laideur.
Rien que sur la plateforme Vinted, on en trouve environ 450 n’ayant jamais servis, à des prix d’ailleurs ridiculement élevés. C’est déjà un manque de respect pour soi-même et autrui que de vendre un tel objet, à moins d’être guidé par la misère la plus profonde. Pour le français moyen, le sac doit être absolument donné ou refusé à l’inscription, ou mieux, il faut s’en aller pratiquer un vrai sport et éviter à tout prix d’être mêlé à l’origine de ce mal.
Quelle idée déjà de porter un produit dérivé de la sorte ? Avec un logo sans aucune recherche graphique. Et même si on oublie le flocage, avec de telles couleurs et formes, c’est peine perdue. Le sac, au lieu d’épouser le corps et d’offrir des lignes agréables, est une espèce de boursouflure due à ses poches proéminantes et tombe lamentablement sans aucune tenue. Cela contraste évidemment avec l’image dynamique voulue par la marque. On a ensuite cet aspect matelassé qui n’entre en résonance avec rien de connu, ni d’original, à rebours de toute fraîcheur, de toute modernité.
Trop gros pour être utilisé au quotidien de manière esthétique, trop petit pour voyager, il finit logiquement dans les mains de ceux qui se contentent d’errer, l’esprit verrouillé.
On est donc tout à fait à l’abri d’une quelconque tendance, comme cela avait pu être le cas avec l’engouement éclair pour les baskets Lidl.
C’est qu’en fait les gens qui portent les sacs Basic-Fit sont trop perdus pour se poser des questions. Et finalement, l’accessoire finit par montrer aux yeux de tous la laideur ambiante de notre temps.
Le sac Basic-Fit n’est pas un détail, c’est une expression parmi tant d’autres du manque d’ambition collective auquel il faudra bien remédier, avec un haut niveau d’exigences sur tous les plans.