Catégories
Refus de l’hégémonie

Le ministre français des armées présente la guerre contre la Russie

Le 16 février, alors que le président ukrainien Volodymyr Zelensky était de passage à Berlin et Paris pour signer des accords militaires, un avion de l’armée de l’air française s’est baladé non loin de la frontière ukrainienne.

Il s’agit d’un Mirage 2000D, certainement muni d’une nacelle ASTAC capable de capter les signaux électromagnétiques. Passant par la Pologne, il a longé la frontière biélorusse, puis l’enclave russe de Kaliningrad, et enfin le nord de la frontière biélorusse.

Le début du parcours du Mirage, alors qu’un avion ravitailleur de type Airbus l’a précédé

C’est naturellement tout un symbole ! La France « indique » qu’elle est prête à l’escalade par ce geste agressif. Le ministre des Armées Sébastien Lecornu s’est empressé alors de fixer la ligne ; c’est d’ailleurs lui qui a accueilli Volodymyr Zelensky à son arrivée en France, à l’aéroport d’Orly. On est dans le bellicisme le plus clair.

Dans une interview au Journal du dimanche du 18 février 2024, Sébastien Lecornu a expliqué les choses suivantes.

1. La France n’est pas en guerre contre la Russie… Mais enfin c’est tout comme, et on y viendra bien, d’une façon ou d’une autre.

« Nous ne sommes pas en guerre avec la Russie. Et aider l’Ukraine, État agressé, à se défendre, n’est pas être cobelligérant.

Mais soyons lucides et regardons les choses de près : la Russie présidée par Vladimir Poutine adopte un comportement de plus en plus agressif à notre encontre.

En 2023, nous avons ainsi recensé une centaine d’incidents agressifs, allant de simples communications menaçantes à des tentatives de contrôle sur des patrouilles françaises dans des espaces aériens et maritimes internationaux libres d’accès.

Un tel niveau d’agressivité n’existait pas auparavant. Il s’agit d’une stratégie délibérée de la part du régime du Kremlin. »Un tel niveau d’agressivité n’existait pas auparavant. Il s’agit d’une stratégie délibérée de la part du régime du Kremlin. »

2. La Russie serait faible. C’est le leitmotiv de la France en direction de tous les journalistes traitant du conflit depuis une semaine. Il y a, à l’international, des propos de militaires français expliquant en « off » que si l’offensive ukrainienne (qui a échoué) avait été surestimé, il ne fallait pas non plus considérer la situation actuelle comme désespérée pour le régime ukrainien, loin de là, etc.

« La Russie de Vladimir Poutine, tout en étant plus agressive sur le plan hybride, rencontre en parallèle d’importantes difficultés sur le terrain conventionnel face à l’armée ukrainienne.

Cela s’explique bien entendu par les efforts héroïques des soldats ukrainiens et de l’aide des pays occidentaux, mais également des mauvaises analyses et décisions de la part des autorités russes, sans oublier les désorganisations liées à la corruption et au mensonge au sein de leur appareil de sécurité (…).

Nous assistons à la stabilisation de cette ligne de front, mais cela ne traduit pas un avantage décisif immédiat pour la Russie, qui va devoir opter pour une stratégie de guerre d’usure et de pourrissement.

L’enjeu actuel est donc d’assurer que l’Ukraine conserve ses capacités défensives et de contre-offensive, ce qui est précisément l’objectif de l’accord que le président Zelensky vient de signer à Paris avec le président Macron. »

3. La France a armé, arme et armera le régime ukrainien. Missiles, drones kamikazes, construction d’une nouvelle usine pour la poudre… Rappelons que le budget militaire français passe de 32 milliards d’euros à 68 milliards d’euros entre 2017 et 2030.

« La France est l’un des pays européens qui forme le plus de soldats ukrainiens : nous en avons déjà formé 10 000 depuis le début de la guerre, et nous en formerons entre 7 000 et 9 000 supplémentaires en 2024, sur des formations généralistes comme spécialistes. Cet accompagnement est crucial, l’armée ukrainienne subissant de lourdes pertes. »

« Nous avons donné des chars sur roues AMX-10 RC et des véhicules de l’avant blindé VAB qui sont remplacés plus vite par des Jaguar et des Griffons produits par Nexter. C’est du gagnant-gagnant. »

« Nous cédons donc des missiles qui auraient été perdus du fait de leur « date de péremption » si nous ne les avions pas utilisés. Je peux citer en cela les systèmes Crotale.

Mais de fait, depuis septembre dernier, nous faisons évoluer la logique en privilégiant des acquisitions directes entre l’armée ukrainienne et nos industries de défense sur des matériels de haute valeur ajoutée et aux meilleurs standards de qualité. »

« Nous tirons aussi des enseignements de la guerre en Ukraine pour notre propre industrie de défense et pour certains programmes d’armement qui profiteront demain à l’armée française. »

« Grâce aux programmes d’économie de guerre, nous avons pu doubler les capacités de production, avec la possibilité de produire jusqu’à 78 canons pour l’Ukraine dans les usines Nexter en 2024.

Je tiens d’ailleurs à exprimer ma gratitude aux ouvriers et techniciens qui travaillent parfois en trois-huit à Roanne et à Bourges. Leur engagement est remarquable et, grâce à eux, ces 78 canons, ainsi que d’autres équipements, pourront être livrés à l’Ukraine en 2024. »

« Le premier exemple concerne le développement d’une nouvelle génération de drones kamikazes. Ce projet, que j’ai amorcé dès ma nomination, est en phase d’expérimentation.

L’Ukraine sera parmi les premiers bénéficiaires de ces drones dans les prochaines semaines. Cela représente aussi une opportunité de tester au combat cette nouvelle génération de matériels. »

« Prenons l’exemple de Bergerac en Dordogne, où l’entreprise Eurenco a lancé avec le ministère des Armées un projet important. Le mois prochain, nous assisterons à la pose de la première pierre de cette usine dédiée à la production de poudre : cela permettra d’alimenter la production de 150 000 obus par an ! Cette usine créera 150 emplois, et c’est un domaine où la France va retrouver sa pleine souveraineté. »

Le scénario est tout tracé. L’horizon, c’est 2030. Le régime ukrainien va être soutenu à fond – financièrement, militairement – jusque-là. Entretemps, la France va se militariser, afin d’être en mesure d’agir militairement à grande échelle.

Quand le régime ukrainien titubera, et les occidentaux espèrent le plus vite possible, les Pays-Bas, l’Allemagne et la Pologne au Nord, la France et la Roumanie au Sud interviendront pour « empêcher » la défaite totale.

On aura alors un bourbier suffisamment grand pour « éviter » l’emploi d’armes atomiques… Du moins, c’est ce que disent les militaires français. En réalité, on va avoir une guerre généralisée en Europe, donc à mort y compris contre des installations civiles, bien loin du conflit Russie-Ukraine consistant en une guerre des tranchées entre frères ennemis.

Soit le camp du Socialisme en France se reconstitue et triomphe par et contre cette marche à la guerre, soit le bellicisme l’emporte et là c’est le désastre. Telle est l’actualité principale, la clef historique.