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Refus de l’hégémonie

La convocation sur l’Ukraine à l’Elysée

Après avoir jeté un pavé dans la mare en assumant la possibilité de l’engagement militaire directe de la France contre la Russie, le Président Emmanuel Macron a reçu jeudi 7 mars 2024 les chefs de partis politiques représentés au Parlement.

Nonobstant le fait qu’il n’y a pas de réelle opposition parlementaire – l’alignement sur l’Otan – et la propagande anti-russe – est total en France-, le chef de l’État entend bien encadrer les choses. Le régime français a besoin d’une nouvelle Union sacrée pour faire la guerre à la Russie, alors il doit s’assurer d’un soutien sans faille des partis, et neutraliser toute possibilité d’opposition démocratique et populaire.

La convocation avait donc pour but de préparer les députés et sénateurs au débat et au vote du 12 mars à l’Assemblée nationale et du 13 mars au Sénat.

« Le Président de la République a demandé au gouvernement de faire devant le Parlement une déclaration en application de l’article 50-1 de la Constitution, relative à l’accord bilatéral de sécurité conclu avec l’Ukraine le 16 février 2024 et à la situation en Ukraine, suivie d’un débat et d’un vote ».

On ne saura rien précisément de cette réunion organisée par le président, qui aurait duré trois heures. Aucun article de fond, ni aucune présentation détaillée n’a été faite par qui que ce soit ; il n’y a absolument aucune transparence démocratique sur le sujet.

Les élus convoqués se sont contentés de descriptions vagues et générales sur le fait qu’il y aurait eu des cartes de montrées, un bilan de la situation militaire compliquée en Ukraine, avec l’idée que la France pourrait intervenir si la Russie approchait Odessa ou Kiev.

Le secret-défense a probablement été de mise. Mais ce qui compte, et qui est systématiquement relayé, c’est le fait qu’Emmanuel Macron n’envisage absolument aucune limite à l’intervention militaire, ni aucune « ligne rouge ».

C’est Fabien Roussel du PCF qui en a dit le plus, et surtout qui a dit l’essentiel. Selon lui, « toutes les forces politiques » sont d’accord sur l’objectif qui est « que nous ne voulons pas que la Russie gagne, que tout doit être fait ». Seulement, ajoute-t-il, « notre seul sujet de divergence, ce sont les moyens que nous y mettons ».

Voilà. Tout le monde est d’accord pour suivre les plans de la superpuissance américaine, qui sous-traite maintenant à l’Union européenne la guerre contre la Russie. La France est le nouveau chef de file de ce bellicisme, avec à sa tête Emmanuel Macron qui ne souffre d’aucune opposition réelle dans son pays.

La situation est d’autant plus idéale pour Emmanuel Macron que les fausses oppositions prétendent en toute hypocrisie avoir des divergences, des inquiétudes.

Fabien Roussel du PCF a dit :

« Je trouve ça extrêmement grave et extrêmement dangereux. C’est ce qui s’appelle l’escalade guerrière comme on en a connu en Europe. »

Jordan Bardella du Rassemblement national a dit :

« Nous sommes en faveur, sur le principe, d’un accord bilatéral avec l’Ukraine, mais il faut placer des lignes rouges. »

Eric Ciotti pour Les Républicains rappelle :

« le soutien total des Républicains à l’Ukraine, à une aide financière et à des équipements militaires. Nous le dirons mardi à l’Assemblée, mais en revanche, j’ai redit notre totale opposition à un engagement de troupes au sol. C’est une position inopportune, irresponsable. »

Pour la France insoumise, Manuel Bompard a joué un peu plus la comédie que les autres :

« Je suis arrivé inquiet, et je suis ressorti encore plus inquiet. »

La secrétaire nationale des « écologistes » Marine Tondelier a dit que :

« C’était une réunion utile et nécessaire. »

Du côté du Parti socialiste avec Olivier Faure, c’est un véritable plébiscite en faveur d’Emmanuel Macron :

« Nous avons besoin de maintenir une pression forte sur Vladimir Poutine, lui dire que nous sommes derrière la résistance ukrainienne et que nous ne la lâcherons pas ».

La bourgeoisie française maitrise parfaitement sa partition et encadre minutieusement la préparation de la guerre directe à la Russie, qui est maintenant l’objectif à l’horizon des prochaines années.

Les pseudo-inquiétudes des uns et des autres sont d’autant plus utiles à Emmanuel Macron qu’il peut s’en servir, inversement, pour se montrer lui « réaliste », ayant accès à telle ou telle information, voyant directement les choses, prenant les responsabilités qu’il faut, rejetant le bal des hypocrites, etc.

Face à la guerre mondiale pour le repartage du monde, il ne s’agit pas de faire dans la demi-mesure. Il n’y a que deux camps : celui du peuple, fermement contre l’Otan et contre la guerre mondiale, donc contre tout soutien au régime ukrainien, et celui de la superpuissance américaine qui utilise la question ukrainienne contre la Russie (et indirectement contre la superpuissance chinoise).

Cela n’a rien d’une nuance, c’est une ligne de démarcation très nette et très claire. Car la France est maintenant impliquée au plus haut point dans la guerre face à la Russie, en préparation d’un affrontement militaire direct.

En effet, le même jour la France organisait une nouvelle réunion de ministres des Affaires étrangères et de ministres de la Défense pour l’offensive contre la Russie.

Là encore, c’est très opaque, mais la presse relaie toutefois quelques informations pour assurer la propagande de guerre.

Vingt-huit pays auraient été représentés, dont l’Ukraine, des États membres de l’Union européenne, les États-Unis et le Canada.

Il y aurait été question de huit chantiers, aux contenus très explicites : munitions, principes de déstockage, cyber, protection de la frontière, protection des États vulnérables, déminage, production industrielle sur place en Ukraine et une « 9e coalition » sur les missiles.

Une « source diplomatique » a résumé la chose à la presse en évoquant un « sursaut collectif et un sentiment d’urgence qu’il faut faire plus, faire mieux, faire autrement pour l’Ukraine ».

Toujours via « source diplomatique », il est expliqué dans la presse une chose également très importante, même fondamentale. Il est question directement de l’opinion publique et du fait que nous sommes actuellement à « un moment de bascule » :

« Il y a un travail d’explication très important sur les conséquences que cela provoque en termes de sécurité, de conséquences en termes de marché agricole, de conséquences migratoires et autres… »

Il n’y a donc aucune « inquiétude » à avoir… on est déjà à l’étape d’après. La guerre à la Russie n’est plus une hypothèse, une « ligne rouge », une « escalade ». C’est une opération en préparation.

La France se prépare à la guerre à la Russie et mène en ce moment (pour le compte des États-Unis) une coalition mondiale contre la Russie.

La seule position à avoir est donc aussi claire que nette : il faut saboter les plans français de guerre à la Russie. Il faut dénoncer non pas l’escalade, mais la préparation concrète et pratique de la guerre contre la Russie.

Pour bien appuyer les choses, ont notera également cette tribune le même jour, jeudi 7 mars 2024, dans le journal Le Monde qui est un des principaux relais de propagande du régime français.

Elle est signée par Dmytro Kuleba, le ministre ukrainien des affaires étrangères, qui appelle à une multiplication de la production d’armes et surtout à la fourniture à l’Ukraine d’obus d’artillerie.

Il va extrêmement loin dans la propagande de guerre et l’appel à un engagement forcené contre la Russie.

« Si aujourd’hui l’Ukraine se trouve dans cette situation, c’est parce que nos alliés en Europe et aux États-Unis ont mis des mois à débattre avant de prendre la décision de nous fournir des munitions d’artillerie en quantité suffisante.

Parce qu’ils n’ont pas accéléré à temps leur production d’armement, qu’ils ont traîné les pieds avant de se procurer du matériel militaire auprès de pays tiers et qu’ils ont exporté des obus produits en Europe vers d’autres régions du monde. »

Il explique également, montrant l’importance du rôle de la France dans la nouvelle phase de la guerre :

« Toutes les capitales européennes doivent comprendre cette vérité simple et dure à la fois, que l’on semble déjà avoir comprise à Paris : soit nos alliés (…) aident pleinement les soldats ukrainiens dans leurs batailles pour défendre les villes et les villages d’Ukraine, soit, un jour, ce sera au tour de vos soldats de sacrifier leurs vies dans des batailles pour défendre les villes et les villages des pays d’Europe centrale d’abord et du reste de l’Europe ensuite ».

La population ukrainienne est donc tenue de tenir quelques années, comme chair à canon, en attendant que l’Europe (pour le compte des États-Unis), avec la France à sa tête, s’arme et se prépare militairement à l’affrontement à la Russie.

Il faut mettre à bas ce plan impérialiste : le socialisme doit renverser la 3e guerre mondiale. C’est cela, la réelle actualité historique !