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Refus de l’hégémonie

Ukraine: Macron, Scholz et Tusk à Berlin

C’est une séquence très forte : l’Assemblée nationale soutient l’accord franco-ukrainien le 12 mars 2024, le Sénat fait de même le 13… Puis, Emmanuel Macron accorde une interview au 20 heures le 14, et le 15 il assiste à une grande réunion à Berlin avec le chancelier allemand Olaf Scholz et le premier ministre polonais Donald Tusk.

On est là dans un épisode très organisé de l’escalade. Il a été annoncé les choses suivantes à Berlin :

  • il y aura une « nouvelle coalition capacitaire sur les frappes dans la profondeur »,
  • les livraisons d’armes et de munitions au régime ukrainien vont augmenter, y compris en procédant à des achats sur le marché mondial (la France voulait initialement que cela soit acheté en Europe seulement),
  • la production d’armes en Ukraine même va être développée,
  • les avoirs russes gelés dans l’Union Européenne génèrent des profits qui vont être utilisés en faveur du régime ukrainien
Emmanuel Macron, Olaf Scholz, Donald Tusk

Ce que cela signifie, dans les faits, est que le conflit armé en Ukraine va durer encore longtemps. La « production européenne » souhaitée par Emmanuel Macron ne se fera pas réellement, car chaque pays a ses intérêts propres, les contradictions entre puissances capitalistes restent bien trop grandes.

Une alliance, cependant, pour faire tomber la Russie est par contre tout à fait faisable, et c’est le sens réel de tout le discours sur « l’Europe » et ses prétendues « valeurs ». On remarque toutefois que le Royaume-Uni n’est pas présent, alors qu’il est militairement l’un des grands soutiens du régime ukrainien. Et même si le Royaume-Uni n’est plus dans l’Union Européenne, on n’entend pas pour autant parler de l’Italie, qui pourtant soutien le régime ukrainien également.

Ce qui se passe, en réalité, est que le Royaume-Uni qui voulait tellement entrer dans le conflit en Ukraine a décidé de laisser la France et l’Allemagne, qui comptent fournir le matériel, alors que la Pologne est censée fournir les troupes. Sur le papier, c’est ce qui est prévu pour l’instant et c’est pour cela qu’Emmanuel Macron peut, sans « mentir », dire qu’il ne veut pas que la France entre en guerre avec la Russie.

Sauf que tout cela, ce sont des contorsions, que les choses ne se déroulent jamais comme sur le papier et qu’on va dans un imbroglio militaire qui va durer des années. Moins la Russie tombera, plus les contradictions entre puissances en Europe vont s’accentuer, et tout va devenir toujours plus instable, parallèlement à un capitalisme en crise qui ne sait plus à quoi se raccrocher.

Comme, qui plus est, c’est l’incendie au Proche et Moyen-Orient, avec l’Etat israélien qui ravage Gaza et qui va bientôt entrer en guerre au Liban, et que la superpuissance américaine vise à affronter son concurrent chinois, le brasier va être d’une importance historique.

On peut dire en un sens que l’Histoire commence, du point de vue français, le 26 février 2024 avec Emmanuel Macron parlant de la possibilité de troupes au sol. Désormais, plus rien n’est pareil, dans des proportions toujours plus grandes. C’était déjà le cas depuis le Covid, mais là on entre dans une autre séquence, celle de la tentative de sauver le capitalisme par la guerre de repartage du monde. C’est une séquence historique de dimension transcendante, avec comme alternative la révolution ou la guerre !