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Refus de l’hégémonie

12 avril 2024, journée de l’escalade forcenée

La chronologie depuis le 26 février 2024 est totalement délirante. Prenons le 12 avril 2024 : en apparence, c’est une journée comme les autres. Il n’y a aucune information majeure qui a marqué l’opinion. Et pourtant, c’est une journée dramatique tellement il y a de choses.

Déjà, il y a eu Pierre Lévy, ambassadeur français à Moscou, convoqué par le ministère russe des Affaires étrangères. Cela fait suite aux propos du ministre français des Affaires étrangères, Stéphane Séjourné, affirmant que le contact avec la Russie devait être rompu.

La Russie a affirmé que « l’ambassadeur français a été informé du caractère inacceptable de telles déclarations, qui n’ont rien à voir avec la réalité », que c’est « une action consciente et délibérée » de la part de la France, « visant à saper la possibilité même de tout dialogue entre les deux pays ».

Le même jour, le ministre des Armées Sébastien Lecornu passait sur la chaîne LCI, qui est propagandiste en mode ultra pour la guerre à la Russie. Il a expliqué vouloir « moderniser » le recensement des jeunes, afin d’être en mesure d’identifier les compétences et dans une perspective de « remilitariser » la Journée défense et citoyenneté.

Toujours le même jour, Ouest France publiait un grand entretien du même Sébastien Lecornu. Voici une question et la réponse qu’il donne, et tout est clair.

L’opinion s’interroge, elle sent les bruits de bottes revenir. Faut-il se préparer à la guerre ?

S. L. : Oui, mais à celle qui pourrait éventuellement nous tomber dessus demain, pas à celles d’hier ! 

On notera que dans l’interview, Sébastien Lecornu se revendique de manière ininterrompue du gaullisme. C’est, comme on l’a remarqué ici, un nouvel outil dans la narration. La France serait « indépendante » en s’alignant sur les Etats-Unis!

Il insiste également très lourdement sur l’économie de guerre, qui serait la preuve de « l’indépendance » par rapport aux Etats-Unis. En réalité, c’est le valet qui est satisfait du rôle que lui a attribué son maître.

Le même jour, encore Ouest France publie une interview de Sébastien Lecornu pour parler de son coup de téléphone à son homologue russe. « L’échange a été dur » a-t-il dit. Et, un joli coup calculé, il explique… que la France entraîne des pilotes de l’armée ukrainienne.

Ouest France est ici un outil de la narration belliciste. C’est une opération psychologique.

Selon nos informations, des pilotes ukrainiens seraient formés dans le sud de la France à l’usage des avions de chasse de dernière génération. Vous pouvez nous le confirmer ?

Oui, sur une formation généraliste, sur Alpha Jet, qui permet à des pilotes ukrainiens d’acquérir des fondamentaux sur le pilotage d’un avion de chasse.

Dans le cadre de la réflexion sur les avions, on a réussi quelque chose de technologiquement important, l’adaptation des bombes air-sol guidées AASM sur des avions de classe soviétique.

Ce n’est pas le tout d’avoir un avion, si vous n’avez pas de pilotes formés et les munitions qui vont avec. Nous avons pris les devants avec ces bombes AASM pour être capables de fournir ces munitions à l’Ukraine.

Autre opération psychologique, toujours le 12 avril : l’annonce qu’un jeune sur deux entre 18 et 25 ans serait prêt à s’engager pour la France en Ukraine. C’est de la mythomanie bien entendu, mais les médias ont repris l’information.

D’où vient ce sondage?  Du CEVIPOF (Centre de recherches politiques de Sciences Po) et de l’IRSEM (Institut de recherche stratégique de l’école militaire). L’IRSEM est un projet du ministère des Armées, situé à l’École Militaire, membre de l’Académie de défense de l’Ecole militaire au même titre que l’École de guerre!

Quant à Sciences Po, c’est une sorte de super université pour former les cadres de l’Etat et des institutions en général. Très « à gauche » dans son identité « apparente », c’est en réalité littéralement une succursale du capitalisme moderniste.

La question était « si la protection de la France nécessitait que le pays s’engage dans la guerre en Ukraine, seriez-vous prêt à vous engager pour défendre votre pays ? », avec 51% de oui, dont 17% de « oui tout à fait » et de 34% de « oui peut-être ».

1/3 des jeunes seraient également d’accord pour une intervention française en Ukraine!

Ce 12 avril 2024 est exemplaire de la propagande à basse intensité que mène en ce moment l’Etat français. C’est une narration pour établir la guerre. La réponse, la seule réponse possible, est le défaitisme révolutionnaire!