Emmanuel Macron, le chef d’état-major de l’armée britannique, le ministre allemand de la défense, le président polonais, le président du Conseil européen et tant d’autres ont tous en commun de l’avoir répété : si tu veux la paix, prépare la guerre.
Voilà la réalité historique qui est devant nos yeux : les bourgeoisies européennes se préparent à faire la guerre à la Russie. À ces mots s’ajoutent des actes avec une remontée en puissance des budgets d’armements, de la masse militaire, des lignes de production de guerre.
Du point de vue populaire, s’il était possible de s’en tenir à l’appel à une solution diplomatique avant février 2022, avant d’espérer une paix imposée par le peuple jusqu’au 26 février 2024, la situation exige dorénavant un engagement éprouvant contre la guerre.
Et les français ont une responsabilité importante. Car depuis les propos d’Emmanuel Macron du 26 février 2024, la bourgeoisie française a décidé de prendre le relais de la puissance américaine en Europe en assumant d’être le leader politique et militaire de la préparation de la guerre à la Russie.
Car dans tous les cas de figure, la France capitaliste d’aujourd’hui, c’est la faillite générale demain. En vaut pour preuve l’explosion du déficit public, l’endettement colossal du pays alors même que le budget militaire français s’est renforcé et qu’on s’apprête à des coupes claires dans les budgets de santé et sociaux.
Dans un tel contexte, les simples appels à la paix ne servent qu’à laisser le terrain libre aux diplomates chargés de gagner du temps pour mieux permettre les préparatifs militaristes. Dorénavant, la paix, c’est seulement la pacification sociale, l’abdication envers la cause du Socialisme.
Nous sommes en 1911. Comme le remarquait Rosa Luxemburg cette même année dans sa critique des « Utopies pacifistes » :
Le militarisme est étroitement lié à la politique coloniale, la politique douanière, la politique mondiale, (…) par conséquent les États actuels, s’ils voulaient sérieusement mettre un terme à la course aux armements, devraient commencer par désarmer leur politique commerciale, abandonner le pillage colonial ainsi que la politique étrangère des sphères d’intérêt dans toutes les parties du monde, en un mot faire exactement le contraire de ce qu’est l’essence de la politique actuelle d’un État de classe capitaliste en politique extérieure comme en politique intérieure.
En 2024, le démantèlement de la Russie est devenue la condition de la relance du capitalisme français. Militarisme et capitalisme sont dès lors imbriqués dans une danse macabre : il n’y a plus de retour en arrière possible, tout le futur est conditionné par cet objectif stratégique. Par conséquent, la pressurisation sociale va s’accentuer, la situation intérieure continuer à se dégrader avec les violences anti-sociales, les trafics et la consommation de drogue, l’ultra-individualisme généralisé, la tolérance avec les mœurs féodales. Tout cela parce que la prétention de la bourgeoisie à encadrer et diriger la société se voit englouti par le militarisme…
De deux choses l’une, ou bien la bourgeoisie française réussie son plan et se relance au prix d’attaques générales contre les conditions de vie populaire et la nature pendant une décennie, ou bien la lutte des classes portée par la classe ouvrière refait surface et ouvre une nouvelle ère.
Or, comment dans une telle situation les travailleurs ne peuvent -ils pas être viscéralement opposés à leur bourgeoisie qui les embarque dans un projet de mort pour conserver sa part du gâteau de la « mondialisation » ? Une opposition qui va s’avérer douloureuse car les gens ont cru au mirage de l’accès au pavillon, à l’illusion de la vie à crédit, de la guerre limité aux confins du tiers-monde.
Après avoir vu sa vie coulée dans le béton de la « paix capitaliste », c’est la nécessité de reprendre le flambeau de la révolution sociale dans l’opposition à la guerre qui refait surface en ce printemps 2024. Un retour de bâton d’autant plus terrible que règne une grande confusion intellectuelle dans la population.
Dans les couches populaires, trop investis dans le travail manuel, il n’est pas pensé que la guerre soit « possible » du fait que la France, ce pays en déliquescence, ne peut se le permettre. Tout cela ne serait pas sérieux. Il y a là une considération juste sur le fait que les préparatifs matériels n’en sont qu’à leur début et qu’une guerre moderne prend du temps. Mais en même temps, la mise en place très concrète des préparatifs sont niés, ce qui n’aide pas à la prise de conscience.
Ouvriers, salariés, oui la France est une puissance en déclin, c’est pour cela qu’elle se précipite dans la guerre contre la Russie ! Hier comme aujourd’hui, la bourgeoisie déclinante fera toujours passer ses profits avant vos vies ! Oui il y a un plan, un budget, des préparatifs de guerre en cours, sabotez-les avant le déluge !
Quant aux couches dirigeantes, trop sûre de leur investissement dans le travail intellectuel, il faudrait dévoiler les propos des chefs d’Etat, à commencer par ceux d’Emmanuel Macron énoncés depuis le 26 février 2024. Tout cela serait en réalité un habile travail diplomatique visant à faire reculer la Russie… On a là aussi un aspect des choses qui manque la tendance de fond, celle de la guerre de repartage impérialiste comme tendance inéluctable.
Cadres d’entreprises, fonctionnaires, ne soyez pas dupes de la situation, le 24 février 2022 a montré que la diplomatie ne dure qu’un temps ! La guerre généralisée est l’issue terrible de la situation actuelle ! Refusez d’être un rouage idéologique de la machine de guerre qui se met en place !
Les personnes qui ont saisi la nécessité de se battre contre la marche à la troisième guerre mondiale doivent prendre conscience de la nature idéologique et culturelle de la bataille. Il faut se confronter à l’état d’esprit national français : celui du relativisme, du rationalisme, du scepticisme.
Concrètement cela se traduit par l’idée qu’il faudrait tout peser ; relever le pour et le contre, établir les « possibilités » alors qu’il s’agit d’une tendance de fond irrépressible même si elle se développe de manière sinueuse, avec des va-et-vient entre tensions et apaisements.
Etudiez les classiques du mouvement ouvrier d’avant 1914, lisez Rosa Luxemburg, Karl Liebknecht, Clara Zetkine, Lénine, phares de l’Humanité face à la barbarie de 1914. Retenez et appliquez la leçon si juste du communiste allemand William Pieck en 1935, qui était social-démocrate aux côtés de Rosa Luxembourg puis a affronté les nazis :
« Rien ne saurait être plus dangereux que l’illusion qu’on peut ajourner la lutte contre la guerre impérialiste jusqu’au moment où les impérialistes déclaraient leur guerre criminelle. »
La course contre la montre est lancée. Chaque jour peut voir les choses déraper : n’oubliez pas que la Première Guerre mondiale est sorti d’un fait divers qui a suffit de tout enflammer en quelque semaines. Moins des pans entiers de la population s’investissent dès maintenant, plus il sera difficile d’organiser les choses quand les choses vont sentir le roussi.
La lutte doit se construire aujourd’hui dans le but d’assumer le rapport de forces nécessaire demain, c’est une question de préservation de la vie face aux entrepreneurs de mort.
Vous qui avez compris que nous étions engagés dans un mécanique similaire à celle d’avant 1914, saisissez-vous du matériel d’agitation anti-guerre ! Collez les affiches anti-guerre, diffusez des tracts, imprimez et collez des autocollants, organisez-vous !
Brisez vos illusions, cessez d’être spectateur du déluge qui vient ! Osez sortir du carcan de la société de consommation ! Contre la guerre, un chemin s’ouvre pour une nouvelle vie radieuse ! Devenez protagoniste de l’Histoire !