La France a toujours connu des mafias, mais historiquement elles sont issues d’expression féodale, puisant dans les parcours italien et Corse. On parle ainsi de gens avec un « code », s’imaginant des « bandits d’honneur ». Vivre dans un monde parallèle était assumé, les magouilles échappaient au grand public, s’agitant dans le monde souterrain du crime ou celui de la corruption des municipalités (Lyon notamment).
Comme la France est toutefois en plein effondrement de par l’épuisement de son capitalisme, on assiste à l’affirmation d’une génération nihiliste de criminels. Depuis vingt ans déjà, les bandits « à l’ancienne » reproche aux jeunes des banlieues adoptant un parcours criminel de n’avoir aucune éthique. Mais ces dernières années ont émergé des jeunes adolescents devenant tueurs à gages, des « sicarios » à la mode mexicaine. Quelques billets, une arme et l’adolescent est prêt à ôter une vie comme on vole un téléphone.
Une délégation mexicaine était à Paris justement et le parquet de Paris a relayé ce communiqué. Car lorsque l’État s’effondre en raison de la crise, il est pris d’assaut par des forces cannibales. C’est là où on voit que si les masses populaires ne mettent pas en place un nouvel État, un nouvel ordre, on va se retrouver dans une situation catastrophique. C’est ou le peuple en armes, ou les bandits en armes.
« NARCOTRAFIC – VISITE DE LA DELEGATION MEXICAINE – MAI 2024
Frederic LE POLLOZEC, Attaché de Sécurité Intérieure au Mexique Felipe de Jesús GALLO GUTIERREZ, Chef de l’agence d’enquête criminelle du bureau du procureur général fédéral Maria Fernanda Perez Galindo, Directrice générale de la coopération internationale – Bureau du procureur de la République (FGR) Ernesto Alejandro VADILLO TRUEBA, Directeur général des enquêtes douanières – Agence nationale des douanes du Mexique (ANAM)
Ont rendu visite au parquet de Paris et aux magistrats de la JUNALCO – Juridiction nationale de lutte contre la criminalité organisée (visite organisée par la DAEI et la DCIS).
La délégation mexicaine a passé un message d’alarme à l’attention de leurs homologues français, appelant à prendre des mesures en urgence avant de se trouver dans une situation aussi grave qu’au Mexique.
Selon ces professionnels, la France est à un seuil pour prendre des mesures et ne pas commettre les mêmes erreurs.
« Les crimes organisés s’internationalisent, se globalisent. Nos systèmes pénaux garantissent les droits et libertés des personnes, mais il faudrait aussi organiser la manière de travailler contre le crime organisé ».
« Au Mexique, il y a des menaces de mort, qui se traduisent par des actes, cela modifie la manière de travailler : il faut protéger les magistrats ».
« La France peut encore proposer des modifications législatives et donner plus de pouvoir aux parquets, à la police et aux juges pour intervenir de manière efficace. Des peines plus fortes sont nécessaires ».
« Le Mexique a aussi des crimes en col blanc. Les criminels sont comme des chefs d’entreprise. Au Mexique, on commence à travailler sur la recherche et l’analyse financière, on analyse les permis d’importation, d’exportation, les échanges téléphoniques, pour savoir si l’argent des entreprises est légal ou pas. Un des principaux obstacles reste la réticence entre institutions à partager les informations, financières, et téléphoniques par exemple ».
« Le niveau de violences est important au Mexique, et ce n’est pas un exemple. Malheureusement, il faut insister auprès des politiques pour investir et renforcer les institutions. Il faut des gardes fous pour assurer l’indépendance et la stabilité des institutions ».
« Il prendre en compte la question des armes également. Il faut un contrôle des armes à un niveau européen. Au Mexique on a des munitions qui viennent de Roumanie, Russie et Bulgarie. »
Enfin, les deux délégations ont proposé d’échanger des informations de manière informelle, afin de communiquer plus rapidement et bénéficier d’une meilleure visibilité et connaissance juridique de l’autre partie. »
Ce qui caractérise le Mexique, c’est l’existence de nombreux cartels se faisant concurrence et dont les affrontements débordent très largement sur la vie « civile ». C’est beaucoup moins le cas aux États-Unis, où le crime règne également, mais pas tant avec les gangs qu’avec des mafias à l’ancienne qui prévalent tout en s’étant divisés les territoires, et disposant d’une « centrale » pour les négociations, etc.
Un autre aspect du Mexique est un « deal » non officiel. La présidence actuelle de Andrés Manuel López Obrador est contre la guerre à la drogue, et il y a un certain modus vivendi avec les cartels, en mode : vous pompez une partie des richesses nationales, vous trafiquez (drogues vers les États-Unis, racket, vol massif de pétrole, prostitution notamment infantile également massive…), mais il ne faut pas que le pays vacille, car l’économie grandit largement et c’est dans votre intérêt à vous aussi.
Le Mexique est donc aux mains de monopoles économiques et de cartels, mais en mode social avec une élévation marquée du niveau de vie, car la présidence se veut populaire, de gauche assumée, etc. C’est une sorte de social-impérialisme bureaucratique où l’armée prend une place majeure. C’est d’ailleurs l’armée qui s’occupe officiellement du « train maya » et du tourisme dans le Yucatan, la seule région du pays où les narcos ne sont pas présents en tant que tel.
Cette gestion du pays rend fou de rage les libéraux en général, pour qui le pays devient « comme Cuba », ainsi que les pro-américains en général, qui verraient de leur côté le Mexique comme jouant unilatéralement pour les États-Unis le même rôle que la Chine par le passé. Le Nord du Mexique est de fait une arrière-cour industrielle des États-Unis. Les échanges américains avec le Canada et le Mexique combinés sont environ le double de ceux avec la Chine ! La guerre sino-américaine exige une telle modification.
La tension est donc extrême, alors que l’élection présidentielle a lieu début juin 2024, et la candidate « libérale » Xóchitl Gálvez va perdre. Sa campagne est mauvaise (même si elle tente des coups comme jouer au jeu Fifa sur Playstation), alors que sa concurrente Claudia Sheinbaum fait des meetings dans tout le pays, se met régulièrement en scène avec des personnes les plus humbles en larmes dans ses bras, le tout dans une propagande ultra moderne.
La campagne de Claudia Sheinbaum est très exactement le rêve populiste de Jean-Luc Mélenchon et La France insoumise, qu’ils ne pourront jamais mettre en place évidemment, car nous ne sommes pas en Amérique latine et qu’un tel engouement social-populiste n’a aucun socle.
Mais la libérale Xóchitl Gálvez n’est pas en reste pour la suite. Elle a pris soin de saluer très largement l’armée (appelée à revenir à ses fondamentaux…). Et elle a habilement dénoncé sa concurrente Claudia Sheinbaum comme utilisant sur une jupe l’image de la Vierge de Guadalupe, alors qu’elle ne croit « ni en Dieu ni en elle [la Vierge] ».
Claudia Sheinbaum ayant des parents juifs d’Europe de l’Est (et typique de l’engagement massivement communiste qu’on peut retrouver ici), c’est l’antisémitisme et l’anticommunisme qui sont utilisés comme vecteur pour polariser à fond en prévision de la suite. Le Mexique ne va pas échapper à des tensions extrêmes, allant largement possiblement jusqu’au coup d’État militaire.
Quand on voit un tel panorama, on se dit que, tout de même, la France échappera aux narcos. Invitée à ce sujet sur francinfo le 27 mai 2024, Laure Beccuau, procureure de la République de Paris, a ainsi expliqué la chose suivante.
« La définition d’un narco-état, c’est le fait que toutes les instances décisionnelles sont finalement pénétrées, infiltrées par les trafiquants, y compris des juges, parfois des magistrats, et que dès lors, les décisions qui peuvent être prises au niveau législatif, judiciaire ou tout autre sont influencées par les trafiquants. Mais nous sommes loin d’en être là ».
Sauf que comparaison n’est pas raison. Le Mexique est devenu un narco-État après avoir été pris d’assaut. C’est dans un second temps que l’État a collaboré, fusionné. Et en France, on a tous les ingrédients pour justement une première grande vague d’installation des narcos. C’est en cela qu’il faut absolument connaître l’exemple mexicain, ainsi que l’exemple colombien.
Il suffit de lire le rapport synthétique de vingt pages de la commission d’enquête du sénat sur le narcotrafic pour voir les faits.
CE_Narco_-_EssentielL’effondrement est là. Tant la société que l’État français s’effondrent, tant les mentalités que la culture sont corrompues, affaiblies, décadentes. Il faut le Socialisme – ou c’est le barbarie ! Il faut l’État socialiste pour écraser par tous les moyens les narcos !