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Refus de l’hégémonie

Zelensky à Paris réclame « d’en faire plus »

Cérémonie en son honneur à l’Hôtel national des Invalides (musée de l’Armée), discours devant l’Assemblée nationale, visite du quartier général des Forces armées françaises, visite d’une usine d’armement, entretien avec le Président américain Joe Biden également présent à Paris, puis réception à l’Élysée : la journée parisienne du Président ukrainien Zelensky vendredi 7 juin 2024 a été très intense.

Devant l’Assemblée nationale (où le Président français n’a légalement pas le droit de se rendre), il a déclaré :

« Emmanuel, je te remercie de ne pas avoir laissé l’Europe sans leader« .

En effet, la France assume pleinement son rôle de premier vassal pour emmener le continent européen dans la guerre américaine contre la Russie.

Le Président ukrainien est venu en personne assurer la propagande de guerre et favoriser l’escalade. C’est une machine à fabriquer une opinion pour la guerre qui tourne à plein régime.

« Il faut plus, ce n’est pas un reproche. Il faut faire plus pour vaincre le mal. »

Voilà ce qu’il a assené devant une assemblée conquise, bien qu’un peu clairsemée, et l’ayant ovationné. Cela a pris une tournure particulièrement odieuse, comme la veille lors des cérémonies du Débarquement, puisqu’il a fait référence à la résistance contre le nazisme, alors que le régime dont il est à la tête en est largement imprégné (et c’est d’ailleurs officiellement ce qui lui est reproché par la Russie).

« Sans ces victoires contre le nazisme, les nations libres n’existeraient pas. Il n’y aurait pas de liberté en Europe.

Notre Europe est le résultat du courage des hommes et des femmes, qui ont résisté contre le mal. Cette unité donne de la force à notre Europe. Aucune autre motivation à part celle de protéger notre foyer et d’être des hommes dotés de liberté. »

Mais peu importe le fond, car c’est ici la forme qui compte. Tout ce qui peut favoriser l’escalade guerrière est bon à prendre pour les faiseurs de guerre, peu importe l’Histoire, la réalité ou la Raison.

Le Président ukrainien n’y est donc pas allé par quatre chemins. Il appelle ouvertement et plus concrètement que jamais à l’escalade.

Sur le plan historique, il faudra bien remarquer qu’on a un chef d’État étranger qui est ovationné par les députés français, alors qu’il vient leur intimer de faire la guerre à un autre État.

C’est le genre de chose impensable a priori, mais en réalité tout à fait possible dans la France du 21e siècle, qui n’est plus qu’une succursale américaine, accueillant une autre succursale qu’est l’Ukraine… sous la supervision du Président américain présent à Paris!

C’est une chose qui aurait été impensable ne serait-ce qu’il y a dix ans. La pandémie a fait vaciller le capitalisme, désormais c’est l’affrontement généralisé qui se met en place, avec au coeur la bataille pour l’hégémonie entre les superpuissances américaine et chinoise. Tous les autres doivent donc, au fur et à mesure, se mettre au garde à vous.

Et la France s’est vassalisée à la superpuissance américaine. La scène du théâtre du 7 juin 2024 a donc servi à ce que le président russe Vladimir Poutine soit ouvertement désigné comme « ennemi commun » de l’Ukraine et de l’Europe (la France n’intéresse en fait que comme moyen d’entrainer toute l’Europe).

Et il n’y a aucune opposition politique à cela en France. Même les plus critiques sont en fait totalement soumis au soutien à l’Ukraine, donc aux intérêts américains, au-delà des différences de forme.

Marine Le Pen critique le calendrier présidentiel français, en prétendant que la visite de Zelensky est une diversion en vue des élections européennes (dont tout le monde se fiche en réalité). Mais elle prend bien soin de préciser sa soumission :

« Je suis ravie d’accueillir monsieur Zelensky à l’Assemblée. »

Il en est de même pour la France insoumise, ou encore le PCF, qui pourtant voit très bien la situation qui se dessine. Son premier représentant, Fabien Roussel, a tout à fait bien résumé la situation actuelle :

« J’entends les appels à entrer dans une 3è guerre mondiale. À revivre un DDay. Je vois mon pays s’enfoncer dans la guerre. Nous n’en voulons pas. Le peuple doit s’en mêler ! Dire non à cette escalade militaire dangereuse ! »

Sauf qu’il est démagogique, car inconséquent, puisqu’il ajoute en fait au préalable :

« Soutenir la résistance ukrainienne, 1000 fois oui ! »

Il n’y a pas de « résistance ukrainienne », il y a un régime nationaliste et furieusement anti-Gauche (toute la Gauche y est interdite), qui sert de proxy à la superpuissance américaine pour mener la guerre à la Russie (elle-même étant relativement un proxy chinois).

La seule position valable et utile, c’est celle du refus total du soutien au régime ukrainien et de la dénonciation de Zelensky. On ne combat pas la guerre mondiale en soutenant en même temps la constitution de la guerre mondiale.

Il suffit de lire régulièrement notre chronologie de l’escalade guerrière dans laquelle est rentrée la France depuis le mois de février 2024 pour comprendre à quel point il est urgent et vitale de dénoncer l’engrenage. De le saboter même.

Il faut dénoncer avec force ces propos de Zelensky qui vient réclamer ouvertement l’engagement direct de la France contre la Russie :

« Poutine peut-il gagner cette bataille? Non, parce que nous n’avons pas le droit de perdre. Nous pouvons certainement gagner cette bataille. L’Ukraine, et donc l’Europe. L’Europe, et donc la France. »

Sur le plans des annonces, il faut retenir essentiellement quatre choses de la journée :

  • des accords avec à la clé 650 millions de prêts ;
  • des accords entre KNDS (fabriquant notamment les canons Caesar) et des entreprises ukrainiennes pour un transfert de production ;
  • la prise en charge par la France de la formation et de l’équipement d’une brigade ukrainienne (plus de 4000 soldats);
  • la fourniture d’avions de chasse de type Mirage.

Le même jour, le groupe de défense Thales a annoncé qu’il allait fournir au régime ukrainien un deuxième système de défense aérienne de type Ground Master 200, qui est un radar de moyenne portée, transportable sur camion.

La France se prépare nettement à participer directement à la guerre en Ukraine, et elle y est largement déjà impliqué. Il faut s’y opposer, il faut dénoncer l’Otan et les plans de la superpuissance américaine, il faut la guerre à la guerre!