L’ADN de la petite-bourgeoisie des centres villes s’est de s’imposer comme protagoniste de l’Histoire alors même qu’elle n’est qu’une variable d’ajustement pour la bourgeoisie modernisatrice et son turbocapitalisme.
Cela se vérifie clairement avec le pseudo espoir véhiculé par le « Nouveau Front Populaire » qui trouve à s’exprimer dans un concours d’affiches récemment lancé. Sur le site « 24×36.art », un regroupement bohème souhaite mettre à disposition des affiches en soutien au « Nouveau Front Populaire » en se reposant sur les capacités de création individuelle des « artistes, graphistes, illustrateurs, photographes ou simples citoyens ».
Voici comment est présenté la démarche :
« L’esprit du Front Populaire repose sur la solidarité, la justice sociale et la lutte contre le changement climatique.
C’est un mouvement de rassemblement et d’espoir visant à construire une société plus juste, plus humaine et plus écologique.
Nous, artistes, graphistes, illustrateurs, photographes ou simples citoyens, sommes convaincus qu’il est impératif d’accompagner avec joie et optimisme la grande révolution sociale et environnementale qui se présente à nous. »
Que ces propos sont niais, en plus d’être doublés d’un effacement de l’histoire de la lutte des classes ! C’est véritablement le triomphe de l’idéologie « macdo », c’est-à-dire le néant civilisationnel sur fond de consécration de l’ensemble des identités proposées par la société de consommation développée. Avec des mesurettes n’ayant même pas d’envergure social-démocrate réformiste au sens historique, la gauche caviar bobo s’auto-intoxique d’une manière dérisoire.
Heureusement, cela est intenable. Car la seule réalité qui vaille, c’est celle de la lutte des classes. Et de ce point de vue, on est à mille lieues de l’héritage du front populaire historique, de son universalisme lié à la lutte des classes.
Tout le côté simpliste et sans envergures des affiches tranche avec la réalité historique de la séquence 1934-1936. Car le Front Populaire historique a débuté dès le soir du 6 février 1934, par des affrontements violents dans la rue entre les communistes et l’extrême-Droite. De la même manière, la victoire de la coalition en mai 1936 avait débouché sur une vague de grèves et d’occupation massives dans les entreprises, reflet d’une conscientisation venue de loin grâce à l’implication ardente de milliers de militants !
Mais voilà les réalités telle que la classe ouvrière, la lutte des classes, la bourgeoisie, le capitalisme, le militarisme, etc., sont des choses étrangères à ce regroupement faisant un hold-up sur le front populaire historique.
Un hold-up d’autant plus frappant que sa base sociale a compris, au moins inconsciemment, que le score du RN était un message envoyé à leur encontre et tout son délire « progressiste » LGBT-Cannabis-Migrant-Palestine. Dans ces affiches, on lit vraiment l’affrontement entre la bourgeoisie modernisatrice qui vit l’ »happycratie » des grandes villes contre l’aigreur revancharde des zones populaires…
Car malheureusement les couches populaires pro-RN ne le font pas avec un engagement actif pour l’émancipation mais en se réfugiant dans le populisme conservateur. Car face à la niaiserie bobo, les zones populaires pro-RN n’ont rien à proposer de manière positive et démocratique pour être productif sur le plan de la lutte des classes et de la résolution des contradictions en cours.
Mais avec le recul historique, on ne peut que constater le double rôle joué par la gauche bobo : d’un côté, elle déforme l’histoire et n’aide en rien à la prise de conscience de l’ampleur de la crise générale du capitalisme, mais d’un autre côté, par la diffusion de ses chimères anti-prolétariennes, elle participe, bien que de manière négative et passive, à la reconstruction d’une conscience de classe prolétarienne.
Une recomposition lente, sinueuse, qui ne manquera pas de s’accélérer sur le poids de la 3e guerre de repartage impérialiste.