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Refus de l’hégémonie

L’industrie française de l’armement s’installe en Ukraine

Les Echos n’hésitent pas à donner comme titre à un article « Armement : pluie de contrats et d’accords entre la France et l’Ukraine ». C’est que la France, à la pointe de la coalition contre la Russie, s’appuie sur une industrie ultra-moderne en ce qui concerne l’armement, et avec sa capacité financière, elle est en mesure de se positionner de manière hyper-active.

Cela passe bien entendu inaperçu, seuls les médias spécialisés en parlent, de manière pointue. On est là dans des affaires d’État, des intérêts d’État.

De quoi parle-t-on ? Déjà, de Thales, une entreprise formée à la fin des années 1990 à partir des branches militaires des activités militaires d’Alcatel, de Dassault Électronique et de Thomson-CSF. Elle va livrer à l’Ukraine des équipements, former son armée à la guerre électronique, implanter une base logistique en Ukraine même.

Thales présente la chose ainsi, assumant entièrement de servir l’armée ukrainienne.

« Thales a signé à Eurosatory [salon mondial de la défense et de la sécurité] trois accords avec l’industrie ukrainienne sous l’égide du ministère des Armées français et du ministère des Industries stratégiques ukrainien.

L’objectif est de renforcer le soutien opérationnel des forces armées ukrainiennes en première ligne et de consolider les capacités de défense locales.

Les domaines de coopération incluent la guerre électronique, les communications tactiques, les systèmes de défense aérienne et les radars, ainsi que les drones. »

De manière plus spécifique :

« Le premier accord annonce l’intention de Thales de créer une entreprise commune en Ukraine, qui facilitera la livraison et l’exploitation d’équipements pour les systèmes de défense, notamment de guerre électronique, ainsi que des équipements de communication tactique, des systèmes de défense aérienne et des radars.

Le deuxième accord concerne plus spécifiquement la guerre électronique, domaine dans lequel Thales est une référence mondiale. Le Groupe fournira des services complets de formation spécialisée, d’essai et d’entretien.

Cet accord vise à développer les capacités locales de maintien en conditions opérationnelles en Ukraine, afin de réduire les cycles d’entretien et de réparation, et de garantir une disponibilité opérationnelle optimale.

Dans le cadre d’un troisième accord, signé avec le spécialiste ukrainien des drones etrobots FRDM, Thales prévoit de co-développer et de fabriquer un système de drone capable de transporter et de larguer des munitions. »

On est là dans l’impérialisme assumé. On est dans l’esprit de colonisation, dans le long terme, et on est dans le prolongement d’un choix déjà fait en amont. Qu’on ne vienne pas dire que la France ne fait pas la guerre à la Russie.

Pascale Sourisse, directeur général du développement international, a clairement dit que :

« Thales est un partenaire de longue date des forces ukrainiennes, avec lesquelles le Groupe collabore depuis plus de dix ans, d’abord dans le domaine de la guerre électronique, puis dans un large éventail de programmes.

À court terme, ces accords renforcent le soutien de Thales à la préparation des forces ukrainiennes.

Ils témoignent également de notre engagement, par le biais d’une collaboration avec des acteurs et des fournisseurs ukrainiens de premier plan, afin de nous implanter à plus long terme en Ukraine et d’y soutenir l’industrie de défense locale. »

Comme on est en économie de guerre, Thales doit également livrer plusieurs dizaines de milliers de munitions de 120 mm pour l’armée française. Son usine de la Ferté Saint-Aubin dans le Loiret va passer d’une production de 20 000 munitions par an en 2023 à plus de 80 000 par an en 2026. Dans l’usine de Limours, on produit déjà 30 radars GM par an, au lieu d’une douzaine normalement.

Dans la même perspective, KNDS France (qui s’appelait auparavant Nexter) est en capacité de produire six canons Caesar par mois, contre moins de deux auparavant, et en produira douze par mois en 2024. 36 canons Caesar vont également être vendus à l’Arménie.

Et KNDS France va installer une base logistique en Ukraine. On n’en sait pas plus, c’est confidentiel tant pour le lieu que pour ce en quoi ça consiste concrètement. Cependant, on se doute que c’est pour les canons Caesar, qui sont sur-utilisés et dont les réparations ont été initialement menées par une entreprise ukrainienne qui s’occupe d’industrie agricole.

Quant au producteur de poudre Eurenco (qui a une usine à Bergerac désormais), toute sa production prévue d’ici 2030 a déjà pratiquement trouvé preneur.

Et il y a la mise en place d’un projet de 600 millions d’euros pour un lance-roquette français, sous l’égide de la Direction générale de l’armement. On parle d’un équivalent du « Himars » américain, pour lancer une bombe à 150 km, et sont en concurrence d’un côté MBDA-Safran, de l’autre Thales-ArianeGroup. Le projet doit être validé au début de l’année 2026.

Pour un militaire français de haut rang, un haut cadre du gouvernement, tout cela semble « logique » et si on leur disait qu’ils vont sciemment à la guerre, ils le réfuteraient. Les faits sont là cependant, tels des zombies, ces gens mènent le pays à la guerre, servant le capitalisme en crise cherchant à s’extirper de sa situation.

On est dans l’inexorable marche forcée au conflit, on est déjà dans le contexte de la troisième guerre mondiale, dont l’arrière-plan principal est la compétition sino-américaine pour l’hégémonie mondiale.