Le premier tour des élections législatives de juin-juillet 2024 a lieu le 30 juin, et le week-end des 29-30 apparaît à l’échelle de tout le pays comme un psychodrame. Angoisse, amertume, inquiétude, incertitude… Rancœur, colère sourde, ressentiments… Tels sont les mots-clefs du psychodrame national.
C’est une anti-révolution. Au lieu que tout le monde bouge, personne ne bouge. Au lieu que les idées fusent, les esprits sont congelés. Au lieu que les choses changent, elles veulent retourner à leur situation antérieure !
Tout cela n’a aucune ambition ni profondeur : c’est la simple peur de gens au mode de vie petit-bourgeois. Le petit-bourgeois n’a pas le côté grandiose du bourgeois, ni le côté réel du prolétaire. Il vit avec un esprit détaché, au jour le jour, avec comme axe la propriété et le confort de sa propre vie.
Et en 2024, même les prolétaires et les bourgeois vivent ainsi en France, trahissant leur propre nature de classe. Pour les bourgeois, on peut le comprendre, leur classe est décadente. Mais pour les prolétaires, comment expliquer cela ? Comment peuvent-ils être assez corrompus pour nier l’Histoire du Socialisme depuis la fin du 19e siècle et se précipiter dans les bras du populisme ?
Que cela se passe aux États-Unis, on peut le comprendre, la Gauche n’a jamais obtenu là-bas de dimension nationale et historique. Mais en France ? Le pays de la Commune de Paris, du Front populaire, de la Résistance, du PCF des années 1950, du mouvement étudiant de mai 1968 et ouvrier de juin de la même année ?
C’est que la France est devenue une province de l’empire américain, et que tout a été lessivé. Des heures passées chaque jour sur internet, la consommation facile avec Amazon, des emplois aliénants et abrutissants… Les Français sont KO techniques et ne veulent rien savoir. Depuis 2020 et la pandémie fracassant le capitalisme, c’est une évidence.
Il faut donc qu’ils paient le prix de leur fainéantise, de leur passivité, de leurs raccourcis culturels et intellectuels. Le week-end des 29-30 juin 2024 sert de révélateur, il montre la France au grand jour, et elle ne vaut pas grand chose sur le plan de la Révolution, pour ne pas dire rien du tout.
Soit les Français l’acceptent et à ce moment-là le pays sera simplement à la dérive. Il s’effondrera progressivement, alors que le tiers-monde va se soulever. Il va être géré tantôt d’une manière, tantôt d’une autre, avec des « Républicains » face à des « Démocrates », mais cela ne changera rien au fond.
Soit les Français ne l’acceptent pas, et c’est le retour de la Politique, avec comme seule dynamique historique possible la recomposition du prolétariat pour mettre en place un nouvel ordre, par un nouvel État. Le Socialisme… Le Parti !