L’Assemblée nationale, à défaut de majorité, cherche à au moins mettre en place le cadre traditionnel, avec un président, six vice-présidents, trois questeurs, douze secrétaires. Des choses totalement inutiles dans la pratique, mais qui sont d’importance pour qui veut faire croire au parlementarisme bourgeois.
Croire, oui, car il s’agit désormais de foi, et de plus rien d’autre. Il faut se forcer pour y croire. Croire que tout est bien organisé, bien huilé, efficace comme il faut, au-delà des aléas. Que l’Assemblée nationale va s’en sortir.
Sauf que magouilles sur magouilles ont eu lieu, amenant notamment Yaël Braun-Pivet, une fidèle du Président de la République, à prendre la présidence de l’Assemblée. Pour les vice-présidents, il y a eu une tentative de bourrage des urnes avec dix votes en trop, etc.
Le spectacle fut terrible. Tout ça ne fut donc qu’une tentative pathétique d’essayer – même pas de réussir – à présenter la machine parlementaire comme capable de se mettre en place.
Le désastre continue, et la vérité, c’est que c’est un coup dur de plus dans la tentative des institutions de colmater les brèches d’une perte massive de légitimité.
Signe des temps : même l’abbé Pierre, pourtant mort en 2007, vient de se faire accuser d’agressions sexuelles. Tous les mythes tombent, le sol se dérobe sous les pieds de la société française.
C’est la putréfaction, on est clairement en pleine crise de régime.
Certains disent : on y est pas encore, car les gens ne bougent pas. Pourquoi bougeraient-ils pourtant ? Comment le feraient-ils ? Pour faire quoi ?
Les gens sont corrompus par le capitalisme, leur niveau d’organisation est nul, leurs connaissances idéologiques sont à zéro.
Ils ne vont pas se réveiller un matin en se disant qu’ils vont monter des comités populaires pour aller affronter le capitalisme.
De manière incroyable, c’est pourtant ce qu’on lit ici et là, à gauche de la gauche, chez des gens qui attendent d’être nommés les généraux de la révolution, et l’expliquent dans des analyses étoffées (PCRF, révolution permanente, PRCF, etc.).
En vérité, on est justement en pleine crise de régime, car tout le monde est nul. Personne n’est au niveau de rien, et aucune société moderne ne peut fonctionner ainsi. Et encore moins le capitalisme français en perdition, qui dégringole en termes de niveau de puissance.
On a atteint le point de non-retour de la passivité et de la fainénantise. Cela va être moche, dramatique, brutal, mais les Français l’auront bien mérité. Ils n’ont toujours pas retenu la leçon de l’arrivée subite des Napoléon, Napoléon III, Pétain, de Gaulle.
Ils n’assument pas la guerre civile, alors l’un des camps triomphe, sans coup férir. C’est lamentable, et pourtant aussi le début d’une nouvelle séquence, bien plus tendue, de portée historique !