Le Royaume-Uni connaît un épisode de violences massives, une véritable révolte à la fois populaire et plébéienne, précipitant tout le pays dans une crise existentielle. C’est la conséquence de la crise ouverte en 2020 et c’est un équivalent strict de la crise de régime actuelle en France.
C’est que contrairement à la France où l’immigration est chaotique, mais encadrée par un système social et un style français très marqué encore, au Royaume-Uni l’immigration est organisée de manière communautaire, dans un cadre économique ultra-libéral.
Il n’y a plus dans le pays de cadre social ou national, seulement la monarchie qui chapeaute une société divisée en différentes couches sociales, culturelles, religieuses, idéologiques.
Les services étatiques ont été démantelé, déstructurés ; l’idéologie est ouvertement cosmopolite LGBT post-moderne. Sur le plan économique, le coût de la vie est terrible à endurer, avec une situation misérable réelle dans des parties entières du pays.
Bref, c’est le paradis du capitalisme qui a des consommations diversifiées en mode coexistence – compétition. En France, on est dans cette tendance, mais on en est encore très loin dans la pratique. Il y a de vrais services sociaux, un cadre « républicain » qui fonctionne, etc.
C’est pourquoi en France les gens votent tranquillement pour le Rassemblement national pour « freiner » la mondialisation, alors qu’au Royaume-Uni les gens se sont fait écraser de manière totale… Jusqu’aux émeutes d’août 2024.
Tout part d’un drame le 29 juillet 2024, à Southport, dans le Nord du pays, non loin de Liverpool. Lors d’un atelier de yoga et de danse avec comme thème la très populaire chanteuse américaine Taylor Swift, un jeune déséquilibré a poignardé des gens. Il a tué trois enfants, en a blessé huit autres, ainsi que deux adultes.
C’est un jeune né au Pays de Galles dont les parents sont Rwandais ; la rumeur avait au début parlé d’un musulman. Mais dans tous les cas cela a suffi pour une vague d’émeutes, déclenché avec comme arrière-plan celle à Leeds juste auparavant.
Dans la banlieue de la ville de Leeds fin juillet 2024, les services sociaux avaient enlevé quatre enfants à des Roms, ce qui avait provoqué une émeute, porté par des Roms et des Pakistanais.
Les émeutes suivant les assassinats de Southport sont une sorte de contre-équivalent. C’est un mélange d’indignation, d’affirmation de la nécessité de l’universalisme social, de dénonciation des mœurs féodales d’une large partie des immigrés, des immigrés eux-mêmes, de l’Islam comme religion ou communautarisme.
Naturellement, au Royaume-Uni, pour la « gauche » version bobo et le capitalisme, c’est seulement du saccage et du racisme. C’est la même interprétation qu’on a en France avec le vote pour le « Rassemblement national ».
Mais si on se place dans le camp de la Gauche historique, du peuple, alors on voit bien que c’est une forme de lutte des classes. Comment expliquer autrement une mobilisation populaire allant jusqu’aux émeutes à Birmingham, Hartlepool, Sunderland, Nottingham, Stoke-on-Trent, Liverpool, Blackpool, Hull, Belfast, Darlington, Manchester, Southport, Aldershot, Leeds, Leicester, Blackburn, Preston, Bristol, Manvers, Bolton, Middlesbrough, Tamworth, Lancaster, Weymouth, Plymouth, Solihull…
La police a été visé, parfois des mosquées, parfois des lieux liés à l’immigration, dans une sorte de haut-le-cœur à la fois digne et rétrograde. C’est de l’émotion brute comme on en trouve chez les fans de métal et les bikers, avec toujours cette ambivalence entre sens de la justice et esprit de gang rétrograde.
Mais il faut voit les choses historiquement. La vérité, c’est que les masses ne profitent plus de la mondialisation, qu’elles ne veulent pas d’une société divisée en différentes couches sociales et idéologiques, avec comme seul dénomination commun l’art contemporain et la philosophie post-moderne, la « bienveillance » LGBT et le relativisme culturel généralisé.
Le peuple veut l’universalisme et personne ne peut vivre dans une société où vous avez 99% de Britanniques de souche dans tel lycée, 99% de jeunes d’origine immigrée dans tel autre. Personne ne peut accepter que Londres soit le bastion mondial de la finance, où vivent des gens avec des salaires mirobolants, alors que dans d’autres parties, notamment le Nord, ce soit la misère, avec 60% de chômage.
Regretter que les gens devraient se rebeller autrement n’a aucun sens, car la corruption par le capitalisme a été trop forte. Mais ce n’est que le début du grand craquage et ce qu’il faut c’est savoir être à la hauteur de la proposition stratégique qu’attendent les masses.
Elles ne veulent pas de demi-mesure, elles veulent le grand bouleversement et partout dans le monde depuis 2020, tout cède, tout se met en mouvement, lentement et de manière inégale, contradictoire. La tempête commence à se lever !