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Refus de l’hégémonie

L’échec de l’Ukraine dans sa tentative d’annexer Koursk

L’affrontement militaire entre la Russie et l’Ukraine connaît un grand tournant, dans la mesure où chacune des armées réussit une percée. C’est d’une telle dimension, que le conflit est partiellement revenu sur le devant de la scène médiatique.

Voyons ce qu’il en est, et pour cela présentons tout d’abord les modalités de la guerre. Pour cela, imaginons que vous êtes dans une tranchée. 24 heures sur 24, vous avez des drones qui surveillent ce que vous faites. La visibilité est totale, de jour comme de nuit, peu importe dans quel camp vous êtes.

Si vous bougez en petits groupes, vous avez des drones suicides qui se précipitent sur vous, guidés par des opérateurs retranchés sur l’autre ligne de front. Si vous bougez à beaucoup, l’artillerie vous tire dessus, en soixante secondes.

L’artillerie tire d’ailleurs plus ou moins tout le temps et les tranchées sont profondément creusées et bétonnées pour tenir le choc. Quand il y a des blessés, impossible d’appeler des hélicoptères, ils peuvent facilement se faire descendre au moyen de lance-roquettes téléguidées.

La logistique est compliquée : l’artillerie, ou pire des missiles s’il y a des regroupements importants, peuvent entrer en action.

Pour résumer : sur le papier, si vous attaquez, vous êtes morts. La seule chose possible, c’est de défendre, et progressivement affaiblir l’ennemi en face. Et cela se déroule sur une ligne de front de centaines, de milliers de kilomètres.

C’est l’arrière-plan de la double offensive russe et ukrainienne. Voici la carte au 29 août 2024, proposée par l’armée française, qui prétend ne pas être partie prenante mais en pratique soutient totalement le régime ukrainien, avec évidemment du personnel sur place malgré les dénégations.

Le point 1 indique la zone de Soudja, dans une région où la ville principale est Koursk, et où l’armée ukrainienne a pénétré en territoire russe, contrôlant entre 500 km2 et 1000 km2. Le point 2 concerne la zone autour de la ville industrielle de Toretsk, le point 3 la zone de Pokrosvk.

Commençons par l’offensive ukrainienne. Le 6 août 2024, deux brigades de l’armée ukrainienne ont pénétré le territoire russe. Au moyen d’entre 6000 et 10 000 soldats, les plus aguerris et les plus motivés, cela a été un succès apparent.

Le début de l’incursion

Dès le départ, l’incursion a réussi, et elle s’est étalée sur 1000 km2, 313 km2 étant en pratique réellement sous contrôle opérationnel ukrainien.

Cela a provoqué l’évacuation de 120 personnes dans la région, qui se sont repliées plus loin en Russie.

Les médias occidentaux ont très largement salué l’initiative, affirmant que c’était une preuve de plus de l’échec russe.

Il faut également noter que le régime ukrainien compte annexer à la Russie les régions de Rostov, de Krasnodar, de Belgorod et de Koursk. Cela les occidentaux ne le mentionnent jamais. Mais c’est assumé du côté ukrainien, et cela a été confirmé par un décret au début de l’année 2024. Le régime ukrainien veut la guerre totale contre la « Moscovie ».

L’incursion à la fin du mois d’août 2024

Le souci est qu’à la toute fin du mois d’août 2024, tout le monde est tombé du côté ukrainien sur le Président Volodymyr Zelensky. En effet, l’armée russe n’a cessé entretemps d’avancer vers Pokrovsk. Et là il est clair que les soldats employés pour l’incursion auraient été plus utiles pour la défense d’un point essentiel.

Pokrovsk est en effet situé dans la zone du grand nœud logistique de l’armée ukrainienne dans le Donbass, avec plusieurs autoroutes. Si Pokovsk tombe, toute l’armée ukrainienne dans le Donbass va vaciller. Qui plus est, il est évident que l’incursion ukrainienne dans la zone de Souja (avec Koursk un peu plus loin) ne peut pas continuer, car il n’y a ni les soldats, ni la logistique pour suivre.

L’initiative ukrainienne apparaît donc comme ayant simplement un rôle symbolique. Cela s’associe également au nouveau discours ukrainien, qui veut que la Russie soit frappée sur son territoire, de manière massive. Les appels aux occidentaux pour frapper en profondeur ne cessent plus et les bombardements ukrainiens visant la Russie montent en gamme.

Une frappe ukrainienne contre Belgorod

Le problème est en fait le suivant. Sur le plan de l’artillerie, l’armée russe dispose de bien plus de ressources, et elle utilise qui plus est massivement des bombes planantes. Partant de là, le grignotage progressif est obligé de réussir. Les bombardements massifs détruisent tout, puis les troupes avancent très lentement. Cela coûte cher en soldats, mais chez l’ennemi aussi, et le succès est assuré.

C’est là que le coup de Souja est très fort. Car du côté occidental, on ne sait militairement faire qu’une chose : attaquer. Les plans de l’Otan sont toujours offensifs, car ils s’appuient sur un double principe, celui de la supériorité aérienne et de la capacité logistique de masse.

Personne ne peut tenir la route face aux forces aériennes de l’Otan, personne n’a la capacité américaine en termes de logistique. Donc, les plans combinant les armées reposent là-dessus.

L’offensive ukrainienne à Soudja a, pour cette raison, forcément été élaborée par l’Otan, l’armée ukrainienne ne connaissant, comme l’armée russe, que le principe défensif (issu de l’URSS). Le matériel fourni par l’occident à l’armée ukrainienne allait en ce sens.

Seulement, le problème, c’est que la situation actuelle ressemble comme deux gouttes d’eau au coup de Moscou, lorsque l’armée russe a laissé aller Napoléon jusqu’à Moscou, pour ensuite démolir son armée. L’incursion ukrainienne à Soudja a forcément coûté très cher, et à quoi peut-elle maintenant bien servir ? Des troupes très bien formées se retrouvent pratiquement piégées et victimes d’une guerre d’usure.

Soldats d’une brigade ukrainienne, dont l’emblème est calqué sur une brigade d’assaut SS devenu la 36. Waffen-Grenadier-Division der SS (dans l’emblème il y a simplement une grenade qui a été ajoutée, au milieu)

Ce qui se passe est en fait facile à comprendre si on se place de notre point de vue. Nous avons annoncé ce conflit militaire six mois avant son début. Et nous avons pendant six mois dénoncé l’expansionnisme russe. Cependant, à son déclenchement, nous avons appelé à la défaite de l’Otan, et donc de l’Ukraine. Pourquoi ?

Parce que l’Ukraine ne visait pas la paix ni l’indépendance, mais s’était clairement positionnée comme force armée de l’Otan. Se fondant sur l’idéologie bandériste, l’Ukraine voulait détruire la Russie, la réduire à une « Moscovie ». C’est tout à fait assumé du côté ukrainien.

L’offensive de Souja est le produit de ce positionnement ukrainien. Au lieu d’avoir une ligne d’indépendance nationale, le régime est à la fois fasciste et expansionniste, il ne correspond en rien aux intérêts des masses ukrainiennes. La ligne agressive choisie produit des aberrations militaristes comme l’offensive de Souja, qui est une erreur monumentale, une tentative de forcer les choses, une expression de l’expansionnisme ukrainien.

Les territoires russes visés par l’annexion ukrainienne, de manière officielle

Dans la continuité d’ailleurs, Volodymyr Zelensky appelle sans cesse à l’envoi de F-16 en Ukraine, ainsi qu’au droit d’attaquer la Russie à coups de missiles longue portée. Un premier F-16 fourni par l’occident a d’ailleurs été perdu à la toute fin août 2024 et le commandant de l’armée de l’air ukrainienne, Mykola Olechtchouk, a été immédiatement limogé.

On a surtout ici l’arrière-plan le principe fasciste d’une arme suprême pour renverser le cours de la guerre, la « wunderwaffe » (arme miraculeuse) espérée par les nazis à la fin de la seconde guerre mondiale. C’est anti-démocratique et anti-populaire.

Si à l’offensive russe en Ukraine, il avait été répondu par tous les Ukrainiens dans la rue pour protester, la Russie aurait vacillé du jour au lendemain, en raison de la fraternité entre deux peuples si proches et ayant historiquement vécu côte à côte pendant des siècles.

Mais le régime ukrainien, fasciste, veut détruire la Russie, interdire Tolstoï et Dostoïevski, considérés comme « maléfiques ». La Russie serait d’ailleurs maléfique en soi.

On a une situation où il y a des centaines de milliers de morts, ce qui forme un point de non-retour dans l’horreur. Et, de toutes façons la Russie ne peut pas laisser un régime bandériste délirant à ses frontières. On est donc sans doute à un peu plus que la moitié de la guerre, qui n’est pas prêt de s’arrêter. Vers 2027, il pourra commencer à y avoir une forme de négociation réelle.

Quelle est entre-temps la ligne à adopter ? Ce n’est certainement pas les appels à la paix, comme on en trouve par exemple au PRCF ou à Lutte ouvrière, ni évidemment les appels à soutenir le régime ukrainien, comme du côté du Parti socialiste, du PCF, de LFI ou du NPA.

La vraie ligne juste, c’est celle de Rosa Luxembourg et Lénine, c’est celle du défaitisme révolutionnaire, qui appelle à la défaite de son propre camp, donc de l’Otan, donc du régime ukrainien. C’est cela, notamment et principalement, combattre le capitalisme français qui cherche une porte de sortie à sa crise dans la fuite en avant dans la guerre pour le repartage du monde.