Les Français n’ont toujours pas compris la situation, endormis par les Jeux olympiques, mais également par les mensonges des uns et des autres. Il y a ainsi le « Nouveau Front populaire » qui prétend pouvoir gouverner, avec comme Premier ministre Lucie Castets, qui cumule toutes les caractéristiques de l’esprit « parisien » (Sciences Po, ENA, haute fonctionnaire, Mairie de Paris, LGBT). Il y a Emmanuel Macron qui prétend combiner les forces « républicaines ».
Mais c’est une crise de gouvernement qui a comme base la crise de régime. Les gens ne comprennent plus rien à la politique, ils votent n’importe comment, le personnel politique est fainéant et vide. La crise commencée en 2020 a torpillé toute rationalité et le résultat, c’est le chaos de l’idéologie dominante, la paralysie à la tête de l’État.
Les Français n’arrivent plus à être entraînés par le capitalisme, par l’État, par les médias, par la politique bourgeoise. Il n’y a ainsi tout simplement plus de majorité absolue.
C’est pourquoi l’ancien Premier ministre Edouard Philippe a déclaré, le 4 septembre 2024, qu’il serait candidat pour la présidentielle de 2027. Il ne se projette pas, en réalité il estime possible une démission d’Emmanuel Macron. C’est le recours ultime pour relégitimer le régime. Et encore, pendant plusieurs mois le gouvernement n’aurait pas de majorité et reposerait sur la seule légitimité de l’élection présidentielle.
Le capitalisme ne peut qu’exiger une continuité, donc un gouvernement « technique ». Mais la tension est trop forte et le risque est immense d’encore plus enlever de la légitimité au régime. C’est le paradoxe : avec la crise de 2020, la crise est passive, plus personne n’y croyant, à part ceux qui font de l’agitation pour obtenir les places, à droite comme à gauche.
C’est là tout à fait dans l’esprit de la nature de la crise provoquée par la pandémie. Pandémie qui a littéralement disparu aux yeux des uns et des autres, alors que c’est un événement historique, mondial. C’est toutefois précisément la raison qui fait qu’on l’oublie. Personne dans le capitalisme ne veut voir un événement universel, qui pose la question du rapport à la Nature, qui implique que seule la planification et l’organisation mondiales a un sens réel.
Il est totalement fou de penser qu’il n’y a pas des jeunes, des artistes, des intellectuels, des révolutionnaires pour s’emparer de la question de la pandémie, pour en analyser le parcours et la nature, pour en chercher les implications et les conséquences. Ici, les numéros de la revue « Crise » publiée justement depuis mai 2020 ont quelque chose d’assez incroyable, puisqu’on se retrouve projeté dans le contexte de la pandémie, de « l’argent magique » déversé sur les entreprises.
On assiste vraiment à une crise à rebours, à une crise à l’envers, où les gens fuient dans le repli sur eux-mêmes et la consommation plutôt que de se précipiter pour faire de la politique. C’est le début d’une époque de bouleversement. Et il faut être prêt pour cela. Qui n’a pas accumulé des forces – intellectuelles, culturelles, idéologiques, pratiques – va regretter amèrement d’avoir dormi. C’est la fable de la cigale et de la fourmi à l’échelle d’un pays et de son histoire.