Devant la situation de crise gouvernementale s’éternisant avec 50 jours dans le vide, Emmanuel Macron a décidé de forcer les choses en nommant le 5 septembre 2024 Michel Barnier comme Premier ministre.
C’est une figure de la Droite âgé de 73 ans. En pratique, dans la Ve République, Michel Barnier, lui qui a été le plus jeune député est devenu le Premier ministre le plus âgé. Il aura d’ailleurs presque tout fait.
Il a été député, sénateur, conseiller général, président du Conseil général de la Savoie, ministre de l’Environnement, ministre délégué aux Affaires européennes, ministre des Affaires étrangères, ministre de l’Agriculture et de la Pêche, commissaire européen à la Politique régionale, député européen, vice-président de la Commission européenne, commissaire européen au marché intérieur et aux services, négociateur en chef chargé de la préparation et de la conduite des négociations avec le Royaume-Uni, négociateur en chef de l’Union européenne chargé de la préparation des relations futures avec le Royaume-Uni.
C’est précisément la raison pour laquelle il a été nommé en catastrophe. Il est le garant d’un choix, celui de protéger à tout prix le cadre européen, et à travers lui – uniquement à travers lui – la stabilité française. Il avait dit à la suite de la dissolution du parlement en juin 2024 que le risque était « un moment Frexit ».
Michel Barnier a été nommé pour présenter à la bourgeoisie pro-Union européenne, pro-américaine, la garantie que dans tous les cas, il y aurait une neutralisation de tout risque stratégique.
Choisir Michel Barnier, c’est forcer tout le camp pro-européen à s’aligner, à disposer de bienveillance envers lui. Michel Barnier est un anti-Premier ministre, c’est un fantôme, charger de maintenir le calme dans les institutions jusqu’aux prochaines élections.
Il y a ici l’espoir de gagner plusieurs mois, grâce aux tergiversations, aux négociations, aux accords, à la farouche volonté de maintenir le calme, la stabilité bourgeoise. C’est l’expression de la pesanteur du régime, permise par la passivité totale des Français, leur nullité politique, leur fragilité existentielle les amenant à ne pas se mettre en jeu humainement.
Mais le chaos de la situation historique va précipiter les choses, et la grande cassure interne au capitalisme français est inévitable dans un contexte de marche à la guerre pour le repartage du monde. C’est un premier pas dans le processus de décomposition – recomposition de la politique française.