De nombreuses semaines après la dissolution surprise de l’Assemblée nationale par Emmanuel Macron au mois de juin, la France se dote finalement d’un gouvernement le 21 septembre 2024.
Loin de mettre fin à la crise de régime, cela va au contraire en être l’accélérateur. La France se retrouve dorénavant avec un gouvernement qui ne peut pas gouverner, pour trois raisons au moins :
- il n’a aucune majorité au Parlement pour avancer ;
- il est sous tutelle budgétaire de l’Union européenne ;
- il est tenu par la guerre américaine contre la Russie.
Sur ce dernier point, il est tout à fait révélateur que Sébastien Lecornu, réputé proche du Président Emmanuel Macron, soit reconduit à la tête du ministère des Armées. Son rôle est de maintenir la soumission de l’armée française à l’Otan et de continuer à faire ce que les États-Unis décident à propos de l’Ukraine.
Il ne faudrait surtout pas y voir un gage de stabilité, car c’est au contraire une expression de la crise. La France se retrouve empétrée dans la guerre mondiale, n’étant qu’à la remorque de la superpuissance américaine et devant composer face à un embrasement généralisé.
Sur le plan économique, la situation est carrément grotesque. C’est un illustre inconnu, sorti de l’ENA en 2019, qui se retrouve à devoir gérer l’économie, les finances et l’industrie. Antoine Armand, faisant partie politiquement du camp présidentiel, va devoir conduire la politique économique d’une France en faillite et en perte de vitesse sur le plan mondial.
La Cour des comptes, par la voix de son premier président Pierre Moscovici, a bien tenu à préciser avant la nomination du gouvernement que celui-ci héritera « d’une situation extraordinairement compliquée ». Selon lui, le budget 2025 sera « sans doute le plus compliqué à élaborer depuis plusieurs décennies, peut-être depuis le début de la Ve République ».
Avec une opposition à couteaux tirés à l’Assemblée nationale (probablement relativement moins au Sénat, mais cela ne sauvera pas le régime), le nouveau ministre de 33 ans pourrait tout à fait… ne pas réussir à faire voter de budget. Ce n’est certainement pas le soutien de Laurent Saint-Martin, 39 ans, macroniste de la première heure qui se retrouve chargé du budget et des comptes public (auprès du Premier ministre), qui changera la donne.
Ce qu’il faut bien voir, c’est qu’en réalité, sur le plan politique, c’est une véritable électrocution que subit la société française. Emmanuel Macron devait être sanctionné par les urnes, il l’a été, mais il est en fait toujours là, sans aucun changement. La Ve République est prise au piège par son modèle présidentiel.
Lorsqu’il s’agissait de figures marquantes, élues pour sept ans, avec une société relativement figée, le régime pouvait maintenir une réelle pression présidentielle. Car la Ve République est née d’un coup d’Etat, et taillée sur mesure pour une démarche gaulliste ou néo-gaulliste.
Mais dans une société de consommation peuplée d’individualistes, avec un président comme Emmanuel Macron… « l’autorité » n’a plus suffisamment de poids.
D’où justement le barrage à droite d’Emmanuel Macron, pour tenter de geler la situation. Il faut ici noter la nomination de Bruno Retailleau au ministère de l’Intérieur et de Didier Migaud au ministère de la Justice. Le premier, issu de la droite réputée conservatrice et traditionnelle, le second, issu du Parti socialiste, mais avec image d’austérité, sont justement censés répondre au mécontentement des Français qui n’en peuvent plus du laxisme généralisé et du délitement social généralisé dans le pays, et qui ont en majorité voté pour les députés soutenus par Jordan Bardella.
Il y a là le second aspect important. Le Rassemblement national, la première force politique du pays, a été incapable de remporter les élections et de changer la donne, ouvrant la voie à la crise de régime actuelle. Ce qui fait que la crise devient rampante.
Le « Nouveau Front populaire » peut-il alors prendre le dessus, et poser une solution à gauche? Absolument pas, car il est porté par des bobos. Il ne porte aucune rupture historique. Ni au sujet de la guerre contre la Russie, ni pour les travailleurs dans leur rapport à l’exploitation capitaliste, ni au sujet de la Cause animale, ni au sujet de l’aliénation que développe la société de consommation.
Par conséquent, ce qui va venir, c’est la déception, l’amertume, l’instabilité. Et à contre-courant, il faut proposer la grande alternative historique à la barbarie : le Socialisme !
Voici pour conclure la liste, aussi longue qu’insignifiante, des personnes ayant rejoint l’équipe gouvernementale, dans l’ordre protocolaire tel que présenté par le Premier ministre.
Les ministres
M. Didier MIGAUD, garde des Sceaux, ministre de la Justice ;
Mme Catherine VAUTRIN, ministre du Partenariat avec les territoires et de la Décentralisation ;
M. Bruno RETAILLEAU, ministre de l’Intérieur ;
Mme Anne GENETET, ministre de l’Éducation nationale ;
M. Jean-Noël BARROT, ministre de l’Europe et des Affaires étrangères ;
Mme Rachida DATI, ministre de la Culture et du Patrimoine ;
M. Sébastien LECORNU, ministre des Armées et des Anciens combattants ;
Mme Agnès PANNIER-RUNACHER, ministre de la Transition écologique, de l’Energie, du Climat et de la Prévention des risques ;
M. Antoine ARMAND, ministre de l’Economie, des Finances et de l’Industrie ;
Mme Geneviève DARRIEUSSECQ, ministre de la Santé et de l’Accès aux soins ;
M. Paul CHRISTOPHE, ministre des Solidarités, de l’Autonomie et de l’Egalité entre les femmes et les hommes ;
Mme Valérie LÉTARD, ministre du Logement et de la Rénovation urbaine ;
Mme Annie GENEVARD, ministre de l’Agriculture, de la Souveraineté alimentaire et de la Forêt ;
Mme Astrid PANOSYAN-BOUVET, ministre du Travail et de l’Emploi ;
M. Gil AVÉROUS, ministre des Sports, de la Jeunesse et de la Vie associative ;
M. Patrick HETZEL, ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche ;
M. Guillaume KASBARIAN, ministre de la Fonction publique, de la Simplification et de la Transformation de l’action publique ;
M. François-Noël BUFFET, ministre auprès du Premier ministre, chargé des Outre-mer ;
M. Laurent SAINT-MARTIN, ministre auprès du Premier ministre, chargé du Budget et des Comptes publics.
Les ministres délégués :
Auprès du Premier ministre et du ministre de l’Europe et des Affaires étrangères :
M. Benjamin HADDAD, chargé de l’Europe ;
Auprès du Premier ministre :
Mme Nathalie DELATTRE, chargée des Relations avec le Parlement ;
Mme Maud BREGEON, porte-parole du Gouvernement ;
Mme Marie-Claire CARRÈRE-GÉE, chargée de la Coordination gouvernementale ;
Auprès de la ministre du Partenariat avec les territoires et de la Décentralisation :
Mme Françoise GATEL, chargée de la Ruralité, du Commerce et de l’Artisanat ;
M. François DUROVRAY, chargé des Transports ;
M. Fabrice LOHER, chargé de la Mer et de la Pêche ;
Auprès du ministre de l’Intérieur :
M. Nicolas DARAGON, chargé de la Sécurité du quotidien ;
Auprès de la ministre de l’Education nationale :
M. Alexandre PORTIER, chargé de la Réussite scolaire et de l’Enseignement professionnel ;
Auprès du ministre de l’Europe et des Affaires étrangères :
Mme Sophie PRIMAS, chargée du Commerce extérieur et des Français de l’étranger ;
Auprès de la ministre de la Transition écologique, de l’Energie, du Climat et de la Prévention des risques :
Mme Olga GIVERNET, chargée de l’Energie ;
Auprès du ministre de l’Economie, des Finances et de l’Industrie :
M. Marc FERRACCI, chargé de l’Industrie ;
Mme Marie-Agnès POUSSIER-WINSBACK, chargée de l’Economie sociale et solidaire, de l’Intéressement et de la Participation ;
Mme Marina FERRARI, chargée de l’Economie du tourisme ;
Auprès du ministre des Solidarités, de l’Autonomie et de l’Egalité entre les femmes et les hommes :
Mme Agnès CANAYER, chargée de la Famille et de la Petite enfance.
Secrétaires d’État :
Auprès du ministre de l’Intérieur :
M. Othman NASROU, chargé de la Citoyenneté et de la Lutte contre les discriminations ;
Auprès du ministre de l’Europe et des Affaires étrangères :
M. Thani MOHAMED SOILIHI, chargé de la Francophonie et des Partenariats internationaux ;
Auprès du ministre de l’Economie, des Finances et de l’Industrie :
Mme Laurence GARNIER, chargée de la Consommation ;
Auprès du ministre des Solidarités, de l’Autonomie et de l’Egalité entre les femmes et les hommes :
Mme Salima SAA, chargée de l’Egalité entre les femmes et les hommes ;
Auprès du ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche :
Mme Clara CHAPPAZ, chargée de l’Intelligence artificielle et du Numérique.