Les Français ont cru au capitalisme. Même s’ils ne l’aiment pas, ils l’ont accepté et se sont dit qu’après tout, il y avait toujours à y gagner. Ils ont donc perdu tout esprit critique, au fur et à mesure. Ils sont devenus propriétaires ou veulent le devenir – ce qui veut dire qu’une grande partie des Français disposent d’un capital accumulé, d’un capital potentiel. Les héritages circulent et, qu’on le veuille ou non, il y a une masse d’argent, une surproduction de capital.
Seulement voilà, la civilisation capitaliste s’effondre et en France, c’est particulièrement visible. Les Français des années 2004 seraient horrifiés de voir la France de 2024, ils n’y croiraient même pas. Rien que la fin septembre 2024 égrène ses faits divers sordides, ces faits divers qui n’en sont pas : viol et meurtre d’une jeune étudiante dans le Bois de Boulogne par un sans-papier déjà violeur, procès ignoble de Mazan avec le rôle marquant de la soumission chimique, impacts de plombs sur les vitres du collège Mallarmé à Marseille, arrestation à Grenoble de deux jeunes armés d’une kalashnikov sur une trottinette…
Et que dire d’Échirolles, en banlieue de Grenoble, justement ? Les habitants de l’immeuble « Le Carrare », qui a 80 appartements, ont eu ordre de la mairie de quitter leur logement sous 72 heures. La raison ? Un « danger de mort permanent », car le narcotrafic a pris le contrôle de l’immeuble, avec tellement de dégradations que les risques d’incendie sont patents.
Qu’est-ce que tout cela ? C’est la faillite. Une faillite qui ira en s’empirant, comme la règle le fait. Une fois en effet que les vannes sont ouvertes, impossible de freiner le processus. En fait, si, c’est possible, par la violence d’un État socialiste, l’envoi massif des éléments anti-sociaux en camps de travail – et la haute bourgeoisie fait partie des éléments anti-sociaux, au même titre que les narco-trafiquants. Il y a un grand ménage à faire.
Le souci est que plus les choses empirent, moins il y a le courage d’affronter les problèmes. On l’a vu en Italie du Sud, on l’a vu au Mexique. Qui serait assez fou pour aller se confronter à des gangs ? Seule une organisation peut le faire, une organisation plus puissante que les mafias. On parle ici d’un État. D’un État nouveau, socialiste, prenant le peuple comme levier, une armée populaire qui dialectiquement utilise cet État comme levier.
Ce n’est en effet pas l’État bourgeois qui lui va faire face à la situation. Il faudrait l’armée pour cela. Mais quelle armée ? Elle n’a pas les moyens de faire face à ça, ce n’est pas dans sa nature, et de toutes façons elle est intégrée à l’Otan et son objectif numéro 1, c’est la guerre contre la Russie.
On est donc face à un grand défi, ou plus exactement les masses font face à un grand défi. Soit elles acceptent jusqu’au bout une société à l’américaine, avec des gangs, des mafias qui frappent, avec une haute bourgeoisie qui fait ce qu’elle veut… Et encore, c’est le meilleur des scénarios, car dans cette perspective, il y a pire, comme le Mexique ou le Venezuela, avec une violence endémique, qui suinte de partout (et de fait c’est la réalité du tiers-monde).
Soit les masses refusent cet effondrement civilisationnel, et alors elles se mettent en mouvement, en étant prêt au sacrifice pour la mise en place d’un nouvel État, d’une démocratie populaire. Cela veut dire, concrètement, être pour verser son sang pour la Cause, au lieu d’accompagner passivement le capitalisme, en éventuellement votant pour l’extrême-Droite de Marine Le Pen et Jordan Bardella pour se « rebeller » à peu de frais.
Ce défi, les masses aimeraient l’éviter, cela devient pourtant de moins en moins possible et l’absence de gouvernement réel rend visible les choses. La crise rend les choses visibles, voilà ce qui se passe. Et ce n’est que le début : toute la société française, pourrissante, se démasque. Elle a fait son temps.