Donald Trump a été élu haut la main lors des élections américaines. Que représente-t-il ? Il représente la partie de la haute bourgeoisie qui dit que les États-Unis perdent la main, qu’accompagner les choses comme l’a fait Joe Biden n’est plus possible.
Au lieu de maintenir l’hégémonie américaine dans l’ordre mondial actuel, il faut chambarder ce dernier, pour permettre une hégémonie nouvelle, sur une nouvelle base, qui relance les choses pour plusieurs décennies.
Cela veut dire : fini de grappiller des points ici et là, d’affaiblir la Russie, de diffuser l’idéologie LGBT, de promouvoir un style « moderne ». Désormais, il faut passer aux choses sérieuses, il faut faire tomber la Chine, avant qu’elle ne puisse réellement concurrencer les États-Unis.
C’est la grande actualité du monde : l’affrontement entre les superpuissances américaine et chinoise pour l’hégémonie mondiale.
Comme la Russie est alliée stratégiquement avec la Chine, il faut préserver l’avenir et lui permettre de décrocher au cas où. Trop affaiblie, la Russie deviendrait un pur satellite chinois.
Par conséquent, Donald Trump est pour qu’on cesse de soutenir le régime ukrainien, qu’on trouve un accord d’une manière ou d’une autre, puis qu’on se tourne vers la Chine.
Les Européens, qui sont stratégiquement des valets de la superpuissance américaine, doivent donc choisir ce qu’ils vont faire. Et là il y a l’idée de profiter de la compétition sino-américaine pour tirer les marrons du feu.
Ce serait faire comme la Macédoine d’Alexandre le Grand qui a profité de l’épuisement de Sparte et d’Athènes, les deux grandes puissances de la Grèce antique. Par la suite, avec la mort d’Alexandre et l’implosion immédiate de son empire (ce qui fait que la fameuse Cléopâtre VII Philopator est grecque), c’est Rome qui a pris la place de la Macédoine.
Par conséquent, l’escalade contre la Russie ne peut que s’accélérer du point de vue européen. Le soutien américain allant s’amenuiser, soit les Européens le remplacent, soit ils abandonnent l’idée de se confronter avec la Russie.
Avec la crise ouverte en 2020, ils ont besoin de cette confrontation. Et s’ils ne le font pas, ce ne sera même pas le status quo, mais la mise à l’écart avec l’affrontement sino-américain.
Ce qui va se passer est donc inéluctable pour qui a compris ce qu’est l’impérialisme.
Quelles sont les forces les plus agressives ?
La force la plus agressive, c’est la Pologne. Puissant empire avec la « République des Deux Nations » en tant qu’Union de la Pologne et la Lituanie de 1569 à 1795, la Pologne a ensuite tout perdu face à la Russie qu’elle avait vaincu autrefois (seuls les Polonais sont arrivés militairement jusqu’à Moscou).
Il y a ici l’idée de refaire de la Pologne la puissance principale dans la région. Le nationalisme polonais est donc fanatique, fanatiquement anti-Russie, chauffé à blanc, avec une armée en expansion à tous les niveaux.
La Finlande est dans la même perspective, son armée est puissante et le pays est anti-Russie de manière frénétique depuis l’échec de la révolution finlandaise à la suite de la révolution russe.
La seconde force la plus agressive, c’est le Royaume-Uni. Puissance maritime, elle aimerait récupérer les ports de la Mer Noire, et elle pense qu’elle peut jouer un rôle clef en Europe du Nord. Elle est clairement prête à envoyer des troupes, tout comme les Polonais et les Finlandais le sont.
La troisième force, c’est la France, avec le choix stratégique pris le 26 février 2024.
La porte d’entrée de la France dans le conflit entre l’Ukraine et la Russie, c’est la Roumanie, exactement comme dans les années 1930 où ce pays servait déjà de passerelle aux intérêts français.
Une intervention militaire française passera par la Roumanie, et si le choix est fait de maintenir la ligne anti-Russie, l’engrenage est inévitable.
Et comme la France est une puissance en pleine érosion, on comprend que le choix n’en est pas un. Par la force des choses, par la crise du capitalisme, la France est obligée de pratiquer la fuite en avant. Elle est obligée de se lancer dans une aventure impérialiste pour le repartage du monde.
Et ce processus balaiera tous les autres existant en France : la tendance à la guerre primera, car la bourgeoisie en a besoin. La révolution se posera comme refus de la guerre, mais pas seulement : la révolution passera par le drapeau rouge de la défaite de son propre impérialisme !