Rien n’est plus étonnant qu’un esprit adulte qui se retrouve avec des jouets à sa disposition, et qui a comme mission d’agencer la vitrine d’un magasin de jouets. C’est une sensation étrange, comme si enfin on pouvait laisser libre cours à son esprit joueur, avec le regard paisible d’un enfant, pour une composition amusante, gratuite, gaie et plaisante.
Il va de soi que l’agencement du magasin de jouets lui-même relève du même esprit. Rien que pour cela, il faut des magasins de jouets. Naturellement, il faut des magasins de jouets avant tout pour les enfants. Mais pour qu’il y ait des jouets, il faut des adultes qui les conçoivent, qui les fabriquent, qui les transportent, qui les mettent en place, qui les achètent.
Les jouets servent également à façonner les esprits des futurs adultes. Aussi, la question des jouets concerne les adultes au premier plan. Et on doit dire ainsi que la société socialiste implique un magasin de jouet par quartier. C’est une obligation culturelle pour tout le monde.
Il nous faut donc des magasins de jouet, des fabricants de jouets, un intermédiaire entre les deux. Les fabricants doivent obéir à un cahier des charges établi par l’État socialiste, expression du pouvoir populaire. Il n’y aura donc évidemment pas de jouets présentant sous un jour favorable la guerre, pas d’armes en plastique, pas de petits tanks en métal, etc.
Il faut naturellement des jeux intelligents, amusant le corps et l’esprit, et contribuant à l’épanouissement de l’enfant, à son éducation également. Cela s’associe avec le fait que l’enfance doit être particulièrement protégée, choyée.
Toute cette industrie du jouet combine donc le travail manuel et le travail intellectuel, et répond aux besoins des masses. Les enfants sont présents dans la société, ils ont besoin de jouets, de vrais jouets.
Le capitalisme ne propose lui que des jouets de mauvaise qualité, des jouets répondant à une mode sans avoir d’intérêt, sans parler de l’omniprésence du smartphone déjà pour les jeunes enfants. Cela ne veut pas dire que des vidéos pour enfants soient à négliger ; Dora l’exploratrice présente par exemple quelque chose de très intelligent, de subtil.
Mais les jouets doivent être aux premières loges, de par leur rapport aux sens, de par leur présence réelle. C’est pour ça aussi que les magasins de jouet sont importants : ils présentent aux enfants un premier rapport à la réalité matérielle, avec ses nuances, ses différences.
On ne peut pas tout avoir, il faut choisir, ce sont des choses réelles.
L’importance des jouets dans la société est immense. Si on s’y intéresse, on voit bien que cela concerne tout le monde, qu’on ait des enfants ou qu’on en connaisse et qu’on veuille offrir des cadeaux. Le nombre de jouets partant à la poubelle est également aberrant.
Et si le capitalisme prétend permette aux « individus » d’être toujours plus différents, les catalogues de jouets sont de plus en plus vides sur le plan de la différence. C’est une uniformisation pour des enfants considérés comme des zombies.
Cela implique que l’industrie socialiste devra être capable de moduler les jouets ; l’artisanat pourra apporter de subtiles nuances et différences. On peut avoir une combinaison marquée du technologique, de la production de masse et de l’artisanat créatif local. Les possibilités sont immenses.
Cela veut dire que l’industrie socialiste du jouet consistera en plein d’emplois, que les jouets seront accessibles par le côté industriel, mais parfois cher avec la dimension artisanale. Qu’à cela ne tienne, pour les enfants, le prix à payer ne doit pas déranger. Et de toutes façons, cela ne sera pas pire que les profits que les capitalistes se font sur les jouets qu’ils vendent et qui sont tous pareils.
Notons pour conclure qu’on peut se douter que les Lego et les Playmobil seront encore là lorsque le monde entier sera devenu socialiste. Le côté « composition » de ces produits est particulièrement apprécié des masses. Le capitalisme maltraite par contre cet esprit, ces marques se précipitant dans le fétichisme pour proposer toujours plus, n’importe comment, comme par exemple une version Playmobil des dieux de l’olympe ou un vendeur de kebab. De cela, on peut se passer.
Il faut la place à une activité développant le corps et l’esprit, mettant en mouvement les facultés, développant les sensations. Les adultes doivent être là pour les enfants et affronter le défi des jouets et de leur production. Ils y trouveront eux-mêmes leur compte, qui plus est.