Nous assistons à un tournant, puisque l’alliance franco-britannique a été officiellement posée fin novembre 2024. Il y a là toute une narration, savamment mise en place.
Aussi, nous reproduisons ici la chronologie de l’escalade pour ces derniers jours. Les faits parlent en effet d’eux-mêmes. Rien que la journée du 29 novembre 2024 est absolument terrible. Constater les positions prises ce jour-là donne le tournis, ou plutôt la nausée.
Quand vous avez le chef des services secrets britanniques qui vient à Paris pour dire que la Russie est une ennemie pratiquant un sabotage massif…
Quand la thématique de l’envoi de troupes franco-britanniques est ouvertement abordée par un général français… Quand un ancien chef d’état-major polonais dit qu’il faut bombarder Moscou et Saint-Pétersbourg…
Nous sommes en plein cauchemar. Aussi, nous vous invitons à consulter, à diffuser le lien de la chronologie depuis le 26 février 2024. C’est la plus grande arme politique qui soit depuis cette date.
22 novembre 2024 : pas de réaction officielle américaine ni française après l’envoi d’un missile balistique russe sans charge nucléaire sur la ville de Dnipro.
Le ministre de l’Europe et des Affaires étrangères Jean-Noël Barrot reçoit Andrii Yermak, chef du bureau du président ukrainien Volodymyr Zelensky.
« Le ministre a rappelé à cette occasion que la France continuera de soutenir l’Ukraine aussi longtemps et intensément que nécessaire pour faire échec à la guerre d’agression que la Russie mène depuis désormais plus de 1 000 jours. »
23 novembre 2024 : le ministre des Affaires étrangères Jean-Noël Barrot accorde une interview à la BBC où il affirme que :
« il n’y a pas de ‘lignes rouges’ en ce qui concerne le soutien à l’Ukraine. »
Le général Jérôme Pellistrandi, rédacteur en chef de Défense nationale, affirme dans La Dépêche que :
« Vladimir Poutine déteste l’Occident et nous mène une guerre hybride, de désinformation et de menace. Et elle n’est pas près de s’arrêter. »
25 novembre 2024 : Le Monde publie un long article intitulé « Guerre en Ukraine : l’envoi de militaires européens en discussion ».
« Alors que le conflit en Ukraine connaît une nouvelle phase d’escalade, les discussions sur l’envoi de troupes occidentales et de sociétés de défense privées sur le sol ukrainien, ont été réactivées, a appris Le Monde de sources concordantes.
Des débats sensibles, pour l’essentiel classifiés, mais bel et bien relancés, dans la perspective d’un éventuel désengagement américain du soutien à Kiev après la prise de fonctions de Donald Trump, aux États-Unis, le 20 janvier 2025. »
« Au sein des armées, en particulier de l’armée de terre, il y a aussi de moins en moins de pudeur sur le rôle qui pourrait être joué par des soldats français, notamment après la cessation des hostilités. »
26 novembre 2024 : Le Parisien publie un article de propagande intense, intitulé « Bunkers et manuels de survie : devant la menace russe, ces pays européens se préparent à la guerre ».
« Face à la menace d’un conflit mondial et nucléaire agitée par Vladimir Poutine, l’Europe tente de s’organiser (…).
Aujourd’hui, la France ne dispose que de rares infrastructures sécurisées, principalement destinées à des objectifs militaires ou gouvernementaux. Le recensement des bunkers était pratiqué jusqu’à la fin des années 1980, mais mériterait aujourd’hui d’être repensé, nous indique la Direction générale de la sécurité civile et de la gestion des crises (DGSCGC).
Face à ce constat, des Français se renseignent auprès d’entreprises spécialisées pour, peut-être, construire un bunker à leur domicile. « Depuis que le gouvernement américain a autorisé l’Ukraine à frapper la Russie avec des missiles ATACMS, on enregistre une hausse très significative des demandes de particuliers », confirme Karim Boukarabila, directeur général de la société Bünkl, spécialiste de ce microsecteur qui propose des bunkers pour des prix allant de 50 000 à 700 000 euros. »
La Croix publie un article parlant ouvertement de l’envoi de troupes : « Guerre en Ukraine : la France et le Royaume-Uni à la manœuvre pour envoyer des troupes ». Comme pour l’article du Monde, il est parlé de formation et de présence pour garantir de la situation en cas de cessation du conflit.
« À Kiev, on parle de « l’alliance des audacieux », un regroupement de cinq à sept pays européens en faveur d’un déploiement de troupes sur le sol ukrainien.
Porté publiquement par la France depuis le mois de février et à nouveau évoqué par Emmanuel Macron en juin, en marge de la célébration du 80ᵉ anniversaire du Débarquement, ce projet semble en passe de se concrétiser (…).
Pour envisager un déploiement de troupes en Ukraine, Paris avait besoin d’un allié de poids en Europe. La France a d’abord tenté de convaincre le chancelier allemand Olaf Scholz, sans succès. Paris s’est tourné vers Londres et son nouveau premier ministre, Keir Starmer.
Face à l’évolution de la situation, les deux seules puissances nucléaires européennes se sont considérablement rapprochées, ces derniers jours (…).
Selon nos informations, si les deux pays réfléchissent sérieusement à un envoi de troupes au sol, ces forces n’auraient pas vocation à participer aux combats, mais plutôt à mener des missions de formation, de soutien logistique et de renseignement.
Paris forme déjà une brigade ukrainienne depuis le début du mois de septembre, dans l’est de la France. Il s’agirait de faire la même chose, mais en Ukraine : ce qui l’obligerait à envoyer non seulement des instructeurs, mais aussi des militaires pour assurer leur protection, sachant que la brigade ukrainienne formée en France ne mobilise pas moins de 1 500 militaires. »
Le président français Emmanuel Macron participe en visioconférence au sommet Nordic-Baltic Eight de Stockholm (avec les pays nordiques, les pays baltes et la Pologne). Il souligne que l’échec russe en Ukraine est nécessaire pour la sécurité du continent européen.
27 novembre 2024 : Nicolas Rivière, représentant permanent de la France auprès des Nations Unies, accuse la Russie d’escalade et affirme au Conseil de sécurité que « La Russie ne doit pas compter sur notre démobilisation ».
29 novembre 2024 : le président français Emmanuel Macron s’est entretenu au téléphone avec le président ukrainien Volodymyr Zelensky. Il a dénoncé la « logique d’escalade inacceptable » de la Russie. Le compte-rendu officiel de l’Élysée précise que :
« Le Président de la République a souligné que cette même logique d’escalade n’aurait pas raison de notre détermination à continuer d’aider l’Ukraine aussi intensément et aussi longtemps que nécessaire. »
Le même jour, le président ukrainien affirme que :
« Si nous voulons mettre fin à la phase chaude de la guerre, nous devons placer sous l’égide de l’Otan le territoire de l’Ukraine que nous contrôlons. »
Il prétend que c’est pour un cessez-le-feu :
« C’est ce que nous devons faire rapidement, et ensuite l’Ukraine pourra récupérer l’autre partie de son territoire par des voies diplomatiques. »
Le même jour, le ministre ukrainien des Affaires étrangères Andriy Sybiha a envoyé une lettre à ses homologues des pays membres de l’Otan, demandant l’adhésion de son pays.
« Je vous demande instamment d’approuver la décision d’inviter l’Ukraine à rejoindre l’Alliance, au nombre des conclusions de la réunion des ministres des Affaires étrangères de l’Otan les 3 et 4 décembre 2024. »
Le même jour, Richard Moore, chef du Secret Intelligence Service (MI6), tient un discours à l’ambassade du Royaume-Uni à Paris. Il dénonce une éventuelle victoire russe en Ukraine :
« Notre sécurité – britannique, française, européenne et transatlantique – sera mise en péril. »
Il affirme que la Russie mène une intense campagne de sabotage :
« Nous avons récemment découvert une campagne de sabotage russe d’une témérité stupéfiante en Europe, alors même que Poutine et ses acolytes recourent au sabre nucléaire pour semer la peur quant aux conséquences d’une aide à l’Ukraine. »
Le même jour, Nicolas Lerner, chef de la Direction générale de la sécurité extérieure (DGSE), salue la coopération franco-britannique.
« J’aimerais aussi indiquer combien l’action des services français et britanniques nous a permis ces dernières années de détecter, d’anticiper et de réagir de manière conjointe contre toutes les formes renouvelées d’agressivité russe et singulièrement des services russes à notre égard. »
Le même jour, interview par Le Figaro de l’ancien chef d’État-major de l’armée polonaise Rajmund Andrzejczak, qui prône la guerre.
« Il faut que les Ukrainiens puissent frapper Saint-Pétersbourg et Moscou. »
« Quand tout a commencé et que la Pologne a tout fait pour aider, donnant 350 chars à Kiev, puis des Himars, des Patriot, on a crié à l’escalade. Les Polonais ont aussi poussé pour les F16. Et malgré ces lignes rouges, rien ne s’est passé. Si les Polonais y allaient, où seraient la France, l’Allemagne ? Pour que l’Europe se réveille, elle aura besoin d’un ‘double expresso’. »
Le même jour, interview du général Jean-Paul Perruche, ancien directeur de l’État-Major de l’Union européenne, par La Dépêche du Midi. Il aborde directement la question de l’envoi de troupes françaises en Ukraine.
« C’est justement l’autre urgence : la formation des militaires ukrainiens. Maintenant, elle est envisagée directement sur place. C’est plus facile, ça va plus vite et les gens sont près de leur matériel.
Cela suppose des instructeurs, des formateurs, des conseillers, mais des agences privées peuvent aussi s’en charger avec d’anciens militaires.
Quant à l’envoi de troupes, ce serait un troisième stade, après le matériel et les instructeurs, qui consisterait alors en une force d’intervention ou d’interposition européenne.
C’est évoqué dans un certain nombre de scénarios et prioritairement pour accompagner un cessez-le-feu et donc un gel du front, un peu à la coréenne.
Maintenant, si jamais les Ukrainiens craquaient avant cet éventuel cessez-le-feu, cela poserait la question des forces Terre-Air-Mer à envoyer pour les soutenir.
L’éventail est très large.
Après les instructeurs, on a les forces spéciales et au-delà, seule la situation déterminera quelles forces envoyer, par exemple, s’il fallait protéger l’espace aérien ukrainien, mais dans ce cas-là nous deviendrions cobelligérants, un véritable tournant dans la guerre.
La France est en effet la seule puissance nucléaire de l’Union européenne (…).
Ce qui est envisagé est donc pragmatique : créer une forte coalition militaire européenne, sous l’égide de deux puissances nucléaires — France et Royaume-Uni, ce qui la mettrait un peu à l’abri d’un chantage isolationniste de la part des Etats-Unis ; une force qui pourrait répondre à différents scénarios d’évolution du conflit.
Mais il faudrait vraiment que la situation devienne catastrophique avant l’ouverture de négociations pour qu’on entre en cobelligérance.
Je ne l’envisage pas, en l’état. Mais bon… Les scénarios du pire peuvent aussi se produire. »
Le même jour, cinq députés français appellent à la « création d’une coalition européenne dans l’envoi d’instructeurs militaires en Ukraine ». L’information n’est diffusée nulle part en France.
Les cinq députés sont Frédéric Petit (Les Démocrates), Laurent Mazaury (Libertés, Indépendants, Outre-Mer et Territoires) Anne Pic (Socialistes et apparentés), Constance Le Grip (Ensemble pour la République), Xavier Roseren (Horizons & Indépendants). Il est affirmé qu’il ne s’agit pas d’envoyer des troupes au sol, seulement des formateurs.
« À l’heure où la Fédération de Russie fait appel à des milliers de soldats nord-coréens pour se battre contre l’armée ukrainienne, notre réponse doit être d’accroitre notre soutien direct à l’Ukraine ; non pas en envoyant des soldats se battre contre l’armée russe mais en envoyant des instructeurs militaires former sur le sol ukrainien des soldats qui défendent l’intégrité de leur territoire et nos valeurs démocratiques.
Les perspectives autour d’éventuelles négociations se précisant, la France et les pays européens ne doivent montrer aucun signe de faiblesse ne pas se laisser dicter leurs conduites par les lignes rouges tracées par le Kremlin. »
Il va de soi qu’il est parlé de formateurs, et pas de troupes, mais qu’en même temps il est parlé de troupes quand même. C’est le principe d’une narration. Il s’agit de présenter le conflit comme inévitable, « malheureusement ». C’est la faute uniquement à la Russie, qui est autocratique, qui l’a toujours été, etc.
Il suffit de constater l’ampleur de la crise en France pour saisir qu’on va à la guerre. La crise est économique, mais aussi morale, financière, culturelle, politique, idéologique, psychologique, sécuritaire… Il n’y a plus rien qui va.
C’est la crise capitaliste. Et la crise capitaliste provoque la guerre.
Sabotez la guerre ! Exigez que partout soit prise une position résolument anti-guerre, contre l’envoi de troupes françaises en Ukraine !
Fondez-vous sur le principe : Socialisme ou retombée dans la barbarie !