Lundi 23 décembre 2024, le Premier ministre François Bayrou est finalement parvenu à proposer un gouvernement au Président de la République, qui l’a accepté. C’était très long, car la mission était complexe ; le résultat forme un bric-à-brac impossible, allant de Manuel Valls (censé être de gauche) à Bruno Retailleau (censé être très à droite) en passant par Éric Lombard (censé être un libéral très au centre), ce qui reflète parfaitement la crise de régime et l’impossibilité de former une direction politique au pays.
Pas plus que le gouvernement de Michel Barnier, le gouvernement de François Bayrou n’arrivera à mener une réelle politique en France. Il est en effet une fiction de bout en bout, n’étant pas le produit d’une coalition politique menée autours de projets, ou au moins d’un dénominateur commun issu d’un compromis politique entre des formations.
Ce gouvernement n’est basé sur aucun socle parlementaire ; il ne repose sur aucune réalité démocratique, même en apparence. Sans parler d’avoir une majorité politique, un gouvernement doit au moins avoir une assise à l’Assemblée nationale (et relativement au Sénat) afin d’avancer. Ce n’est absolument pas le cas et le blocage politique est total, reflet de la décadence du pays et de son personnel politique.
Le Rassemblement national, qui possède le premier groupe à l’Assemblée nationale, a immédiatement été très sévère par la voix de Jordan Bardella, fustigeant « la coalition de l’échec ». Marine Le Pen, plus mesurée, évoque toutefois « une absence manifeste de légitimité et une majorité introuvable ».
Le Parti socialiste, qui était considéré, au tout début des négociations, comme une force capable de rendre possible une coalition politique, n’y va pas par quatre chemins pour critiquer et s’affirmer dans l’opposition : « Ce n’est pas un gouvernement, c’est une provocation » (Olivier Faure).
Pareil pour La France insoumise, qui continue à ruer dans les brancards en appelant à la démission d’Emmanuel Macron : « ce gouvernement n’a qu’un seul avenir : la censure. Avec la chute de Bayrou, le roi Macron sera nu. Son départ est inéluctable » (Mathilde Panot).
Du côté de la Droite, il n’y a pas de satisfaction non plus. Laurent Vauquier, chef des Républicains à l’Assemblée nationale dénonce des « équilibres » peu respectueux de sa formation politique et prévient : « le vote se décidera texte par texte ».
Numériquement, le compte n’y est pas pour François Bayrou. Il n’y a toujours pas de majorité et le nouveau gouvernement français va continuer à patauger dans la lignée de ses prédécesseurs, dans une ambiance « 4e république ».
Sur le plan politique, cela signifie concrètement la fin de la 5e République et de sa capacité à former une monarchie républicaine, centralisée et efficace, torturant de manière très habile la démocratie, mais ayant formellement l’apparence de la démocratie.
Il faut bien comprendre ce que cela signifie.
En cette fin d’année 2024, il n’y a plus en France aucune exigence d’apparence démocratique. Le régime, en crise profonde, prend une tournure qu’il faut qualifier de semi-fasciste, avec un gouvernement technique destiné à forcer les choses de manière anti-politique, donc contre toute forme de démocratie.
Si (d’après les journalistes) le Premier ministre François Bayrou s’est imposé à Emmanuel Macron, c’est bien ce dernier qui décide in fine du gouvernement. Tout cela est donc fait par en haut, avec pour nécessité l’exigence de faire tourner la machine « France ».
Pour prendre un exemple parlant, anecdotique au fond, mais très révélateur de la forme anti-démocratique des choses : Amélie de Montchalin est nommée ministre du Budget, alors… qu’elle avait perdu aux élections législatives en 2022 et qu’elle représente directement le parti d’Emmanuel Macron, largement battu aux élections anticipées de 2024.
Qu’est-ce qui reste, alors ?
La France, qui est en décadence, qui décroche sur tous les points, ses finances, son économie, sa sécurité, l’immigration, son éducation, sa culture, n’a dorénavant plus qu’une seule orientation : la guerre contre la Russie.
La seule chose qui est claire dans le gouvernement de François Bayrou, c’est qu’il est strictement aligné avec les positions les plus durement anti-russes, dans un contexte où la France est de plus en plus sollicitée par l’Otan pour soutenir l’Ukraine.
Il faut noter bien entendu le maintien en poste de Sébastien Lecornu (ministre des Armées) et de Jean-Noël Barrot (ministre de l’Europe et des Affaires étrangères), qui représentent une ligne pro-guerre extrêmement dure, totalement alignée sur les positions de l’Otan et les exigences de la superpuissance américaine.
Ces deux ministres sont des partisans acharnés de l’implication française en Ukraine, prônant systématiquement l’escalade militaire par la fourniture de matériel militaire et la formation de troupes ukrainiennes.
Jean-Noël Barrot, en service commandé pour le compte d’Emmanuel Macron, expliquait par exemple fin novembre 2024 dans la presse britannique que la France ne se fixe aucune ligne rouge, en assumant les questions de l’envoi de troupes françaises et du tirs de missiles français sur le sol russe.
En maintenant ces deux ministres, François Bayrou confirme sa position de marionnette proposant une parodie de politique, pour en fait maintenir l’essentiel : être en première ligne contre la Russie, comme vassal docile de la superpuissance américaine.
Le gouvernement formé par François Bayrou le 23 décembre 2024 est ainsi un gouvernement de pacotille, qui n’a en réalité qu’un but purement technique consistant en la préparation de l’affrontement militaire directe avec la Russie.
La Gauche, s’appuyant sur les valeurs de la Gauche historique, doit de toute urgence comprendre cette réalité et travailler à la saboter. Il faut empêcher la guerre, il faut faire la guerre aux faiseurs de guerre, il faut renverser la vapeur et détruire la troisième guerre mondiale avant qu’elle ne détruise le monde.
C’est le Socialisme ou la retombée dans la barbarie !