C’est un pas en avant de plus dans la démarche belliciste et militariste engagée par Emmanuel Macron dès le 26 février 2024, comme l’atteste la chronologie de suivi des annonces et évènements depuis cette date funeste.
En effet, lundi 20 janvier 2025, Emmanuel Macron, qui se targue d’être le garant des armées et de la « Défense nationale » alors que le régime français est miné de l’intérieur, a annoncé dans les traditionnels vœux aux armées une nouvelle Revue stratégique ainsi qu’une refonte de la journée de défense et de citoyenneté, anciennement journée d’appel de préparation à la défense (JAPD).
Cette dernière concerne près de 800 000 jeunes chaque année, et l’enjeu est de former un appel d’air dans ce moment pour capter des recrues disposées à s’engager concrètement dans l’armée. Il est visé de constituer une réserve militaire de 80 000 personnes d’ici 2030 dont l’objectif est de pouvoir « les mobiliser le jour venu« .
Car l’espoir du Service National Obligatoire (SNU) institué en 2019 est tombé à l’eau, plombé par la crise de régime mais également par la passivité généralisée et l’apathie de la population. De plus, l’idée d’un retour du service militaire obligatoire est de plus en plus incohérent historiquement du fait de la nature des conflits et de l’appareil militaire lui-même.
On se dira que cela semble paradoxal, car l’une des leçons de la guerre en Ukraine est précisément la capacité des puissances de mobiliser des masses importantes d’hommes et de matériel dans un effort prolongé. Mais, les savoirs techniques requis par les armées, y compris par un « simple » fantassin n’ont aujourd’hui plus rien à avoir avec ce que cela pouvait être, il y a même encore 30 ans.
Il n’y a qu’à voir certaines raisons des désertions qui ont eu lieu dans la Brigade Anne de Kiev formée par la France au bénéfice du régime ukrainien pour mener la guerre à la Russie. Selon certains rapports, des désertions auraient précisément eu lieu du fait d’un manque de formations de soldats inexpérimentés et ne disposant pas de moyens matériels devenus incontournables sur le champ de bataille tels que des brouilleurs de drones.
Être un fantassin aujourd’hui nécessite d’être relié à une machinerie technique sophistiquée qui exige une coordination approfondie et des compétences professionnelles, qui ne s’acquièrent pas en quelques mois…
Et comme la France est devenue une succursale de la superpuissance américaine en Europe dans sa guerre contre la Russie, il faut pouvoir assumer pleinement et de manière crédible ce rôle. Sa masse militaire mobilisable n’est ici pas suffisante, il lui faut donc pouvoir compter sur du monde, mais du monde qualifié et bien formé, discipliné et encadré, donc mobilisable et opérationnel en un temps rapide.
D’ailleurs, Emmanuel Macron a bien récité la leçon attendue par les États-Unis, se déclarant tout à fait d’accord avec l’idée de renforcer le budget européen de l’Otan. Il a appelé à renforcer la part du budget consacrée aux armées, après déjà un record de dépenses dans le cadre de la dernière loi de programmation militaire 2024-2030.
À ce titre, une nouvelle revue stratégique est en cours de préparation avec clairement l’idée d’officialiser le fait que la France assume son rôle de leader dans la guerre européenne à la Russie.
Dans le même temps, les conditions de la troisième guerre mondiale se mettent rapidement en place, et il ne faudrait pas que l’opinion publique décroche en France, se mette à vraiment contester l’orientation prise alors même que la 5e République prend l’eau de toutes parts.
Il faut pouvoir continuer à faire passer les choses de manière « naturelle », en continuant à compter sur une société française anesthésiée et des oppositions politiques totalement alignées sur l’orientation prise depuis le 26 février 2024. Il est alors plus aisé de capter des « profils civils » en mesure de renforcer les armées sur des segments qualifiés, tels que les drones, l’intelligence artificielle, le cyber…, que d’opter pour un retour du service obligatoire, coûteux et susceptible de provoquer trop de remous.
Ce qui s’annonce c’est un renforcement clair du militarisme dans toute la société, et surtout à destination de la jeunesse. Il suffit de voir comment les affiches de propagande pour intégrer l’armée pullulent dans certaines villes du pays pour comprendre la dimension idéologique visant à hypnotiser et capter certains pans de la société.
Le pari de l’état-major de l’armée française, c’est de pouvoir compter sur une armée professionnelle disposant d’une technologie de pointe tout en étant reliée à une base élargie dans la société civile. Une base qui pourra s’engager directement mais aussi suppléer à l’encadrement de la paix intérieur.
C’est la raison pour laquelle les vœux se sont tenus cette année devant le Commandement de l’appui terrestre numérique et cyber à Cesson-Sévigné (Ille-et-Vilaine), appuyant l’idée d’une armée technologiquement à la pointe visant le renforcement de ses dépenses « d’innovation » en la matière. Après avoir replâtré en 2023-2024 certains capacités productives du complexe militaro-industriel français en matière de production massive de munitions (obus, canons, etc.) , il lui faut maintenant sécuriser sa dimension « qualitative », en termes matériel et humain.
Le ton des vœux aux armées de ce début 2025 par Emmanuel Macron traduit la nouvelle donne issue de l’élection de Donald Trump comme 47e président des États-Unis. La bourgeoisie française va suivre coûte que coûte la dynamique de survie de l’Occident impulsée par une superpuissance américaine décidé à repartir à la conquête du monde.
Il faut se préparer à affronter le militarisme français qui redouble d’ingéniosité pour embarquer le pays derrière la superpuissance américaine pour la troisième guerre mondiale !