À partir du 6 février 2025 se déroule à Paris une semaine consacrée à l’intelligence artificielle, qui doit se conclure par un Sommet international les 10 et 11 février. C’est une initiative publique, initiée directement par l’Élysée, qui est de la plus haute importance, puisque la perspective consiste ni plus ni moins qu’à relancer le capitalisme.
Il est énormément misé sur l’intelligence artificielle, avec l’idée qu’il s’agirait d’une révolution au moins équivalente à celle d’internet, voire de l’informatique, voire de la machine à vapeur ayant lancé l’ère industrielle.
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La France entend se positionner pour se maintenir sur la scène mondiale grâce à cette technologie, présentée comme miraculeuse. Voici comment la Direction générale des entreprises (dépendante du ministère de l’Économie et des finances) met en avant la situation en France.
« La France compte 590 start-ups qui se consacrent à l’intelligence artificielle, dont 16 licornes. Elles ont bénéficié d’1,5 milliard d’euros d’aides publiques en 2022 qui leur ont permis de développer de nombreux produits et services reposant sur de l’IA. »
Le document parle de 2022, alors qu’il date de septembre 2024 et qu’il n’a pas été mis à jour : ce n’est pas gagné encore que cette mobilisation pour l’intelligence artificielle. Le décalage entre le rêve et la réalité est flagrant, néanmoins il y a l’idée d’enfin s’y mettre sérieusement.
Il y a ainsi déjà de nombreuses « licornes » françaises, c’est-à-dire des entreprises du numérique dont la valorisation est supérieure à 1 milliard de dollars. Elles sont 16, dont la « proposition de valeur » est centrée sur l’intelligence artificielle : Aircall, Alan, Algolia, ContentSquare, Dataiku, EcoVadis, Exotec, Ivalua, ManoMano, Meero, Mirakl, Owkin, Payfit, Qonto, Spendesk, Younited.
Il y a également de grandes entreprises étrangères qui ont choisi la France pour « implanter ou renforcer leurs laboratoires » dans le domaine de l’intéligence artificielle : Alphabet (Google), Cisco, Criteo, DeepMind, Fujitsu, HPE, IBM, Intel, Meta, Microsoft, NaverLabs, Samsung, SAP, Uber.
La semaine débute par deux journées « scientifiques » les 6 et 7 février 2025. C’est l’Institut Polytechnique de Paris qui s’en charge avec conférence scientifique internationale (« AI, Science and Society »), mais le Président général de la conférence est américain (le professeur Michael Jordan de l’University of California).
Voici une traduction de sa présentation de l’événement :
« Cette conférence interdisciplinaire offrira une plateforme pour explorer la manière dont l’IA peut être informée par l’intelligence collective et contribuer à la compréhension de celle-ci dans les domaines scientifiques, économiques et autres.
En favorisant le dialogue entre experts en IA, en sciences naturelles et en sciences sociales, la conférence cherche à mettre en évidence les synergies entre ces perspectives, non seulement pour approfondir notre compréhension de l’état actuel de la technologie de l’IA, mais aussi pour façonner son développement futur dans une direction qui corresponde aux valeurs et aux priorités de la société. »
Ensuite est prévu un « weekend culturel », les 8 et 9 février 2025, destiné au « grand public », d’abord sur le site François Mitterrand de la Bibliothèque Nationale de France à Paris le samedi, puis à la Conciergerie le dimanche, toujours à Paris. C’est le ministère de la Culture qui s’en charge.
Enfin, les 10 et 11 février 2025 doit avoir lieu le Sommet international, réunissant d’importants acteurs mondiaux du secteur au Grand Palais.
La première journée doit consister en différents ateliers, conférences et tables-rondes avec des gens comme le PDG d’Airbus, le Président de l’Estonie, le Secrétaire Général de l’OCDE, le PDG de Capgemini, la Directrice exécutive de Mozilla Foundation ou encore le Président de Microsoft.
Le lendemain est consacré à une journée plénière au Grand Palais avec de nombreux chefs d’État devant échanger sur « sur les grandes actions communes à mettre en œuvre » dans le domaine.
Le Premier ministre indien, Narendra Modi, sera vice-Président de la conférence.
Le vice-président américain J.D. Vance (qui a fait carrière dans le numérique) représentera la superpuissance américaine et le vice-Premier ministre chinois Ding Xuexiang représentera la superpuissance chinoise.
La présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen ou encore le chancelier allemand Olaf Scholz sont également attendus, ainsi que le directeur général d’OpenAI (ChatGPT) celui d’Alphabet (Google), de Deepmind, de Microsoft.
Avec ce sommet, la France entend se placer comme étant incontournable sur le plan éthique. Il est censé aboutir sur la création d’une fondation pour l’intérêt général dont le but serait de « montrer que l’IA appartient à tous les pays et développer des modèles d’IA souverains grâce à des outils en open source ».
C’est bien entendu en pratique une manière pour la France de tenter à exister dans ce domaine.
Et ce à un moment clef pour le capitalisme en crise, qui cherche à tout prix des moyen de se relancer. La tendance à la guerre est un aspect, la mise en avant de l’intelligence artificielle pour relancer la productivité est un autre.
La grande majorité des entreprises américaines utilise d’ailleurs déjà l’intelligence artificielle.
Tout s’accélère. C’est l’actualité du capitalisme, et il s’agit de ne surtout pas être largué, dépassé et ratatiné sur ses principes, mais au contraire de voir et comprendre la marche du monde, pour le révolutionner !