Dans le cadre du Sommet pour l’intelligence artificielle (IA) qui se déroule à Paris entre le 6 et le 11 février 2025, Emmanuel Macron a donné une interview au journal le Parisien dans le quel il dit sans détours :
« Je vois beaucoup plus l’intelligence artificielle comme une manière de recréer de la compétitivité et de la productivité pour nos industries, de créer de nouveaux secteurs, de repenser le temps et l’aménagement du travail. »
Le capitalisme espère avoir trouvé dans l’IA un moyen de se relancer. C’est déjà très clair avec les multiples plans d’investissements annoncés ces derniers temps un peu partout, et aussi par certaines grandes entreprises du secteur tels qu’Amazon, Microsoft, etc.
Et tout cela ne fait qu’accentuer la compétition mondiale, terreau fertile pour le déploiement des conditions de la guerre de repartage entre les deux superpuissances américaines et chinoises.
« Est-ce que l’on est prêt à se battre pour être pleinement autonomes, indépendants, ou est-ce qu’on laisse la compétition se réduire à une bataille entre les États-Unis d’Amérique et la Chine ? »
La vérité c’est que la bataille est déjà pleinement lancée ; la France et l’Europe sont larguées. À peine quelques jours après sa prise de fonction comme 47e Président des États-Unis, Donald Trump signait un décret pour un plan d’investissement massif de 500 milliards dans des centres données baptisé « Stargate ».
Avant que ne suive la sortie tonitruante du robot conversationnel chinois DeepSeek, provoquant une panique financière des grands acteurs occidentaux du secteur du fait de ses capacités technologiques équivalentes mais pour un moindre coût…
Alors la France à bout de souffle cherche à faire bonne figure en prétendant être dans la course. Emmanuel Macron vend carrément l’IA comme quelque chose qui va accoucher d’une meilleure société, il faudrait pouvoir l’accepter comme telle, etc.
« Il faut que l’IA se diffuse. »
« Il nous faut plus de patriotisme économique et européen. Il faut y aller à fond acheter l’IA française et européenne à chaque fois qu’elle existe ! »
« C’est un continent d’innovation.
Il faut l’embrasser avec confiance et l’intégrer parce que cela va nous permettre de faire mieux, de vivre mieux. »
Il y a clairement tout un dispositif idéologique pour vendre la modernisation du capitalisme. Mais l’arrière-plan, c’est toujours et encore la guerre de repartage. Et les envolées d’Emmanuel Macron sur le patriotisme sont des mensonges.
Il suffit de voir qu’a été signé par la France ce vendredi 7 juillet 2025 un plan d’investissement dans le domaine par les Émirats arabes unis.
C’est le fonds MGX qui est chargé de s’occuper de la construction d’un centre de données adossé à un « campus » sur l’Intelligence Artificielle, annoncé comme le plus grand d’Europe, pour une valeur de 30 à 50 milliards d’euros.
Le fonds d’investissement MGX crée à Abu Dhabi aux Émirats arabes unis en 2024 par la réunion du fonds d’investissement Mubadala et l’entreprise G42, née en 2018 dans le secteur du « cloud » et de l’IA. Le fonds MGX est également associé à OpenAI et Softbank pour le projet Stargate aux États-Unis.
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Le président émirati Mohammed ben Zayed al-Nahyane et le président français Emmanuel Macron, avec au premier plan l’homme d’affaires émirati Khaldoon al-Mubarak et le ministre français des Affaires étrangères Jean-Noël Barrot
En réalité, les Émirats arabes unis sont une tête de pont pro-américaine au Moyen-Orient et cherchent à diversifier son économie de rente d’hydrocarbures. Et comme l’IA exige des sommes faramineuses, le tournant a clairement été pris avec comme objectif de continuer la marche forcée vers la modernisation dans un rapport directe de dépendance aux États-Unis.
Dans la foulée de la signature du plan d’investissement, la secrétaire d’État à l’Intelligence artificielle, Clara Chappaz, a annoncé mettre à disposition 35 sites en France d’une surface de 1 200 hectares pour la construction de nouveaux centre de données. L’espoir est d’attirer toujours plus de capitaux étrangers en France pour investir dans le secteur.
Avec un tel projet d’investissement en France par les Émirats Arabes unis et les annonces de sites dédiées, la France tente de se maintenir dans la compétition entre les grandes puissances. L’IA, c’est le gisement pour les profits de demain mais également un vecteur assumé pour la guerre de repartage à venir. Il faut donc en être…
Mais pour cela, la France, tout comme l’Europe, n’a d’autre perspective que de se vendre toujours plus à la superpuissance américaine, elle et ses mastodontes qui monopolisent tout le secteur de l’IA. Et de se placer à la remorque de ses plans de guerre contre sa rivale, la superpuissance chinoise.
Il est impératif de comprendre les enjeux de ce qui se passe. Ce n’est pas avec une « gauche de la gauche » larguée culturellement, politiquement, intellectuellement qu’on pourra faire quoi que ce soir.
Il faut de l’exigence, il faut des orientations solides, il faut des mentalités d’acier, alors que le monde connaît une formidable accélération dans sa transformation. Et c’est Socialisme ou retombée dans la barbarie !