Lors de sa première visite en dehors des États-Unis, le vice-président JD Vance a tenu un discours particulièrement agressif et résolument libertarien lors de la clôture du Sommet pour l’intelligence artificielle (IA) à Paris le 11 février 2025.
Il est même difficile de citer des passages du discours du vice-président des États-Unis tant il est tout du long une offensive claire et nette en faveur de l’expansionnisme américain. Et comme prévu, cet expansionnisme se couple à une vision libertarienne totalement assumée dans l’espoir de légitimer la modernisation du capitalisme.
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Dans l’optique libertarienne, il a fustigé le rôle néfaste joué par les réglementations d’État pour le développement total de l’IA :
« Je ne suis pas ici ce matin pour parler de la sécurité de l’IA, qui était le titre de la conférence il y a quelques années. (…)
Une réglementation excessive du secteur de l’IA pourrait tuer une industrie transformatrice au moment même où elle prend son essor, et nous ferons tout notre possible pour encourager des politiques d’IA favorables à la croissance. »
Dans cette optique, les États-Unis n’ont pas signé la déclaration finale du sommet de l’IA se prononçant pour une forme de régulation et laissant une porte ouverte à des partenariats avec la Chine. Le discours est de toutes manières jonché d’appels à la déréglementation et au laissez-faire capitaliste cher aux libertariens.
En parallèle à cette rhétorique, JD Vance ne s’est pas caché du fait que les États-Unis avait dorénavant les coudées franches dans la guerre de repartage qui l’oppose à sa rivale chinoise :
« Je voudrais également rappeler à nos amis internationaux ici présents qu’il n’est jamais rentable à long terme de s’associer à de tels régimes.De la télévision en circuit fermé à l’équipement 5G, nous connaissons tous la technologie bon marché sur le marché qui a été fortement subventionnée et exportée par des régimes autoritaires.
Mais comme je le sais, et je pense que certains d’entre nous dans cette salle l’ont appris par expérience, s’associer avec eux signifie enchaîner votre nation à un maître autoritaire qui cherche à s’infiltrer, à creuser et à s’emparer de votre infrastructure d’information. »
C’est clairement un coup de pression de la superpuissance américaine sur le reste du monde, en fait surtout sur les puissances secondaires de l’Occident capitaliste. De toute manière, tant les récents propos de Marine Le Pen que ceux d’Emmanuel Macron dans le cadre des investissements dans l’IA prévus en France démontrent la soumission totale de la France à la marche forcée de la superpuissance américaine pour la sauvegarde de son hégémonie.
Dans le cadre de son coup de pression, JD Vance a rappelé que l’IA n’était pas seulement une technologie tournée vers le monde immatériel des seuls travailleurs des service mais qu’elle était bel et bien la source pour des nouveaux profits bien réels :
« Ce qui m’enthousiasme le plus dans l’IA, c’est qu’elle est ancrée dans l’économie réelle et physique.Le succès du secteur ne dépend pas uniquement de personnes intelligentes qui s’assoient devant un écran d’ordinateur et codent. Il dépend de ceux qui travaillent avec leurs mains, même si la robotique va changer nos usines. (…)
Nous sommes confrontés à la perspective extraordinaire d’une nouvelle révolution industrielle, comparable à l’invention de la machine à vapeur ou de l’acier Bessemer, mais elle ne se produira jamais si une réglementation excessive dissuade les innovateurs de prendre les risques nécessaires pour faire avancer les choses, et elle ne se produira pas non plus si nous laissons l’IA être dominée par des acteurs massifs qui cherchent à utiliser la technologie pour censurer ou contrôler les pensées des utilisateurs. »
Un gisement pour de futurs profits qui doit par ailleurs permettre une neutralisation de la lutte des classes :
« IA crée de nouveaux emplois et de nouvelles industries, notre gouvernement, nos entreprises et nos organisations syndicales ont l’obligation de travailler ensemble pour renforcer les capacités des travailleurs. »
Le discours de JD Vance sonne comme une nouvelle illustration de la brutale accélération de la crise avec la réélection de Donald Trump à la présidence des États-Unis.
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à l’Elysée le mardi 11 février 2025
Il n’y a plus de doute à avoir sur le fait que le monde sombre dans le chaos, avec les grandes entreprises de la Tech américaine et chinoise qui se livrent une lutte à mort, pavant la voie à la troisième guerre mondiale.
Quiconque a cru aux promesses démagogiques de Donald Trump, homme de paix, en paient le prix cher. L’actualité du monde, c’est la guerre et la relance du capitalisme, agressive car liée à la tendance à la guerre. Rien n’est en dehors de cela et il n’y a plus d’espoir à avoir dans une quelconque réglementation du capitalisme.
Y compris d’ailleurs dans les domaines écologiques comme l’a bien rappelé JD Vance :
« Un trop grand nombre de nos amis se désindustrialisent d’une part et chassent l’énergie fiable de leurs pays et de leurs réseaux d’autre part. L’avenir de l’IA ne se jouera pas sur des questions de sécurité [c’est-à-dire de réglementations sociales, éthiques et environnementales]. »
L’alternative est posée de manière la plus claire qu’il soit : le capitalisme accélère sa modernisation, accélérant dans le même temps la tendance à la guerre de repartage du monde entre les deux superpuissances américaines et chinoises.
Alors, soit la révolution empêche la guerre, soit la guerre provoque la révolution. Dans tous les cas, c’est Socialisme ou retombée dans la barbarie.