Raphaël Glucksmann prend l’opinion publique à la gorge en utilisant le souvenir des accords de Munich de 1938, donnant lieu au dépeçage de la Tchécoslovaquie au profit de l’Allemagne nazie, comme équivalent aux négociations en cours entre les États-Unis et la Russie au sujet de l’Ukraine.
Dans ce contexte, dans une intervention mercredi 14 février 2025 à la radio RTL, l’eurodéputé a remis une pièce dans la machine belliciste, en appelant à renforcer militairement l’Europe pour prendre le relais militaire des États-Unis en Ukraine :
« Il faut des actes qui suivent. D’abord qu’on livre à l’Ukraine enfin ce qu’elle a besoin pour résister, qu’on saisisse les 200 milliards d’avoirs publics russes qui sont en ce moment même gelés dans nos banques et qu’on les affecte à l’aide à l’Ukraine.
Qu’on montre que si les Américains cannent et que les Américains abandonnent l’Ukraine, et que les Américains trahissent les principes qui ont structuré la paix en Europe, nous, nous serons capables de les défendre. »
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Et sans aucune honte, il a déclaré que Donald Trump « sacrifiait l’Ukraine », ajoutant que « Donald Trump est le jouet de Vladimir Poutine », alors même que l’Union européenne entrerait en guerre avec la Russie d’ici peu de temps… Il faudrait par conséquent « lancer un emprunt de 500 milliards » d’euros pour financer le militarisme européen.
Dans le quotidien italien le Corriere della Serra, il a même dit qu’il fallait la guerre, que certains pays l’avaient déjà compris et qu’il faudrait s’aligner sur eux.
« En Europe, il y a les pays clairement pro-russes, la Hongrie d’Orbán et la Slovaquie de Fico.
De l’autre côté, les pays baltes, les pays scandinaves et la Pologne, les seuls qui aident réellement l’Ukraine et qui se préparent déjà à une nouvelle guerre, sur le sol de l’Union européenne, dans les années à venir.
Et puis ceux qui hésitent, l’Allemagne mais aussi l’Italie et la France. »
Voilà qui est clair : Raphaël Glucksmann se moque totalement de la nation ukrainienne. Ce qui compte pour lui, c’est d’être le bon petit vassal des États-Unis. La vérité, c’est que l’Ukraine s’est dépecée elle-même en acceptant de se vendre dès le début à la superpuissance américaine.
Lorsque nous avions dit cela en 2022, c’était incompris, mal vu, car les gens ont oublié l’héritage du mouvement ouvrier guidé par le principe de compter sur ses propres forces, aussi maigres soient-elles. C’est aussi une des raisons pour lesquelles une proposition comme la gazette Rosa n’a pas trouvé d’écho entre 2022 et 2024.
Aujourd’hui, les choses sont limpides : les Ukrainiens auraient dû assumer leur pleine souveraineté, mobiliser le peuple dans une lutte nationale-démocratique contre l’oppression de leur nation.
Tel n’a pas été le choix, tout le monde préférant croire aux fables des États-Unis et de leurs suppôts européens sur une victoire triomphante sur une Russie à bout de souffle. Et maintenant, l’Ukraine est vendue à la découpe sans aucun état d’âme aux intérêts des géants de la Tech américaine.
Raphaël Glucksmann peut dire ce qu’il veut, la vérité c’est que cette proposition vient de Volodymyr Zelensky lui-même et de l’ensemble des partis représentés à la Rada, le parlement d’Ukraine amputé, il est vrai, des partis de gauche qui ont été interdits au printemps 2022.
Si Donald Trump n’est pas le jouet de Vladimir Poutine, l’inverse véritable c’est que Volodymyr Zelensky et le régime de Kiev sont les jouets de la superpuissance américaine, et cela depuis bien longtemps.
C’est au mois d’octobre 2024 qu’a été présenté par Volodymyr Zelensky et voté par le parlement un « Plan pour la Victoire » contenant cinq points fondamentaux, ainsi que trois annexes secrètes, connues des seules puissances occidentales invitées à investir dans le pays. Le point numéro quatre propose sans détour :
« Le quatrième point est le potentiel économique stratégique. L’Ukraine propose à ses partenaires stratégiques un accord spécial pour la protection conjointe des ressources critiques du pays, ainsi que pour l’investissement et l’utilisation conjoints de ce potentiel économique.
Il s’agit de ressources naturelles et de métaux critiques d’une valeur de plusieurs billions de dollars américains, notamment l’uranium, le titane, le lithium, le graphite et d’autres ressources stratégiquement précieuses, qui constituent un avantage significatif dans la concurrence mondiale. »
« Les gisements de ressources critiques en Ukraine, ainsi que le potentiel de production énergétique et alimentaire de l’Ukraine, d’importance mondiale, font partie des principaux objectifs prédateurs de la Fédération de Russie dans cette guerre. Et c’est là notre chance de croissance », a déclaré le président.
Ce point comporte également une annexe secrète qui n’est partagée qu’avec des partenaires désignés. »
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Voilà démasqué tout le caractère anti-démocratique du régime de Kiev à la solde des États-Unis depuis le départ dans sa lutte contre la Russie, et surtout la Chine, et qui maintenant se retrouve sacrifié sur l’autel de la guerre entre grandes puissances.
Alors que des négociations avaient commencé dès l’automne 2024 avec l’administration de Joe Biden, le régime ukrainien a pris soin de ralentir les négociations pour les reprendre avec la nouvelle présidence de Donald Trump, entièrement acquise à cette proposition commerciale.
Les Ukrainiens et les peuples ne font que redécouvrir une leçon qu’ils n’auraient jamais dû oublier depuis la première guerre mondiale, et qui avait été admirablement bien résumé par l’écrivain Anatole France :
« On croit mourir pour la patrie, on meurt pour des industriels. »
Raphaël Glucksmann peut dire ce qu’il veut, la vérité c’est qu’il ment aux peuples, à commencer par le peuple ukrainien. Il continue à vendre les illusions américaines en voulant faire de l’Europe son meilleur représentant : il est l’ennemi numéro 1 du peuple.
Jamais il n’a été question de libération nationale, d’émancipation démocratique de l’Ukraine, mais toujours de garanties offertes aux États-Unis pour sauver leur hégémonie dans le monde face à la superpuissance chinoise.
L’arrivée de Donald Trump au pouvoir et les perspectives de négociation avec la Russie sur fond de partage des ressources minières pour le développement de l’intelligence artificielle ne font que révéler de manière claire et nette cette dimension qui était posée dès le début de la guerre en février 2022.
Aux peuples du monde de sortir de leur apathie et d’assumer leur autonomie face aux agissements militaristes des grandes puissances et de leurs bourgeoisies toujours prêtes à se vendre au plus offrant. Prolétaires de tous les pays, unissez-vous !