L’Assemblée nationale, le 3 mars 2025, a accueilli une « déclaration du gouvernement sur la situation en Ukraine et la sécurité en Europe », suivie d’une intervention de députés au nom des différents partis politiques représentés.
C’était un épisode essentiel, annoncé comme tel par l’organe principal du régime, Le Monde. Dans son éditorial du jour, L’indispensable débat national sur l’Ukraine, on lisait :
« Légitimement inquiets face à la politique internationale de Donald Trump, les Français doivent savoir quelle vision défendent leurs élus et sur quels alliés ils comptent s’appuyer (…).
Un grand dessillement est nécessaire, qui doit s’étendre également au monde de l’entreprise, aux partenaires sociaux, à la société civile, pour permettre une discussion sur des questions essentielles auxquelles l’ordre mis en place après la seconde guerre mondiale répondait. Il s’agit de paix, de guerre et de ce qu’elles impliquent en matière de priorités nationales, parmi lesquelles figurent également la réponse aux dérèglements climatiques et la préservation du modèle social français. »
C’est un appel à l’unité. Et elle a bien lieu. Le Monde constatait le même jour que « Les macronistes se ressoudent autour de la question ukrainienne », soulignant l’unité stratégique des partis Renaissance, MoDem et Horizons.
La Droite traditionnelle s’est alignée aussi.
L’ambassadeur d’Ukraine était présent et a, dès le départ, été salué au nom du pays par la présidente de l’Assemblée nationale, Yaël Braun-Pivet. Les députés, tous ensemble en même temps, ont applaudi pour le saluer.
Quand on dit les députés, on parle des députés présents, car bien entendu dans un tel régime décadent, tous n’étaient pas là, loin de là. C’est le paradoxe, puisque le premier ministre François Bayrou a affirmé que la situation était gravissime, en raison de la guerre en Ukraine et de la nouvelle position américaine.
Il l’a dit sur un ton fatigué, lui-même semblant épuisé, à bout de souffle comme le pays qui se sent perdu, ne comprend plus rien, ne sait plus à qui ou quoi se fier.
C’est la raison de la fuite en avant dans le militarisme. C’est pour cette raison que les pires, ce sont les réformistes, surtout les socialistes et les écologistes. Ils s’imaginent porter l’utopie européenne ; ils se veulent les porteurs du capitalisme social de type européen. Ils rêvent de devenir la plus grande puissance mondiale, fantasmant sur l’unité des pays européens.
Que dit Cyrielle Chatelain, des Écologistes ? « L’Europe est au pied du mur ».

Par conséquent :
« Le groupe écologiste et social soutient donc un engagement militaire renforcé à destination de l’Ukraine, notamment par la fourniture d’équipements de défense avancés, la formation des forces ukrainiennes et le renforcement des troupes européennes dans les pays frontaliers de l’Ukraine. »
Pour aider à financer tout cela, il faut confisquer les avoirs russes. Et il faudra juger Vladimir Poutine.
Boris Vallaud, au nom des socialistes, a dit que la guerre de l’Ukraine était également la nôtre. Il faut, selon lui, la « victoire » de l’Ukraine.
Il a, pour cette raison, dit que le gouvernement pouvait faire ce qu’il voulait en faveur de l’Ukraine, les socialistes le soutiendront.
C’est là un chèque en blanc, un appui fondamental au gouvernement, mais pas seulement, au régime lui-même, dans sa marche à la guerre.

La preuve, c’est que Boris Vallaud explique qu’il faut se substituer aux États-Unis pour soutenir l’armée ukrainienne. Il faudrait « investir encore davantage dans l’Otan ».
« Nous devons aller plus loin », « nous sommes au pied du mur », « l’Europe doit croire en sa force, nous sommes ce qui reste du monde libre ».
Le plus fou, et c’est typique des socialistes, cet appel au bellicisme se fait derrière le masque de la « paix ». Ce serait pour préserver la paix, pour éviter la politique de grande puissance de Donald Trump, qu’il faudrait se précipiter pour le militarisme !
C’est le monde à l’envers. Un autre exemple est Aurélien Saintoul, le représentant de La France insoumise. Alors qu’il est censé être de gauche, il a fait l’éloge de Charles de Gaulle pour sa politique de puissance indépendante par rapport aux États-Unis.
On est ici dans le social-impérialisme : la France ne serait pas une puissance « mauvaise », elle jouerait toujours un rôle progressiste dans le monde. Si ce n’est pas le cas, c’est que le gouvernement serait mauvais. Aurélien Saintoul le dit explicitement : « la France doit faire le choix de la grandeur ».
C’est là du pur nationalisme « de gauche », qu’on retrouve chez la Gauche Républicaine et Socialiste ou le Pôle de Renaissance Communiste en France. Dans le contexte actuel, cela fait passer de tels groupements littéralement à droite.

Jean-Paul Lecoq, pour le Parti Communiste Français, était lui sur une autre planète, appelant à une conférence internationale sur la paix, en suivant… la Chine et le Brésil.
Voilà on en est. Alors que reste-t-il ? La seule opposition à cette marche à la guerre, mais ce n’est pas une réelle opposition, c’est la droite nationaliste, avec Éric Ciotti et Marine Le Pen. Mais ce sont des médiocres, qui n’affrontent pas frontalement le risque de guerre.
C’est un prétexte pour eux pour dénoncer l’Union européenne, rien de plus. Car, au fond, ils ne croient pas en la guerre.
Même Sébastien Lecornu, le ministre des armées, le seul cadre étatique qui ait un réel niveau, n’y croit pas, alors qu’il est son premier artisan. Il croit en ce qu’il dit, comme lors du débat à l’Assemblée nationale où il est intervenu pour affirmer que l’armée française ne sera pas envoyée sur le front, dans les combats.
Il est sincère lorsqu’il pense que les troupes envoyées serviront de « garantes » de la paix, et que les médias présentent mal les choses, laissant une certaine ambiguïté faisant peur aux gens.
Et pourtant, rien que le fait de parler d’envoi de troupes montre déjà bien sa vanité. De plus, il y a bien une narration pour l’escalade, qui est savamment distillée.
Même si les porteurs de cette narration sont sincères dans leur idée que c’est l’escalade pour la désescalade, en réalité c’est la guerre qu’ils portent.
Le même jour, il y a eu une conférence virtuelle du « groupe des cinq » – France, Royaume-Uni, Allemagne, Italie, Pologne. L’information n’a pas circulé en France, mais dans d’autres pays : le groupe des cinq a convenu de continuer le soutien politique et militaire à l’Ukraine.
L’Histoire se décide sans les masses et contre elles. L’Ukraine sert de chair à canon et va continuer à servir de cette manière les appétits des puissances dans le cadre de la bataille pour le repartage du monde.
Il faut affronter cette réalité – ou la révolution empêche la guerre, ou la guerre provoque la révolution !