Le peuple a, en France, raté une opportunité historique. Les élections législatives de juin – juillet 2024 avaient ébranlé le régime de la cinquième République, en mettant en pièces la légitimité du président Emmanuel Macron et en bloquant la voie à toute majorité gouvernementale.
Six mois après, Emmanuel Macron est de retour sur la scène, apparaissant comme le chef de guerre de l’Europe face à « la menace existentielle russe ».
C’est un désastre total, qui a comme origine l’immaturité politique des masses françaises. Elles ont un niveau de conscience catastrophique, elles sont pourries gâtées par le haut niveau de consommation capitaliste, elles sont farouchement opportunistes également.
Le prix à payer est désormais clair : le capitalisme français veut s’en sortir par la guerre et entraîne les masses amorphes dans ce processus belliciste.
Tout cela, sans qu’Emmanuel Macron ait en rien changé de nature. On a ainsi le média Blast, un de ces médias de gauche financés évidemment par la bourgeoisie « de gauche », qui a annoncé que celui-ci était fasciné par une Aston Martin (à 200 000 euros), et qu’il a même essayé cette voiture de James Bond dans les jardins privés du pavillon présidentiel de La Lanterne à Versailles.
L’Elysée a… démenti, ce qui montre le niveau qu’on a atteint en France. On est dans le spectaculaire et l’anecdotique, dans le néant sur le plan des idées et ne parlons même pas de culture.

Les gens sont pétris dans le 24 heures sur 24 de la consommation, qui va devenir avec l’intelligence artificielle également le 24 heures sur 24 de la production. On consomme, on individualise, on n’assume rien et on relativise tout, et surtout… on fuit.
On fuit les responsabilités au travail, sur le plan sentimental, sur le plan social, sur le plan politique. On cherche des échappatoires, à tout prix et à tout moment. On ne construit rien et même on se moque de ceux qui le font, en considérant que c’est prétentieux ou vain.
Car, on l’aura remarqué, lorsqu’on aborde les choses de la vie sous un angle sérieux, on a forcément l’une de ces deux accusations. Soit ce qu’on fait est prétentieux : d’où pense-t-on pouvoir comprendre les choses? Soit ce qu’on fait est vain : oui, c’est vrai, nous répond-on, mais les gens ne changeront jamais.
Dans un tel panorama, il va de soi qu’Emmanuel Macron a toutes les latitudes possibles pour pousser la France dans le sens de l’affrontement militaire avec la Russie.

Le maximum de la critique qui a existé dans le pays quant aux plans d’Emmanuel Macron, c’est : oui mais la hausse du budget des armées ne doit pas se faire au prix des retraites.
Voilà où nous ont amené les syndicalistes. En réduisant tout à des questions d’aménagement du capitalisme, le pays peut aller à la guerre sans aucune opposition. C’est bien la preuve que le syndicalisme doit faire du syndicalisme, mais avoir conscience de son rôle secondaire et subordonné à la politique.
De toutes façons, il est trop tard. Les dés sont lancés. Aujourd’hui, Emmanuel Macron va parler à des chefs d’états-majors, au nombre de 31. Quand on fait ça, ce n’est pas pour dire : on pourrait éventuellement… il serait bien de… peut-être est-il envisageable de…
Il faut que les Français arrêtent de se voiler la face. Le régime a un gouvernement qui fonctionne sans majorité et un président qui entraîne le pays dans la guerre. Et eux, que font-ils ? Absolument rien. Cela aura son prix et il va être élevé.
Et rien ne pourra les sortir d’une telle situation sans une autocritique farouche, rigoureuse, complète. C’est le sens même de la période qui s’ouvre : la grande remise en cause.