A l’initiative du ministre français des armées, Sébastien Lecornu, et en marge du Forum de Défense et de Stratégie à Paris, s’est tenue une réunion dans le but de coordonner l’initiative politique du déploiement militaire en Ukraine.
Les ministres présents étaient ceux des forces militaires européennes les plus importantes (en plus de l’Ukraine et la Russie) : Boris Pistorius (Allemagne), Guido Crosetto (Italie), Wladyslav Kosiniak-Lamyz (Pologne) et John Healey (Royaume-Uni).

D’emblée, le ministre italien a posé le contexte de la réunion dans le sillage de la réunion confidentielle d’une trentaine de chefs d’états-majors occidentaux, initiée par Emmanuel Macron :
« Aujourd’hui, Sébastien [Lecornu], John [Healy] et leurs chefs d’états majors nous ont présenté le processus qu’ils ont lancé voilà quelques semaines, et qui a été l’objet de la réunion des chefs d’état-major de nombreux pays d’hier […], ainsi que les différents scénarios possibles dans les semaines a venir. »
Mais évidemment, l’acceptation par l’Ukraine de la proposition (américaine) d’un cessez-le-feu de 30 jours suite à la rencontre diplomatique en Arabie-Saoudite entre ukrainiens et américains a permis aux différents ministres de mettre la pression sur la Russie.
Les cinq ministres se sont montrés tout à fait d’accord sur le fait que tout était maintenant suspendu à la réponse donnée par la Russie à la proposition, comme l’a souligné Sébastien Lecornu :
« La balle est évidemment dans le camp de la Russie et c’est au fond la vraie négociation qui va débuter prochainement pour nous permettre d’avoir un cessez-le-feu et commencer à détailler, discuter, les véritables paramètres de ce que pourrait être une paix durable »
Dans ce cadre, les cinq ministres européens visent, comme prévu, à garantir les intérêts de la superpuissance américaine en Europe en se faisant les garants militaires face à la Russie.
D’ailleurs, le fait que cette réunion soit à l’initiative de Sébastien Lecornu confirme, s’il le fallait encore, que la France se place comme une puissance belliciste assumée contre la Russie.
Le possible accord de cessez-le-feu correspond parfaitement à cette logique, car il permettrait de gagner du temps en vue de constituer la fameuse « force d’intervention » occidentale, disposant d’armes en quantité suffisante et d’un commandement adéquat.
Si la réunion des 34 chefs d’état-major, bien que totalement opaque, visait certainement à penser et planifier le déploiement militaire de troupes en Ukraine, celle des cinq ministres européens des armées cherche à évaluer et satisfaire les moyens financiers et politiques d’une telle entreprise.

Dans le cadre de cette économie de guerre, il a été souligné les urgences que sont la défense sol-air, le spatial, bien évidemment les munitions, le système d’alerte anti-missile ainsi que la relocalisation industrielle « en commun ».
Il y a toujours plus un travail d’approfondissement vers la mise en place des conditions concrètes de la guerre.
Il s’agit de trouver financements et c’est pourquoi l’Allemagne, par la voix de Boris Pistorius, a d’ores et déjà annoncé un projet de révision de sa constitution, dans le but de lever les freins à l’investissement dans l’industrie militaire. C’est dans le même esprit qu’il a été admis qu’il fallait plus de simplification dans certaines directives.
Ces responsables politiques s’imaginent jouer des « bons coups » et qu’ils avancent vers leur rêve libéral, alors qu’ils ne sont que des marionnettes de la guerre de repartage impérialiste qui se déploie sous nos yeux.
Enfin, il a été soulevé la question de l’interopérabilité des forces militaires européennes, toujours soumises à la logique des Etats-nations. Il y a clairement là le rêve de fonder une armée européenne dans le cadre d’une Europe fédérale.
C’est l’utopie bourgeoise du moment, c’est une tentative illusoire de dépasser les contradictions entre grandes puissances européennes. Non seulement on va à la guerre, mais le tout se produira dans des déchirements internes et une compétition acharnée, en Europe même.
Aux forces populaires de ne pas se laisser embobiner ! Soit la Révolution empêche la guerre, soit la guerre provoque la Révolution !