L’ensemble de la presse marocaine a constaté il y a peu une flambée des prix des oeufs. La raison en est que c’est le mois du Ramadan dans la religion musulmane et à cette occasion de nombreux gâteaux sont cuisinés.
Ce n’est pas tant que la production est insuffisante, c’est plus qu’il y a de nombreux intermédiaires et là l’offre et la demande jouent à plein. Voici une simple constatation du média économique marocain Medias24 :
« À l’approche du mois sacré, la consommation d’œufs connaît chaque année une forte hausse au Maroc. À mi-Ramadan toutefois, les prix ont chuté de 30% sur les marchés de gros. »
La vice-présidente des marchés de France, Maria Da Silva, a tenu des propos allant dans le même sens. Sur BFMTV, le 16 mars 2025, elle a expliqué que :
« Au moment du ramadan, les gens consomment énormément d’œufs. Ils cuisinent, ils font leurs gâteaux, donc oui, il y a une grosse consommation d’œufs actuellement. »
Que n’a-t-elle pas dit cette simple vérité, somme toute logique ! Tous les médias pro-Islam en France lui sont tombés dessus. Islamophobie ! On accuse les musulmans de provoquer des pénuries !
Une idéologie de la victimisation bien connue, et même théorisée historiquement par les Frères musulmans. En soi, cela n’a rien d’étonnant.
Ce n’est pas plus étonnant que tous les médias ont dit que c’était faux, que ses propos étaient erronés. L’exemple marocain indique pourtant, s’il faut une preuve, qu’il en est bien ainsi : un pic de consommation d’un certain produit implique une surtension dans l’offre et la demande.
C’est vrai même pour un produit hyper-industrialisé, de nature cauchemardesque comme les œufs. Les usines à œufs sont une entreprise de terrorisme généralisé contre le vivant.
A ces pleurnicheries s’est associée la gauche de la gauche qui fait du racolage auprès des musulmans. Le député La France Insoumise Aly Diouara, a relayé la séquence vidéo en commentant : « Vous êtes de grands malades ». Un excellent exemple de pleurnicherie.
Révolution Permanente s’est bien évidemment précipité sur l’affaire, avec un récit déformant la réalité de manière populiste, à son habitude :
« Maria da Silva, vice-présidente de la fédération des marchés, a accusé ce lundi les musulmans d’être responsables de la montée du prix des œufs. Une saillie absurde, visant simplement à détourner le sujet de la responsabilité des détaillants, mais qui révèle le climat violemment islamophobe entretenu depuis des années par l’État français. »
La loi capitaliste de l’offre et de la demande disparaît. Drôle de marxisme ! Par contre, ce serait la faute au détaillant, ce qui est une critique typique en défense du consommateur. On est dans la victimisation.

Kévin Dufour s’est tué à moto, c’est toujours une information terrible. Les accidents de moto sont violents, on a vite l’image en tête. C’est une mort dramatique.
C’était un influenceur connu pour sa moto rose, il avait 40 000 abonnés et les hommages sont nombreux. Le Parisien réalise à son sujet un article élogieux.
Sauf qu’en fait, non. Cet influenceur s’est tué sur sur la route départementale 446 à Saclay, non loin de Paris, car il a renversé à toute vitesse un piéton, ce qui l’a déséquilibré. Le type était un assassin à grande vitesse et sur les réseaux sociaux il faisait un éloge des parcours à plus de 200 km à l’heure.
On est dans le beauf assumé. Mais ce n’est pas grave : la victimisation l’emporte. Quant à la vraie victime, renversée par une moto à grande vitesse, pas un mot pour elle.


Ce motard laisse derrière lui une compagne et une petite fille. C’est terrible. Paradoxalement, il était ambulancier. C’est vraiment n’importe quoi.
Cela rappelle le suicide du cheminot le soir du réveillon 2024. Il avait sauté de son train en marche. Il était syndicaliste et tout le monde l’avait salué bien bas.
Une rupture sentimentale avait provoqué son geste, il avait laissé un message à ce sujet. Mais ce type laisse derrière lui son enfant, un enfant autiste, qui avait été hospitalisé de nombreuses fois.
On est ici non pas seulement dans une fuite avec le suicide, mais également et même surtout dans une ignoble lâcheté. On est dans la trahison. Et là encore, c’est conforme à l’esprit de victimisation.
Un esprit de victimisation propre au consommateur du 24 heures 24 de la consommation. Le consommateur se prend pour le roi, son ego est en expansion permanente. Jusqu’à ce que la réalité le rattrape.
C’est le drame terrible de toute une époque. On a ainsi ce couple, dont l’homme a acheté une maison, en Seine-Maritime (76). Il ne peut plus la vendre, car on a découvert des galeries souterraines issues d’une exploitation passée de la craie.
Ce sont des travailleurs piégés par le capitalisme, car le capitalisme prétend qu’acheter son logement coûte moins cher que de le louer. C’est faux. À moins d’être un capitaliste et de posséder un lot de logements, acheter coûte plus cher.
Il y en effet toujours des travaux à faire et cela coûte une fortune. Ce que la compagne de l’acheteur constate dans un appel dramatique, protestant contre la réalité elle-même. Elle dit en effet qu’il ne faut pas avoir à payer pour ses ancêtres.
C’est là une incompréhension fondamentale que toute notre réalité provient de nos ancêtres. C’est le principe de mode de production, mais cela les travailleurs n’y connaissent rien, s’étant focalisés sur leur intégration dans le capitalisme. Et ne comprenant pas la lutte des classes, il ne leur reste plus qu’à se victimiser.
Voici, l’appel, désespéré et cynique en même temps puisqu’il appelle même à supprimer les pourboires pour les fournir à la cagnotte. On est dans le courage et la tristesse, la dignité du réel et en même temps, malheureusement, la fuite désespérée.
« Bonjour je m’appelle Virginie et je souhaite aider mon compagnon qui a travaillé toute sa vie pour devenir propriétaire. Il a réalisé son rêve mais aujourd’hui on nous annonce qu’il ne peut plus faire de travaux ou même vendre la maison car il y a deux marnière au pied de la maison dont une plus grosse que l’autre le coût des travaux de forrage on coûter 30000euros. pour sécuriser la maison le montant est de 190000euros la maison n’est pas fini de payer il reste 130000euros de crédit alors je fais appel à vous pour aider franck à garder sa maison je sais qu’il y aura des personnes qui critiquerons ma démarche mais je menfou complètement on ne peut pas laisser une personne payer pour les travaux des ancêtres il n’a aucune aide de l’état. alors aidons franck cela peut vous arriver aussi vous pouvez choisir le montant de vôtre don rien est plafonné vous pouvez retirer les pourboires aussi merci encore pour votre soutien »
Absolument tout est dit avec :
« on ne peut pas laisser une personne payer pour les travaux des ancêtres il n’a aucune aide de l’état. »
On a là le noyau dur de la pensée des travailleurs. Ils ont tous accumulé du capital, mais ce capital n’a pas le dimension du capital des capitalistes. Alors ils se retrouvent à être des capitalistes à moitié.
On appelle ça des petits-bourgeois. Et quand les choses vont mal, on demande à l’État (comme avec les gilets jaunes), ou bien on proteste contre la réalité (comme en votant pour le Rassemblement national).
Pour résumer, les travailleurs ont perdu le sens de l’Histoire. Comment peut-on dénoncer les « ancêtres » ? Les travailleurs ont oublié les conditions de vie d’il y a trente ans, d’il y a cinquante ans, d’il y a soixante-dix ans. Et quand on dit oublié, en fait ils ne les connaissent parfois même pas.
Alors, forcément, quand les choses tournent mal, quand le capitalisme ne satisfait pas l’installation petite-bourgeoise, c’est le désarroi au lieu de la rage, la victimisation au lieu de la révolution.
Et toute cette idéologie de la victimisation est diffusée par le capitalisme lui-même, à travers l’idéologie du consommateur.