Le titre est bien choisi : « réunion de Paris sur la paix et la sécurité pour
l’Ukraine ». Qui peut s’opposer à ça ? Et pourtant, qui a compris les leçons de l’Histoire, qui se positionne sur les valeurs de la Gauche historique, sait que cela veut dire la guerre.
Qu’a dit Emmanuel Macron ?
« En cette troisième année de la guerre d’agression de la Russie contre l’Ukraine, nous sommes très clairement à un point de bascule. Les négociations ont débuté, j’y
reviendrai. Elles sont bienvenues. »
Cela veut dire : la bascule est faite, vos négociations nous feront semblant de les trouver très bien, faites ce que vous voulez, mais ce n’est pas notre position.
On lit justement plus loin :
« Nous sommes tous lucides et nous tirons tous le même constat : il y a une volonté
de paix, il y a des discussions.Y a-t-il des négociations de paix ?
C’est assez difficile de conclure qu’il y aurait des négociations de paix quand ces discussions parallèles ont conduit à 3 communiqués distincts qui disent 3 choses différentes. Un communiqué américano-ukrainien, un communiqué américano-russe et un communiqué russe encore différents du précédent. »
Voilà qui est très clairement dit afin de torpiller le principe même de négociations.

Ensuite, Emmanuel Macron explique que le soutien au régime ukrainien continue. Cependant, ce n’est pas ça qui rend la guerre inéluctable. Ce qui fait qu’elle aura lieu, c’est la position suivante, qui dit que l’armée ukrainienne doit être très forte.
La Russie a lancé son « opération militaire spéciale », outre les considérations nationalistes grand-russes, justement pour ne pas avoir dans cinq ans une armée ukrainienne très forte et alignée sur le nationalisme bandériste. C’est cet aspect qui fait que l’armée russe dispose d’un soutien tacite de la population russe.
Partant de là, ce que dit Emmanuel Macron est ni plus ni moins, du point de vue de la Russie, qu’une déclaration de guerre. Ce que sait très bien Emmanuel Macron, qui en disant cela empêche par définition toute négociation.
« Le premier élément de la sécurité des Ukrainiens et des Européens, c’est une armée ukrainienne forte, bien équipée le jour d’après.
Et il y a unanimité de tous les participants aujourd’hui sur ce point.
C’est pourquoi, de manière très concrète, nous avons acté que le premier ministre britannique et moi-même donnions mandat à nos chefs d’État-major des Armées pour qu’une équipe franco-britannique puisse être déléguée dans les prochains jours en Ukraine et puisse travailler de manière très étroite avec nos partenaires ukrainiens, qui ont acté également ce mécanisme, pour préparer, justement, dans tous les domaines, le format, ce que sera le format de l’armée ukrainienne de demain.
Quelle armée de terre, quelle capacité maritime, quelle capacité aérienne, quel format, c’est-à-dire en termes de taille, de nombre de soldats, quels équipements pour pouvoir répondre à un éventuelle agression russe et dissuader la Russie d’une telle agression. »
La future « agression russe » est même annoncée ! Pourquoi la Russie accepterait-elle de patienter plusieurs années pour se retrouver face à une gigantesque coalition ayant la volonté de la démanteler ?

Seulement voilà, nous ne sommes pas dans cinq ans. Pour tenir cinq ans de plus sur le front ukrainien, il faut une intervention tout de suite, là est le problème. Emmanuel Macron a été très flou à ce sujet pendant son intervention, mais il a répondu à ce sujet de manière à la fois précise et cryptique pendant la conférence de presse.
« Aujourd’hui, ces forces de réassurance sont une proposition franco-britannique. Elle est actée par la Grande-Bretagne et la France. Elle est souhaitée par l’Ukraine.
Et elle est aussi actée par plusieurs
États membres qui ont marqué leur volonté de s’y joindre. Elle ne fait pas l’unanimité aujourd’hui, et c’est connu.D’ailleurs, nous n’avons pas besoin de l’unanimité pour ce faire.
Et donc, comment nous allons préparer les choses ? Par la mission qui a été confiée aux deux chefs d’état-major des armées, britanniques et français.
Ils vont bâtir une équipe qui va se rendre et travailler avec une équipe ukrainienne. Les Ukrainiens vont nous dire exactement où sont leurs besoins.
J’ai eu cette discussion hier avec le président ZELENSKY. Ils ont une idée très claire des besoins et des zones critiques où ils veulent que ces forces de réassurance soient déployées.
Donc, ce sont ces échanges entre militaires
qui définiront les lieux, le nombre de forces pour que ce soit crédible, et les capacités.Rien n’est exclu à date, et nous regardons le maritime, l’aérien et le terrestre.
Mais vous l’avez bien compris, on appelle bien force de réassurance, et ça ne se substitue pas ni à des forces qui assureraient du maintien de la paix sur la ligne de contact, ni à une armée ukrainienne que nous voulons robuste.
Ces forces de réassurance, elles feront partie du paquet qui sera discuté. Et l’armée ukrainienne et les forces de réassurance, aujourd’hui, la Russie s’y oppose, puisque la
Russie a toujours dit qu’elle ne voulait même pas d’armée ukrainienne.Donc, je vous rassure, il n’y a pas d’accord de la Russie.
Je vous rassure aussi, l’idée que nous nous faisons du droit international et que ce n’est pas la Russie qui va choisir ce qui se passe sur le territoire ukrainien. Donc, c’est bien acté et nous allons avancer et y travailler.
Et donc, il y aura bien une force de réassurance avec plusieurs pays européens qui se déploieront. »
Emmanuel Macron cherche à ne pas trop en dire, mais il dit qu’en plus des forces disons d’interposition en cas de traité de paix ou d’armistice, il y aura en plus des forces de « réassurance », dont l’existence est en même temps indépendante de la question d’un accord de paix.
Cela veut dire l’intervention militaire en Ukraine.
Et justement, qu’a dit le président ukrainien Volodymyr Zelensky, à l’issue de ce sommet ?
« La Russie ne veut aucun type de paix. »
La veille, à ses côtés justement pour une conférence de presse, Emmanuel Macron avait dit justement, en mentionnant celui-ci :
« Au total, là où vous avez su, monsieur le président, prendre le risque de la paix, à date, la Russie n’a apporté aucune réponse solide et par ses actes, elle a montré sa volonté de guerre et de continuer l’agression. »
La narration française est parfaite pour amener le pays dans la bataille impérialiste de repartage du monde. Nous sommes comme avant 1914. Au nom de la paix, on est « malheureusement » obligé d’aller à la guerre…
Face à ça, il faut prendre comme exemple Rosa Luxembourg et Lénine. Ou la révolution empêche la guerre, ou la guerre provoque la révolution !