Cela aurait dû faire la Une de tous les médias en France, et pourtant cela été présenté comme une info quotidienne, diffusée comme en passant, vite oubliée.
D’ailleurs, il a été tenté de maquiller la gravité des faits en prétendant que ce sont des petits groupes anarchistes qui ont mené les actions. C’est clairement une décision prise en haut lieu, afin d’empêcher toute prise de conscience populaire.
Mais c’est un événement historique. C’est un cataclysme que l’opération d’intimidation des narcotrafiquants contre l’administration pénitentiaire entre le dimanche 13 avril et le mercredi 16 avril 2025.
Il y a d’abord eu l’incendie de véhicules au centre pénitentiaire de Réau en Seine-et-Marne, puis celui de 7 véhicules à Agen sur le parking de l’Ecole nationale de l’administration pénitentiaire dans la soirée du 13 au 14 avril 2025.

Dans la soirée du 14 au 15 avril 2025, ce sont 10 voitures garées devant un immeuble où logent des agents de l’administration pénitentiaire qui ont été incendiés.
Ce sont alors également les centres pénitentiaires de Villepinte, Nanterre, Valence, qui ont été visés par ces incendies de voitures.
À Toulouse-La-Farlède, c’est carrément la porte d’accueil de la prison qui a été visé par des tirs à l’arme lourde, avec 12 douilles retrouvées.
À Aix-Luynes, c’est le portail ainsi que deux véhicules du Pôle régional d’extraction judiciaire de l’Equipe régionale d’intervention et de sécurité (Prej-Eris) qui ont été visés par un incendie.
Enfin, dans la soirée du 15 au 16 avril 2025, des nouvelles opérations incendiaires ont frappé trois voitures du centre pénitentiaire de Tarascon dans les Bouches-du-Rhône, ainsi qu’un hall d’immeuble de Seine-et-Marne où réside un surveillant de prison.
Ces opérations commando ont été accompagnés de tags ciblant voitures, portail et hall d’immeubles portant les inscriptions « DDPF » ou « DDFM ». L’Etat a prétendu que le premier sigle signifie « droits des prisonniers français », en référence à un compte du réseau social Telegram apparemment lié aux actions.
Les attaques montrent bien l’expansion des narcos dans le capitalisme en crise, dans la France en décadence
Plus rien ne tient en France et donc les mafias viennent s’engouffrer dans l’absence d’Etat, dans l’absence de société. Les narcotrafiquants sont désormais plus qu’installés dans le paysage économique et civile du pays, ils forment des réseaux générant leur propre droit parallèle, s’orientant de plus en plus vers le modèle du cartel faisant régner sa loi, ses règles, envers et contre tout.
Les mafias commencent à agir en France de la même manière qu’au Mexique, qu’au Brésil, et d’ailleurs qu’aux Etats-Unis où il y a la corruption des hommes politiques et de la police, des quartiers entiers sous la coupe des gangs, etc.
La bourgeoisie répond donc bien tardivement et, par ailleurs, mécaniquement, avec la proposition choc de prisons spéciales, permettant l’isolement prononcé des têtes de réseaux.
C’est une pure gestion de court-terme qui sonne à rebours du temps, tant la situation a dégénéré.
La bourgeoisie a laissez-faire depuis bien trop longtemps, estimant contrôler la situation en confinant les trafics en certains endroits. Avec la crise, tout vole en éclats.
Cette attaque des institutions pénitentiaires relève de tout un climat dans lequel les narcotrafiquants se sentent impunis depuis bien longtemps, car le personnel dirigeant est déliquescent, corrompu, marqué par un laissez-faire, de la même manière, que la majorité des gens ont laissé s’infiltrer la drogue dans leur vie quotidienne.
D’ailleurs, il suffit de voir la presse faire parler l’éternelle et obscure « source policière » de la piste « anarchiste » ou de l’ultra-gauche pour voir à quel point le personnel dirigeant dit tout et n’importe quoi pour feindre d’avoir les choses en main.
L’Etat n’a pas les moyens, il n’a pas la force mentale, il est décadent. Le fait est qu’il n’y a pas de volonté réelle de frapper dur et fort : il suffit de voir le business prospérer partout, y compris sur certaines des plus grandes places de villes françaises, malgré les soi-disant renforcements policiers.
La tâche est démesurée et ce n’est certainement pas un appareil d’Etat miné par le libéralisme, le relativisme et surtout la crainte de briser la paix sociale qui pourra en venir à bout.
C’est un Etat socialiste, implacable, dont on a besoin. Un Etat qui fusille et qui envoie en camp de travail. Toute autre option relève de la capitulation, comme le montre cette affaire récente à Saint-Ouen, en Seine-Saint-Denis.
Elle est exemplaire de la capitulation en France, un pays où les drogues vont avec des demandes, des marchés, des business et des réseaux structurés ayant pris une dimension sans précédente. La drogue n’est plus une marge dans le capitalisme comme auparavant, c’est devenu un circuit d’accumulation entièrement intégré au business général.
Devant ce traffic, la société recule, comme à Saint-Ouen, exemple terrible, honteux.
Les élèves de quatre classes d’une école maternelle vont être déplacés à la rentrée scolaire sur un autre site, du fait de la présence d’un point de deal devant cette même école. On y trouve des murs tagués pour mentionner le point de deal, mais aussi des jets de sachets de drogue dans la cour de l’école après intervention policière…

Le déplacement des élèves a été proposé par le maire PS Karim Bouamrane, et accepté via un référendum par 100 parents d’élèves contre 97 autres se prononçant pour un déménagement en septembre. Une affaire qui fait écho à cette école de Nantes où ont été récemment retrouvés à ses abords des sachets de bonbons contenant de la drogue.
Il y a également les faits qui ressortent de l’arrestation de Mohammed Amra, où l’on comprend qu’il s’appuyait sur un réseau clanique massif allant jusqu’au tristement célèbre rappeur Koba LaD.
Les choses ne font qu’empirer et bien malin est Gérard Darmanin, comme toute la Droite, de s’imaginer pouvoir agir réellement sur ce problème en construisant des prisons plus sécurisées, comme si les choses étaient confinées à cette seule question.
Ou bien la gauche de gouvernement d’une naïveté sans nom, qui accompagne cette politique tout en appelant à des « meilleurs services publics ».

Quant à la fausse-gauche telle que représentée par la France Insoumise, elle ose tout, allant jusqu’à militer activement pour cette vieille idée libérale et ringarde de la légalisation !
Disons le, avec la Gauche historique : la légalisation est une véritable reddition civilisationnelle sur les paradis artificiels, sans même parler de l’amnistie des dealers, reconvertis en petits boutiquiers du THC.
La Gauche historique réclame un travail digne et émancipateur pour tous. Nous ne sommes pas là pour céder aux lumpenprolétaires qui se reconvertiraient éventuellement par la légalisation en petits-bourgeois au profit du capitalisme tout entier !
La vérité, c’est que si l’Etat déliquescent a peur de briser la paix sociale, c’est bien parce que la seule solution c’est précisément la lutte des classes contre la décadence du capitalisme.
Qu’il faille être dur, très dur, intraitable avec les têtes de réseaux, cela va de soi et d’ailleurs leur traitement devrait être bien plus dur qu’une peine de prison à l’isolement.
Ce ne sont pas aux seuls agents pénitentiaires d’être la voiture-balai du désordre de la société bourgeoise. Et qu’on ne s’étonne pas que les policiers basculent autant à droite si pareillement le capitalisme leur confie le rôle de « tampon ».
Les narcos sont à traiter comme des criminels envers le peuple, qui orchestrent la terreur envers les gens, les enfants, et répandent leurs produits de mort aux quatre coins du pays pour leur bénéfice personnel. C’est la pire lie du capitalisme.
Et il faut que le peuple se ressaisisse. Car tous ces réseaux de drogue peuvent compter sur une majorité de gens aliénés, cherchant à décompresser d’un quotidien pourri, ou bien voulant coûte que coûte participer à une vie sans perspectives constructives, s’abandonnant à eux-mêmes dans un songe permanent sans égard aux conséquences collectives de leur petit comportement minable.
Dans un tel panorama, comment s’imaginer s’en sortir sans viser un changement d’ampleur des comportements, des mentalités, que cela soit sur le plan moral ou économique ? Sans vouloir la violence révolutionnaire éradiquant toute la pourriture ambiante ?
Seul un nouvel Etat pouvant compter sur la mobilisation consciente du peuple pour changer la vie aura les leviers nécessaires pour s’opposer de fond en comble à la décadence du capitalisme et ses idéologies individualistes, consommatrices, libérales.
Tant que la lutte de classe ne se déchaînera pas, le pays s’enfoncera dans la voie des cartels, avec des avertissements toujours plus sanglants.