La crise ouverte par la pandémie de COVID19 aurait du provoquer une énorme prise de conscience sur le rapport qu’entretient l’humanité avec la vie sur la Terre. C’est exactement l’inverse qui s’est passé, particulièrement en ce qui concerne la défense des animaux.
Le sujet est devenu quasiment tabou, les associations sont tenues à bout de bras par une poignée de bénévoles plus qu’à la limite du sacrifice.
Malgré ce que déclarent les français sur leurs habitudes individuelles, la consommation de viande ne dégringole pas. Pour les animaux c’est la catastrophe, et d’ailleurs à l’échelle mondiale la production de « viande » augmente.
Et puis de manière générale, la guerre a aspiré toutes les prétentions écologistes du capitalisme dit progressiste. Dans cette situation de recul général pour la cause animale et l’écologie, les chasseurs tentent un assaut avec un « manifeste pour la chasse » qui doit être présenté aux maires ce 17 mai 2025.

Cette action était annoncée par Willy Schraen, le président de la fédération nationale de la chasse, lors du congrès national de la chasse au début de ce mois de mars 2025 :
« Nous avons décidé de lancer une action commune à l’ensemble de la chasse française. Le samedi 17 mai prochain, à 11 heures précises, devant toutes les mairies de France.
Nous allons donc, tous ensemble, porter toutes nos revendications sur la chasse aux maires. Dans chaque village, dans chaque ville, dans chaque arrondissement. Nous allons montrer, même si l’Europe des 27 est trop étendue pour y manifester en nombre, que nous sommes capables de faire passer, en même temps, dans les 35 000 communes de France, un manifeste qui sera notre cri du cœur.
Nous demanderons également aux maires, s’ils le souhaitent, de signer ces revendications. Je demande à tous mes collègues ici présents, d’organiser et de structurer cette action sur l’ensemble de leur département, avec l’aide de nos structures de chasse, de nos associations spécialisées, et de l’ensemble des chasseresses et des chasseurs. »

Cela se situe d’ailleurs dans le prolongement de la liste « Alliance rurale », pro-chasse et conservatrice, menée par Jean Lassale et avec Willy Schraen en troisième position lors des dernières élections européennes de juin 2024. Cette liste avait obtenu 2,35 % des suffrages.
Le « Manifeste pour la chasse » s’inscrit dans cette continuité comme tentative pour reconstruire une digue contre toute critique des pratiques les plus horribles des chasseurs. C’est un jalon posé dans la bataille culturelle qu’ils mènent maintenant de manière intensive depuis plusieurs années.
Voici les 11 mesures qui ont « fuité » afin de mettre en branle les associations de chasseurs qui vont aller démarcher les maires. On est là dans ce que la France engendre de plus détestable et barbare en 2025 et qui devra, de gré ou de force, être balayé une bonne fois pour toutes :
- Reconnaissance d’intérêt général de la chasse française. Et inscription au patrimoine immatériel de l’Unesco de tous les mode de chasse.
- Arrêt du paiement des dégâts de grand gibier sur les culture par les seuls chasseurs. Afin de sauver le système d’indemnisation pour les agriculteurs.
- Refus de l’interdiction du plomb dans les munitions de chasse.
- Suppression de tous le moratoires européens. Maintien de toutes les espèces chassables.
- Reconnaissances de la légitimité de toutes les chasses traditionnelles afin de garantir leurs pratiques.
- Animation d’une police de proximité rurale par les fédérations des chasseurs à dispositions des communes.
- Création d’un fond dédié aux fédérations pour financer les actions de réaménagement environnemental comme les haies pour le petit gibier.
- Permission aux chasseurs de céder leur gibier sans contrainte réglementaire disproportionnée.
- Réduction significative des populations de loup afin de sauver le pastoralisme et les population d’ongulés.
- Retour à la liste complète des nuisibles dans tous les départements et maintien partout du piégeage et du déterrage
- Liberté de continuer à chasser le week-end, les vacances et jours fériés.
Il est révélateur que la Gauche en général, et la gauche de la Gauche en particulier, ne dénoncent pas la chasse, et n’assume de toutes façons pas la question animale.
On est dans la soumission aux « beaufs » et dans l’absence d’enthousiasme par rapport aux objectifs de transformation de la société. Autrement dit, on a des gens qui ne croient pas en la révolution, et qui prennent les gens « comme ils sont ».
Mais personne n’a envie de prendre les « gens comme ils sont », surtout pas les gens eux-mêmes.
La décadence générale de la société française, les gens le voient… et y participent. Ils sont totalement dépassés. Contre cela, il faut assumer l’utopie, il faut assumer le drapeau rouge.
Et la question animale est une composante indéniable de la Cause.