Le plan Bayrou pour faire payer la crise… et préparer la guerre

17 juillet 2025

Malgré un Etat français qui a repoussé sans cesse l’échéance de l’austérité, avec le plan du Premier ministre François Bayrou énoncé en ce début juillet 2025, on rentre dans le vif du sujet. La bourgeoisie prend l’opinion publique à témoin : dorénavant c’est la restructuration et la guerre, la restructuration pour la guerre, la guerre par la restructuration.

Cela n’étonnera pas les lecteurs d’ agauche.org qui savent que tout est clair dès le moment où il est accepté et reconnu l’ampleur de la cassure que la pandémie de Covid-19 a eu sur les croissances du capitalisme, des croissances qui étaient déjà bien pourries par l’enchevêtrement des dettes.

Dès avril 2020 il avait été dit :

« Ce que l’on voit déjà par contre, c’est un resserrement drastique des différents États nationaux, qui vont se retrouver en concurrence exacerbée et tendront de plus en plus à la guerre. Cela est déjà visible concrètement aujourd’hui rien qu’au sein de l’Union européenne, cela l’est d’autant plus à l’échelle mondiale, avec comme fil conducteur l’affrontement entre les deux superpuissances que sont la Chine et les États-Unis. »

François Bayrou a donc proposé un plan pour le budget 2026 avec un peu d’avance sur le calendrier, officiellement pour avoir le temps d’en discuter, mais surtout en comptant sur la léthargie de l’été pour mettre l’opinion publique de côté et espérer convaincre les oppositions pour éviter la censure à l’automne.

Au-delà de l’instabilité politique, si François Bayrou a tant insisté sur la nécessité de la reprise économique, c’est bien parce que ses annonces s’inscrivent dans une séquence historique autour du 14 juillet 2025 rythmée par les interventions bellicistes et militaristes du chef d’état-major des armées puis du président de la République lui-même.

Par conséquent, pour continuer à rembourser la charge de la dette tout en accélérant l’augmentation du budget militaire, la bourgeoisie n’a d’autre choix que de pressuriser les travailleurs. Le plan revêt ainsi deux parties, une intitulée « en avant la production » et une autre « stop à la dette », ce qui revient à baisser les dépenses d’un côté à viser à augmenter les recettes de l’autre par plus d’exploitation salariée.

Il y a tout d’abord, la mesure proposée la plus choquante et sensationnelle qui est la suppression de deux jours fériés, le lundi de Pâques et la commémoration de la Victoire sur le nazisme du 8 mai 1945. Même si cela a été présenté comme un exemple, l’exemple est odieux sonnant comme une une insulte à l’Histoire. Sur le principe on est évidemment dans le cœur de la restructuration avec l’objectif de faire payer la crise aux travailleurs. Cela a été dit sans détours par le ministre de l’économie, Eric Lombard, au JT de 20H du 15 juillet 2025 « travailler plus, sans gagner plus ».

Le Premier ministre a aussi évoqué de manière floue le fait de « supprimer tous les freins empêchant de travailler ou travailler plus ». C’est ici une porte ouverte à faire sauter la durée légale du travail, même si cela ne débouche sur aucune proposition concrète de cet ordre, cela annonce qu’il n’y a plus de tabou.

De manière anti-sociale également, il est revenu sur la mise en place d’une TVA sociale pour financer la sécurité sociale. Il n’a pas prononcé cela clairement mais a dit que le financement de notre système de santé reposait trop sur le travail et c’est sous cette formule que François Bayrou avait remis sur la table ce concept fin mai dernier.

La TVA sociale consiste à supprimer des cotisations employeur pour doper la compétitivité, en déplaçant le financement vers une taxe touchant la consommation. La main d’œuvre revient donc moins cher parallèlement à l’augmentation des prix à la consommation. Ainsi et grâce à un nouveau durcissement des conditions d’accès au chômage on peut avoir « plus de gens au travail pour plus de cotisations » pour l’effort de défense, comme l’avait déjà appelé de ses vœux le ministre de l’économie Eric Lombard en mars 2025 sur BFMTV.

À ces mesures tournées contre le niveau de vie des travailleurs s’ajoute celle sur la santé, alors que le système des soins est déjà dans une spirale négative, mesurable notamment avec la hausse récente de la mortalité infantile. Il y a ainsi l’appel à l’odieuse « responsabilisation des malades » avec un relèvement de la franchise médicale, devant passer de 50 à 100 euros.

À l’officialisation des perspectives guerrière s’ajoute donc celle de l’offensive anti-sociale, deux caractéristiques typiques d’une époque marquée par une crise du capitalisme. Comme l’a dit le député macroniste Mathieu Lefèvre « il n’y a pas d’alternative au redressement des finances publiques ».

Chronologie de l’escalade française en Ukraine

Voilà qui a le mérite d’être clair ! La bourgeoisie française met les bouchées double pour se maintenir une place au soleil dans les rivalités capitalistes internationales et pour cela, il y a la guerre de repartage et l’offensive anti-sociale à l’intérieure.

Tout cela ne tombe pas du ciel et quiconque lit agauche.org le sait : le régime français a basculé ouvertement dans les préparatifs de guerre contre la Russie depuis le 24 février 2024. Si l’allocution télévisée du 5 mars 2025 a officialisé cette perspective devant l’opinion publique, les annonces du plan budgétaire de François Bayrou confirment que les choses doivent maintenant s’accélérer et être appliquées, vaille que vaille, coûte que coûte.

Dorénavant, on ne peut pas dire que les choses ne sont pas limpides. À la classe ouvrière de fournir une intense lutte de classe en retour dès la rentrée 2025. C’est soit il y a cette perspective en retour, soit elle sera broyée par la crise générale du capitalisme et sa tendance à la guerre. Soit le prolétariat se recompose et se lance dans le combat, soit c’est la barbarie à l’horizon proche. Il n’y a pas d’alternative.